Tous les moyens sont bons pour évoquer la licence Skeleton Warriors. Je l’ai écrit à plusieurs reprises, l’univers des guerriers squelettiques initié par Gary Goddard est très sous-estimé. Les années nostalgiques que nous avons connues durant les décennies 2000 et 2010 n’ont pas réellement laissé de place aux Skeleton Warriors. Ceci dit, un temps de maturation – comme je le nomme – est nécessaire afin que les esprits deviennent effervescents.
Pour autant, à temporalité quasi égale, des licences comme Mighty Max, Batman TAS, Power Rangers ou encore Gargoyles ont su s’installer dans les mémoires. Alors plusieurs éléments expliquent cette dichotomie et il est évident qu’il faut comparer ce qui est comparable. Pour autant, lorsqu’on sait à quel point la zone promotionnelle des Skeleton Warriors a été développée – notamment à grand renfort de publicités et autres valorisations dans les salons du jouet – il est légitime de se questionner encore aujourd’hui sur le relatif échec de la licence des guerriers squelettiques.
D’ailleurs ce cas de figure me rappelle immanquablement celui d’une autre licence appartenant cette fois à la décennie 80, celle des Sectaurs. Les hommes-insectes de chez Coleco avaient notamment bénéficié des services d’acteurs en costumes afin de promouvoir le background de la planète Symbion. Il semblerait que les thématiques horrifiques des Skeleton Warriors et des Sectaurs aient été victimes de leurs designs aussi réussis que repoussants.
Selon ces remarques, le qualitatif ne rime pas nécessairement avec la notoriété. Aussi je souhaiterais évoquer les cartes Fleer Ultra Skeleton Warriors distribuées dès 1995 aux U.S, et ce majoritairement à travers le prisme illustratif. Ces petits bouts de papier cartonné à collectionner renferment de véritables perles artistiques. Bonne lecture à toutes et tous.
Les cartes à collectionner représentent un élément promotionnel que l’on va largement retrouver dans la culture populaire selon des configurations variables. Présentes dans des conditionnements alimentaires en tant que “cadeaux bonus”, à découper au dos d’un packaging ou encore vendues en sachets individuels, les cartes ont glorifié différentes imageries selon le prisme de la marque, de l’équipe sportive ou encore de la licence.
Les Skeleton Warriors ne dérogeront pas à la règle puisque dès janvier 1995 – soit l’année qui suivra le lancement officiel de la licence aux Etats-Unis – la société Fleer Ultra proposera une collection complète de cartes mettant en scène l’univers des guerriers squelettiques.
Pour rappel, Fleer Ultra fut une des premières sociétés américaines à commercialiser du chewing-gum ainsi que des cartes de collection. Fondée en 1885 par Frank H. Fleer, la firme se spécialisera dès 1959 dans la carte de collection sportive, notamment à travers deux disciplines phares : le baseball ainsi que le basketball.
En 1992, la société Fleer Ultra sera rachetée par Marvel. Dès lors, des licences marquantes de la pop culture seront déclinées en cartes à collectionner. On peut citer les X-Men, Batman, Casper, Spider-Man, liste clairement non-exhaustive.
Marvel a donc apporté une forme de rafraichissement dans les thématiques utilisées pour réaliser des collections de cartes Fleer Ultra, précisément à l’aube de la décennie 90.
Le set complet de cartes Fleer Ultra Skeleton Warriors est composé de plusieurs séries. D’abord les “regulars”, au nombre de 99, avec en supplément une “checklist card”. Ensuite pas moins de 24 cartes spéciales viendront agrémenter la collection. Celles-ci se scindent en trois sous-séries avec des particularités spécifiques pour chacune d’entre elles. Je reviendrai sur ce point – avec plusieurs surprises à la clef – dans quelques lignes.
Il existe deux types d’emballages pour les cartes à collectionner Fleer Ultra Skeleton Warriors : un bleu et un rouge. Les sets à rassembler seront – à ma connaissance – exactement les mêmes avec pour seule différence le nombre de cartes contenues dans chaque paquet. En effet, on en trouvera six dans les rouges et huit dans les bleus.
Alors pourquoi j’apprécie particulièrement ces cartes Fleer Ultra Skeleton Warriors ? A vrai dire, pour de nombreuses raisons. Tout d’abord parce qu’elles sont très colorées et lorsqu’on les range dans un classeur spécifique à pochettes individuelles – comme sur les photos qui illustrent cette production – et bien on peut observer un panel de chromatiques avec beaucoup de relief.
