Chronologie – Star Wars Timelines : “Il y a bien longtemps…”

A l’occasion de la traduction en français du guide officiel Star Wars Timelines, je vous propose de faire le point sur un élément qui depuis plus de trente occupe les fans de la saga créée par George Lucas : le rapport au temps.

Chronologie Star Wars : approche méthodique

ABY & BBY

Comme je l’ai expliqué il y a quelques mois dans un article consacré à la place qu’allait occuper la série Ahsoka dans la chronologie Star Wars, les premiers outils de datation au sein de l’oeuvre de Lucas sont relativement imprécis. Depuis les premiers supports un peu organisés de l’Univers étendu, au début des années 90, les auteurs et les fans utilisent une méthode reposant sur la position relative des événements par rapport à un point d’origine dont on connaît la position avec certitude : la bataille de Yavin. Depuis lors tous les événements sont datés avant et après la bataille de Yavin, soit BBY pour Before the Battle of Yavin (avant) ou ABY pour After the Battle of Yavin (après).

L’année 0

Alors que le canon précédent et tous les supports de l’univers étendu adoptaient cette méthode de datation ne connaissant que deux options : avant ou après la bataille de Yavin, le livre Star Wars Timelines a innové en introduisant une année 0.

Le concept peut sembler fumeux. L’Occident vie dans une ère chrétienne qu’il a daté d’un an 1. Il n’existe pas d’année zéro dans notre calendrier. La naissance de Jesus Christ marque l’an 1, mais nous y retrouvons car nous disposons de subdivisions temporelles inférieures à l’année solaire. En choisissant de créer un An 0 pour pour Star Wars, les auteurs, parmi lesquels Kristin Baver et Jason Fry, font un pari osé en espérant gagner en précision.

Imprécision

En effet, la difficulté du système précédent résidait dans son imprécision relative. Les événements proches de la bataille de Yavin se retrouvaient mélangés dans une période qui s’exprime toujours en années. Ainsi la totalité de la quatrième saison de Star Wars Rebels, l’intrigue principale du film Rogue One : A Star Wars Story (en dehors des flashbacks) et la rencontre entre Ben Kenobi, Luke Skywalker et Han Solo, tout cela se déroule en 1 BBY, dans l’année qui précède la Bataille de Yavin.

Pourquoi pas une autre date ?

Une vraie date importante dans l’histoire galactique aurait pu être choisie comme la fin de l’Empire. On voit que cette question pose problème vu que même dans The Mandalorian on comprend que l’Empire persiste. Alors pourquoi ne pas prendre l’avènement de l’Empire ? En fait, jusqu’en 2005, on ne connaissait pas précisément la date de cet événement. On s’en doutait fortement à partir de la sortie des épisodes I (en 1999) et II (2002), mais c’est La Revanche des Sith qui a officiellement calé cet élément chronologique majeur. L’ambiguïté à ce propos a été prise en compte très tôt par Timothy Zahn, l’auteur de roman célèbre pour avoir créé le Grand Amiral Thrawn. Dans L’Héritier de l’Empire, son premier roman Star Wars en 1991, Zahn explique qu’il existe deux systèmes de datations concurrents sous la Nouvelle république et que l’Empereur a changé le calendrier officiel à son accession au pouvoir.

Le temps dans le canon Star Wars

Le canon Star Wars n’évoque guère de système de datation. On parle le plus souvent d’horaires ou de journées voire d’années d’une manière relative comme la durée d’un voyage ou d’une rotation/révolution planétaire. D’ailleurs ces mentions sont souvent fantaisistes. Prenons le simple exemple de La Guerre des étoiles, on a dans ce film deux expressions du temps qui passe. La première concerne le raid sur Kessel mené par le Millenium Condor que Yan Solo se vante d’avoir fait en 12 parsecs. Bien sûr cette affirmationa a longtemps plongé les fans dans des abîmes de perplexité vu que le parsec est une unité de mesure des distances. Cette anomalie a été rectifiée grâce à la présence de trous noirs. Par conéquent l’enjeu d’un raid sur Kessel est devenu moins le temps que la distance optimale en évitant ces pièges cosmiques. L’autre mention d’une période de temps est plus facile à apprécier. Quand Yan informe ses passagers de la durée du trajet, il dit dans la VO : “we should be at Alderaan about 0200 hours” ; une expression que les sous-titres VOSTF rendent par : “on sera en vue d’Alderaan dans deux heures”. La VF parle étrangement d’une arrivée “en vue d’Aldorande vers 18 heures”. De l’évocation d’une durée, on est donc passé à l’indication d’un horaire. S’agit-il d’un horaire galactique standard ? Mystère. En tout état de cause cette solution pourrait sembler la moins mauvaise quand on replace cette citation dans la scène entière. En effet, la séquence dans laquelle elle s’inscrit ne dure pas deux heures. Le voyage semble avoir seulement commencé quand Yan rejoint la soute. Il fait d’abord son rapport sur les deux croiseurs impériaux qu’il a semé avant d’estimer la durée du voyage ou l’heure d’arrivée. L’avertisseur sonore de l’approche d’Alderaan retentit à la fin de l’entrainement de Luke. Quelques minutes après l’annonce de Yan Solo, donc.

Il est en fait plus probable que la traversée de presque toute la galaxie prenne plusieurs heures voire plusieurs jours. L’univers étendu table en général sur ce type de durée.

Dans l’Empire contre attaque on peut aussi s’interroger sur la durée de certaines scènes. La durée de l’apprentissage de Luke sur Dagobah est particulièrement floue. Il semble court mais ce serait incohérent avec le temps que devrait mettre le Faucon Millenium pour aller de Hoth à Bespin sans hyperpropulseur.

 

La question du temps se pose aussi dans la nouvelle trilogie. Ainsi dans L’Ascension de Skywalker,  l’ultimatum laissé par Sidious n’a aucun sens. Les trajets que font les héros sont incohérents avec tout ce que nous venons d’expliquer.

Seule la série Andor se distingue puisque ses épisodes intègrent la datation en BBY. Cette mention ne peut être qu’un clin d’œil aux fans et ne constitue pas un mode de datation in universe, à moins que l’histoire soit racontée à des personnes qui connaissent déjà la suite des événements et l’existence de la Bataille de Yavin. Un peu comme si César datait, dans son ouvrage De la Guerre des Gaules, la bataille d’Alesia de 52 avant JC.

La pré-science ayant des limites même dans un Space Opera, on saura tout de même gré aux auteurs d’avoir ajouté ce petit clin d’oeil au sein de ce qui pourrait bien être la série la plus exigeante des productions Disney+.

 

Blaster
A suivre

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