Alien Romulus : analyse du film et de sa place dans la franchise

Après la purge des derniers films, la franchise Alien a-t-elle retrouvé des couleurs cet été 2024 avec la sortie d’Alien Romulus ? On en débat tout de suite après cet avertissement : l’article contient des spoilers alors attendez d’avoir vu le film avant de le lire.

Alien : Romulus, retour en terre connue

Le film se déroule en 2142, 20 après les événements décrits dans le premier film et la production réalise un super boulot pour recréer cette atmosphère ouvrière de l’espace.

Dès les premiers instants, on se retrouve plongé dans l’ambiance avec des écrans du vaisseau sonde qui explorent l’épave du Nostromo. Ces inscriptions blanches sur fond rouge rappellent les écrans utilisés dans Alien : Le 8ème passager (et dans Blade Runner, pour le coup).

On retrouve aussi les fameux pictogrammes d’Alien.

Le fait de la colonie minière de Jackson’s Star comprenne quelque 2000 habitants semble assez improbable au vu de la densité des rues dans l’introduction du personnage de Rain. L’ambiance minière est très très cool. Le coup du canari aperçu dans une cage tenue par un mineur et la précarité de la vie sur place (les ouvriers meurent par dizaines et la corporation Weyland Yutani décide de la durée de service). J’ai adoré cette partie.

Weyland Yutani

La compagnie est décrite par petites touches, mais toujours précises et cohérentes. On découvre cependant dans le film Romulus un détail nouveau qui dépasse la recherche concernant des armes biologiques qui sert habituellement de cadre à l’opposition classique entre le personnage principal et la corporation.

Le lien avec Prometheus

La recherche porte donc désormais chez Weyland Yutani sur l’amélioration du personnel colonial. Pour survivre aux épidémies et aux autres catastrophes de la vie dans les colonies spatiales, la solution tourne autour d’humains augmentés à partir d’un sérum synthétisé à partir des xénomorphes. C’est bien entendu le liquide noir utilisé par les Ingénieurs (et par David) dans Prometheus et Covenant. Un moyen de rendre la vie humaine plus facile, une sorte de feu prométhéen.

Le cycle de vie du Xénomorphe

J’en viens donc au centre de toute la franchise Alien, le xénomorphe ou plutôt les xénomorphes.

Ash ou Rook

Pour bien comprendre les xénomorphes, il fallait un officier scientifique de la Weyland. C’est donc un spécialiste que la prod a débusquer en faisant appel à un androïde de la même série qu’Ash dans le premier film. Pour prêter à l’androïde les traits du regretté Ian Holme, les effets spéciaux ont reposé sur un audio-animatronic augmenté avec des effets numériques. Notez que pour copier la voix de l’acteur et pour certains effets visuels, la prod n’a pas hésité à faire appel à l’IA générative.

L’innovation perpétuelle

Le film commence par la récupération du xénomorphe éjecté par Ripley à la fin du premier film dans l’espace depuis la navette Narcissus. Je parle du xéno et non de son cadavre parce que selon le lore développé par Romulus, le Big Chap (désormais désigné XX121 par Weyland Yutani) a survécu en créant une sorte de cocon autour de lui. Un cocon que le vaisseau de reconnaissance rapporte et que les scientifiques de Weyland Yutani découpent à bord de la station Renaissance.

A partir de là, les mecs arrivent à synthétiser le fameux fluide des Ingénieurs et à usiner des Facehuggers (parasitoïdes). On découvre que le fluide a des effets indésirables assez crado. En effet, le rat sur lequel il a été testé a rapidement dégénéré en créature à moitié xéno. Injecté dans le corps d’une femme enceinte, il donne naissance à l’Offspring, un créature qui rappelle de manière assez dérangeante un mélange entre l’hybride d’Alien Ressurection et les Ingénieurs.

On n’aperçoit qu’un seul Chestburster dans le film, mais il ne semble pas aussi vivace que celui d’Alien. Fede Alvarez a choisi de nous montrer une autre phase du développement des xénomorphes. En effet, en plus de la mue déjà vue dans Alien, on découvre aussi une chrysalide qui permet au chest burster de passer au stade ultime.

Par contre, aucun sens n’est donné à la brume bleue dont je vous ai parlé récemment. La bande-annonce nous laissait pourtant espérer un début d’explication.