D’ailleurs ces teintes vives contrastent de manière très intéressante avec la dimension morbide de certains visuels. Ainsi se livre à l’observateur une sorte de folklore macabre qui rappelle quelques imageries de la Mort selon la culture mexicaine.
Toujours d’un point de vue esthétique, les illustrations sur les cartes Fleer Ultra Skeleton warriors sont très réussies. Certaines représentations suggèrent tantôt le support animé, tantôt les comics distribués par Marvel. Globalement, on va retrouver des portraits de personnages ou encore des “fight scenes” qui peuvent être mises en correspondance avec celles visibles au dos des cartes Maîtres de l’Univers originelles.
Et c’est peut-être un des éléments les plus importants concernant ces cartes Fleer Ultra Skeleton Warriors. Les concepteurs de celles-ci auraient pu se contenter de reprendre des visuels de la série animée – sous la forme de captures d’écran – afin de les décliner en cartes.
Ce procédé avait été largement utilisé pour la licence Dragon Ball Z. En effet, une partie des cartes commercialisées – notamment au sein des collections Power Level et Carddass Hondan BP/DP – comportaient des séquences prises dans le DA avec un habillage en guise de mise en valeur.
J’avais d’ailleurs évoqué la série des Carddass Hondan BP/DP dans notre webzine FulguroPop. Concernant les cartes Fleer Ultra Skeleton Warriors, exit les simplistes captures d’écran avec en lieu et place des illustrations inspirées de réalisations provenant d’artistes talentueux.
Parmi ces génies de l’illustration, il faut citer Neal Adams. Lorsque Gary Goddard imagine l’univers des Skeleton Warriors, il confit à celui-ci le soin de réaliser les premiers croquis préparatoires concernant le développement des personnages. Même si d’autres artistes participeront au façonnage de l’œuvre, comme Darren Henke, Frank Brunner, Gérald Forton, ou Rebecca Mills, on peut considérer que Neal Adams a été réellement un artiste fondateur.
On lui devra d’ailleurs le licensing kit officiel, lequel sera copyrighté “1992 Landmark Entertainment Group”. Une partie de ces visuels apparaitront – de manière retravaillée – sur les cartes Fleer Ultra Skeleton Warriors, notamment à travers des personnages comme Aracula, Grimskull, Dr. Cyborn et Dagger.
Mais c’est sans compter la participation d’un autre artiste de talent, Greg Pro, lequel a été un très proche collaborateur de Gary Goddard dans l’aventure Skeleton Warriors. En effet, le développement du Prince Lightstar a été majoritairement le fruit d’un travail d’équipe, celui de Neal Adams et Greg Pro, même si d’autres artistes ont apporté leur contribution, comme Howard Chang.
L’autre élément qui m’a séduit dans les cartes Fleer Ultra Skeleton Warriors réside précisément dans l’insertion de trois séries spécifiques – dotées de gimmicks – au sein de la collection. Ainsi on retrouvera les cartes Luma Bone, lesquelles ont la particularité d’afficher des zones phosphorescentes (glow in the dark).
Un concept pour le moins original qui souligne avec luminescence la dimension horrifique de la licence Skeleton Warriors. La série Luma Bone est composée de 5 cartes.
Les Suspended Animation sont probablement mes cartes spécifiques favorites. A la manière de celluloïds miniaturisés, les illustrations ont été apposées sur des cartes façonnées dans un plastique transparent. Le rendu est très original, avec une fois de plus un rapport à la luminosité très pertinent. La série Suspended Animation compte 10 cartes.
Enfin la série Power Blast propose des cartes dotées de zones métallisées. L’aspect brillant, quasi chromé, est superbe. Ainsi un personnage comme le Dr. Cyborn voit ses parties cybernétiques sublimées à travers un effet miroitant remarquable. Il existe en tout 9 cartes Power Blast à collecter.
J’ai utilisé précédemment le terme “gimmick” pour déterminer ces trois séries de cartes spécifiques Skeleton Warriors en raison de particularités esthétiques notables. Celles-ci clôturent officiellement la collection. Pour autant, il existe bien d’autres cartes Fleer Ultra Skeleton Warriors – également dotées de spécificités vis-à-vis des regulars – mais qui font office de quête secondaire si j’ose dire.
En effet, les plus acharnés d’entre vous pourront essayer de dégoter les 5 UltraPrints avec leur format augmenté, les Comics Promos (au moins 8 modèles, très certainement davantage) ou encore les 4-up Panels (cartes uncut groupées par 4, perforées ou non-perforées).
Je souhaiterais, avant de conclure cette petite production, évoquer plus en détail certaines cartes Fleer Ultra Skeleton Warriors. En fait, chacune d’entre elles mériterait quelques lignes et il faudrait – au bas mot – pas moins de quatre dossiers comme celui-ci. Une configuration qui pourrait donner naissance à une véritable rubrique à part entière et que l’on pourrait nommer “Un jour, une carte”. Celle-ci garantirait sans difficulté une publication journalière qui s’étendrait sur plusieurs semaines.
Pour des raisons évidentes de lisibilité, je vais donc aborder – sommairement j’insiste – uniquement une petite sélection de cartes Skeleton Warriors prélevées dans la collection Fleer Ultra. La symétrie et les ponts culturels seront de circonstance.
- Carte : Aracula
- Numéro : 5
- Section : Before the war
Aracula fait partie de mes action figures favorites dans la licence Skeleton Warriors, au même titre que le Dr. Cyborn et Shriek. La thématique arachnéenne indissociable du personnage me séduit fortement via une sensibilité que j’ai développée dès l’enfance.
Aracula est doté de plusieurs bras, 6 au total, selon justement l’imagerie de l’araignée, même si une paire supplémentaire aurait formé une référence arachnéenne parfaite. D’ailleurs sur le plan nominatif, Aracula devait initialement se nommer Spidor.
D’un point de vue culturel, la carte Fleer Ultra Skeleton Warriors d’Aracula “Before the war”, c’est-à-dire avant sa transformation squelettique, me renvoie au Dieu Shiva. La multiplicité des bras, la chevelure ainsi qu’une couleur de peau assez vive constituent des premiers éléments qui convergent.
Mais c’est sans compter la capacité de destruction du Dieu Shiva ou ses nombreux apparats, lesquels sont à mettre en perspective avec la pluralité des accessoires d’Aracula sous sa forme en action figure.
- Carte : Dagger
- Numéro : 7
- Section : Before the war
Dagger est un faire-valoir humoristique dans le support animé Skeleton Warriors (je reviendrai précisément sur ce point dans quelques paragraphes). Son apparence humaine, laquelle est représentée sur la carte Fleer Ultra Skeleton Warriors “Before the war”, est assez disgracieuse.
La manière dont le personnage est vêtu, c’est-à-dire avec une longue tunique et une cape, sa chevelure désordonnée mais surtout sa posture recroquevillée – laquelle suggère une forme de soumission – m’évoquent inéluctablement le roman Notre-Dame de Paris (Victor Hugo, 1831), précisément à travers le personnage du bossu, Quasimodo.
Plus globalement, il se dégage de la représentation humaine de Dagger sur la carte Fleer Ultra Skeleton Warriors une esthétique très moyenâgeuse, entre le serf et le monastique, à mettre en opposition sur le plan hiérarchique avec le titre de Baron du leader de la Légion Skeleton.
- Carte : Dr. Cyborn
- Numéro : 9
- Section : Before the war
Cette nouvelle carte illustre le Dr. Cyborn sous sa forme non-squelettique mais néanmoins pas totalement humaine. En effet, le scientifique attitré du Baron Dark affiche une esthétique cybernétique que j’ai toujours trouvée séduisante.
Justement, le design mi-homme mi-machine du Dr. Cyborn me renvoie immanquablement à d’autres œuvres où Gary Goddard et ses équipes artistiques ont également contribué : Captain Power et les soldats du futur bien entendu – à travers le personnage du Seigneur Biotron (Lord Dread en VO) – mais aussi selon le portage cinématographique des Maîtres de l’Univers (1987) et ce via Blade, le mercenaire d’Eternia.
On retrouve un A.D.N. esthétique avec des porosités – entre le Dr. Cyborn et les deux références précédemment citées – impliquant des artistes communs : Greg Pro, Luc Mayrand ou encore Neal Adams.
- Carte : Stalker
- Numéro : 12
- Section : The Legion of Light
Stalker est le loup gris sauvage qui va devenir le fidèle compagnon de Grimskull. Cette configuration bien particulière ne nous est pas inconnue puisqu’on pouvait déjà la retrouver au sein d’une partie de la culture populaire animée appartenant à la décennie 80.