En voulant explique trop de choses, le film se perd probablement et échoue, malgré de bonnes bases pour racheter Covenant et Prometheus.

Grosses ficelles et incohérences

Un scan sélectif

Commençons par le scan qui permet à Tyler et à son équipe de repérer les cryotubes à bord de la station Renaissance à la dérive, mais sans savoir quel type de vaisseau abrite ces précieuses ressources ce qui me semble un peu étrange.

Rongeurs

Dans le tunnel par lequel nos récupérateurs d’épave s’introduisent dans la station, ces derniers découvrent un rat flottant en absence de gravité. Si j’admets que la présence d’un tel animal est possible (échappé d’un labo ou commensal classique à bord d’un vaisseau), cela fait écho à une remarque du Colonial Marines Technical Manual. Dans cet ouvrage, un résumé du log dont j’ai déjà parlé précédemment. Dans un autre extrait, les scientifiques de WY évoquent la possibilité que le Big Chap ait grandi aussi vite en se nourrissant de rongeurs présents dans la cale du Nostromo. Une hypothèse vite rejetée en raison de la suspension des systèmes de survie pendant les transports (quand l’équipage est en stase).

Des créatures sensibles

Dans la scène où Tyler, Andy et Rain traversent Romulus pour rejoindre le hangar 2 au milieu des Facehuggers, on apprend que ces parasitoïdes repèrent leur proie grâce à sa signature thermique et au son. Cette hypothèse me semble en contradiction avec la totalité de ce que l’on sait des Facehuggers. Ces créatures ne peuvent pas s’en remettre à la température corporelle pour repérer de futurs hôtes puisque rien ne garantit qu’elles devront s’attaquer à des êtres vivants à sang chaud. De surcroît, dans Alien, quand le Facehugger s’attaque à Kane, ce dernier est une atmosphère s’approchant du vide spatial. La combinaison spatiale qu’il porte doit avoir une capacité isolante thermique. Bref, la scène est improbable.

Une ruche improbable

Voici un point dont j’aimerais particulièrement discuter avec vous en commentaire sous cet article. Comment la ruche dans la station Renaissance a-t-elle été créée ? Et par qui ? Il est de mon point de vue plus probable que la structure soit produite par le xeno né de Navarro dans la première partie du film, mais alors de quels hôtes sont sortis les autres aliens ? Il n’y a plus personne de vivant à bord de Renaissance quand l’équipage du Corbelan aborde Renaissance. On voit bien le premier alien embarquer des cadavres après avoir perdu la trace de Kay, mais il me semble que les Facehuggers ne peuvent féconder que des êtres vivants.

Recyclage

En plus d’un certain nombre de plus ou moins bonnes idées, les scénaristes ont cru utile de recycler des répliques classiques des premiers films.

“I can’t lie about your chances. But you have my sympathies.”

“Get away from her, you bitch”

“I prefer the term artificial person, myself.”

“Busy little creatures.”

L’idée que le xénomorphe du premier film a survécu dans un cocon dans le vide spatial pourrait bien un jour être recyclé par le studio pour justifier une autre suite. En effet, on a une autre grosse bestiole qui a fini éjectée dans l’espace par Ripley : la reine !

Voilà qui permettrait de s’extraire de l’intervention humaine qui tourne mal pour justifier un infestation de xénomorphes.

Au final Alien Romulus n’est pas la catastrophe que je redoutais, mais les bonnes idées sont souvent contrebalancées par des détails absurdes qui viennent nuire au propos et détourner l’attention du spectateur. Malgré les longueurs, c’est quand même pas mal.

Blaster
A suivre

5 comments

ayorsaint says:

Si la saga Alien pouvait profiter du même traitement que la saga Terminator dans un avenir proche ce serait génial. Je conseille vivement Terminator Zero à ceux qui hésitent ou qui ne connaissent pas le projet.

Ah bah voilà faut que je regarde T Zero maintenant. Merci Aurél, tu nous feras une petite critique ?

Olivier says:

je viens aussi de le mettre dans ma liste de choses à regarder. Et après 2 semaines d’arrêt maladie, cette liste est bien vide.

Ah merde, j’espère que ce n’étais pas trop grave.

Olivier says:

disons que j’étais proche de faire un passage à l’hôpital, mais c’est réglé maintenant.

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