En effet, le personnage solitaire – et/ou affichant des particularités physiques – associé à un loup gris constitue un modèle que l’on peut observer dans le DA des Chevaliers du Zodiaque (Saint Seiya en VO), à travers notamment le personnage Fenrir d’Alioth alias Epsilon. La chevelure grise est également un point de convergence à établir avec Grimskull.
Mais il faut également citer Œil de Serpent (Snake Eyes en VO) au sein de la licence G.I.Joe. Le visage mutilé (tout comme ses cordes vocales) de ce soldat d’élite – précisément par une explosion – est à mettre en perspective avec celui de Grimskull.
- Carte : Talyn
- Numéro : 13
- Section : The Legion of Light
Talyn constitue au sein de l’œuvre Skeleton Warriors la touche féminine héroïque aux accents de guerrière téméraire. Mais c’est aussi un regret pour les amateurs de la licence des guerriers squelettes, celui d’une action figure qui ne connaitra pas les étales des magasins de jouets.
Ce regret est d’autant plus marqué par une zone conceptuelle très stimulante qui laissait présager une très belle déclinaison plastique. En effet, les Studios Varner – lesquels ont façonné les action figures de la Légion de la Lumière, par opposition à la firme Anaglyph Sculpture qui s’occupera de la Légion Skeleton – avaient produit au moins deux prototypes assez prometteurs.
A ceci il faut ajouter différents concept arts aux designs également intéressants. Toujours dans la catégorie du croquis, je souhaiterais évoquer le traitement graphique de Talyn à travers un superbe artwork réalisé en 1992 par l’artiste Frank Brunner. Ce visuel a largement inspiré l’illustration que l’on peut observer sur la carte Fleer Ultra Skeleton Warriors de Talyn.
- Carte : Dagger
- Numéro : 18
- Section : The Skeleton Warriors
Sur cette nouvelle carte Fleer Ultra Skeleton Warriors, on retrouve un Dagger sous sa forme squelettique. Le visuel est très intéressant car il se rapproche beaucoup du design définitif de l’action figure qui sera commercialisée par Playmates Toys, à un détail près, la présence d’une grande masse en guise d’arme.
A titre personnel, je trouve que cet attribut sied parfaitement à Dagger selon une référence que je trouve assez fondamentale. En effet, d’un point de vue esthétique, la petite taille ainsi que la forme compacte du personnage me renvoient spontanément à l’imagerie du nain au sens “Tolkienien” du terme. Cette vision est indissociable d’un protagoniste casqué ainsi que d’armes blanches lourdes et puissantes comme la hache de combat à deux mains.
Malheureusement, cette grande masse n’a pas été reproduite sur la déclinaison plastique définitive de Dagger. C’est très regrettable à mes yeux, surtout que dans licensing kit Skeleton Warriors, lequel est copyrighté “1992 Landmark Entertainment Group”, on retrouve une représentation de Dagger par Neal Adams avec un personnage qui arbore la grande masse. C’est précisément ce visuel qui a inspiré l’illustration de la 18ème carte Fleer Ultra Skeleton Warriors.
- Carte : Bone Steed
- Numéro : 24
- Section : The Skeleton Warriors
Le Cheval de Guerre (Warhorse en VO) est une créature remarquable et véritablement indissociable de la licence Skeleton Warriors. En effet, l’équidé du Baron Dark ne peut laisser indifférent selon un design au croisement du fantastique et de l’horrifique. On doit majoritairement l’esthétique du Cheval de Guerre a un artiste, Darren Henke, avec lequel j’ai eu la chance de converser.
Celui-ci m’a personnellement confié que sa participation au développement de la licence Skeleton Warriors a constitué l’un des premiers projets de sa carrière de designer et que cette aventure créative fut, je cite, très “fun”. Sur la carte Fleer Ultra Skeleton Warriors, il est intéressant de souligner que le Cheval de Guerre est baptisé “Bone Steed”. Une désignation que l’on pourrait traduire par “Destrier squelettique”.
Selon une sensibilité personnelle, j’apprécie beaucoup cette appellation. Elle suggère une certaine noblesse à mettre en perspective avec le titre de Baron du leader de la Légion Skeleton.
- Carte : Skeleton Dragon
- Numéro : 25
- Section : The Skeleton Warriors
Le Skeleton Dragon entre dans la catégorie – au même titre que Talyn et Claw – des jouets Skeleton Warriors conceptualisés mais jamais déclinés à grande échelle. En effet, le Bone Dragon, selon le dénominatif lisible sur le catalogue professionnel Playmates Toys de 1995, aurait pu être une créature articulée de plus de 30 centimètres de hauteur, et ce à travers un sample absolument superbe.
En lieu et place, il faudra se contenter d’une déclinaison animée – représentée sur le celluloïd ci-dessous à droite – ainsi que de la carte Fleer Ultra Skeleton Warriors, laquelle met en scène un superbe dragon squelettique. Celui-ci recrache par ses naseaux une fumée verte via un effet visuel particulièrement réussi.
Selon une sensibilité personnelle, j’apprécie beaucoup cette illustration du Skeleton Dragon car elle retranscrit parfaitement une créature à la fois massive et agressive.
- Carte : King Lightstar
- Numéro : 31
- Section : Royals and Rebels
J’évoque régulièrement une perméabilité très marquée entre la licence des Maîtres de l’Univers et celle des Skeleton Warriors. Comme je l’ai déjà signifié, j’envisage de rédiger un dossier assez exhaustif concernant cette filiation remarquable.
En ce sens, je souhaiterais évoquer la carte Fleer Ultra Skeleton Warriors qui illustre King Lightstar. Ce personnage, de manière absolument évidente, est à corréler avec le portage en cross-sell art de King Randor (Mattel – 1987, datation U.S) chez les Maîtres de l’Univers. Selon une résonance nominative bien entendu mais surtout vis-à-vis de designs aux chromosomes communs.
- Carte : Love & War
- Numéro : 45
- Section : Moments and Missions
J’avais mentionné un triptyque sentimental incluant le Prince Lightstar, Zara et Grimskull – dans le dossier Skeleton Warriors qui présentait des celluloïds d’animation – selon le prisme de l’opposition entre la laideur et la beauté. La culture populaire – notamment littéraire et cinématographique – foisonne d’exemples où l’amour est mis en scène à travers une triangulation parfois complexe.
L’illustration de la carte Fleer Ultra Skeleton Warriors “Love & War” rappelle partiellement l’interaction affective entre le Prince Lightstar, Zara et Grimskull. Toujours selon une grille de lecture culturelle, j’y vois également – en filigrane – une évocation, celle de l’œuvre La Belle et la Bête (Beauty and the Beast).
En effet, le baiser naissant entre Zara et Grimskull est à mettre en correspondance avec les thématiques laideur/bestialité et beauté/humanité.
- Carte : Fiery Foe
- Numéro : 58
- Section : Moments and Missions
Une des influences constitutives de la licence des Maîtres de l’Univers est l’œuvre Conan le Barbare. Je dis sciemment “une” car le monde d’He-Man a puisé ses racines dans bien d’autres sources comme le Prince Valiant, Tarzan, la culture Viking, Flash Gordon etc. En ce sens, je trouve toujours très réducteur de corréler uniquement – et systématiquement – la genèse de la licence des Maîtres de l’Univers à Conan.
C’est précisément à travers cette allusion au plus célèbre des Cimmériens que je souhaiterais décrypter la carte Fleer Ultra Skeleton Warriors “Fiery Foe”. En effet, la mise en scène de celle-ci comporte un génome très “Howardien” à mettre en symétrie avec une illustration de l’artiste Margaret Brundage. En ce sens, il faut citer le magazine américain Weird Tales, précisément à travers la couverture du numéro 8, lequel s’intitule “The Devil in Iron” (Août 1934).
Parallèlement, il me semble intéressant de souligner le dénominatif “Fiery Foe” que l’on pourrait traduire de la manière suivante : “l’opposant fougueux”. On retrouve dans cette formulation toute l’intensité de l’affrontement entre le Prince Lightstar et le Skeleton Dragon.
- Carte : The Gorgon
- Numéro : 66
- Section : Weapons of War
Le Gorgon apparaitra dans le support animé Skeleton Warriors mais sous un design différent de la version visible sur la carte Fleer Ultra. Celle-ci propose en effet une esthétique qui doit faire référence à la période de développement du vaisseau.
A titre personnel, je trouve le Gorgon transitionnel de la carte Fleer Ultra Skeleton Warriors absolument superbe, avec une structure aux accents biomécaniques. La configuration de la tête crânienne située à l’avant du vaisseau me renvoie à d’autres références de la culture populaire animée comme Albator 84, via notamment le célèbre Atlantis.
On pourrait également citer le DA She-Ra, la princesse du Pouvoir (1985) avec la transformation d’Hordak en fusée spatiale.
- Carte : Aracula’s Weapons
- Numéro : 67
- Section : Weapons of War
La version squelettique d’Aracula est superbe. La multiplicité des bras confère au personnage – et particulièrement à l’action figure – une dimension très originale. Justement, en termes de jouets, on retrouve une action figure capable de saisir plusieurs accessoires, ce qui constitue un véritable plus sur le plan de la jouabilité.
La carte Fleer Ultra Skeleton Warriors d’Aracula sous sa forme squelettique insiste sur l’armement du personnage. L’illustration est largement inspirée d’un croquis transitionnel réalisé par l’artiste Neal Adams. De manière plus ciblée, on identifie dans la main inférieure gauche une arme assimilable à une sorte de pistolet doté d’une tête crânienne.
Et bien cette arme – qui ne sera pas commercialisée avec la déclinaison plastique d’Aracula – n’est autre que le Evil-Eye Onizer que l’on retrouvera dans le blister Playmates Toys du Dr. Cyborn. Il faudra consulter la carte Fleer Ultra Skeleton Warriors numéro 7 de la série Suspended Animation afin d’observer Aracula armé du Goo Gun, un pistolet au design arachnéen, lequel se retrouvera dans le packaging de l’action figure définitive.
- Carte : Dagger vs. Stalker
- Numéro : 79
- Section : Battles to the Bone
J’évoquais dans le dossier présentant des celluloïds d’animation Skeleton Warriors la dimension humoristique indissociable de Dagger.
En effet, celui-ci est régulièrement tourné en dérision au sein du DA des guerriers squelettiques. Il est monnaie courante de retrouver Dagger dans des situations rocambolesques, avec à la clef une dislocation osseuse. Cette particularité scénaristique sera retranscrite avec brio via la 79ème carte Fleer Ultra Skeleton Warriors où l’on pourra observer Stalker s’enfuyant avec le bras gauche de Dagger.
Mais c’est sans compter un autre canidé, Baddog, lequel se chargera de la jambe droite de notre pauvre victime. Cette mise en scène animée – sous le signe de l’humour – tendra à désamorcer l’aura macabre qui entoure la licence Skeleton Warriors.
Epilogue
Les cartes Fleer Ultra Skeleton Warriors sont réellement remarquables. Très colorées, certaines d’entre elles affichent un traitement graphique avec un rendu proche du numérisé alors que d’autres suggèrent davantage un trait de crayon “handmade”. Parallèlement, les séries de cartes spécifiques internes à cette collection Fleer Ultra Skeleton Warriors, comme les Suspended Animation, apportent beaucoup d’originalité.
J’apprécie également les mises en scène proposées avec des personnages/créatures tantôt dynamiques, tantôt beaucoup plus statiques. Dans les deux cas, l’imaginaire est stimulé au point de se projeter dans une mythologie à part entière.
Alors j’aurais aimé étendre le prisme de la lecture par symétrie – lequel est très ludique – aux autres cartes Fleer Ultra Skeleton Warriors. Mais comme je l’ai déjà signifié dans cette petite production, la lisibilité est une contrainte à prendre en compte lorsqu’on écrit publiquement au sein d’un webzine.
J’ai donc raisonnablement limité le nombre de cartes Fleer Ultra Skeleton Warriors passées à la loupe ainsi que les informations analytiques dédiées. Pour autant, je garde précieusement en tête l’idée d’une présentation journalière sous la forme “Un jour, une carte”.
Par ailleurs et d’un point de vue pragmatique, j’utilise pour ranger mes cartes Fleer Ultra Skeleton Warriors un classeur de marque Vault X sous la référence Premium eXo-Tec. Chacune des 20 pages peut accueillir 18 cartes (recto/verso) avec une protection optimale : couche de rembourrage pour les pochettes, lesquelles sont neutres en acidité ainsi qu’en PVC. La fermeture éclair garantie également une préservation accrue du contenu.
La seule contrainte de ce classeur Vault X réside dans le fait qu’il est impossible d’examiner le dos des cartes sans les sortir des pochettes. C’est un détail compte tenu de la dimension qualitative de l’ensemble.
J’espère que ce petit dossier sous le signe de la carte à collectionner fut agréable à parcourir. Rendez-vous d’ici peu afin de (re)découvrir ensemble l’incroyable licence Skeleton Warriors. Merci à toutes et tous pour vos lectures. Cette production est dédiée à Serge V. alias Versus.
- Calendrier de l’avent – Jour 15 : Palais du Pouvoir (Mattel 1986) - 15 December 2023
- Calendrier de l’avent 2023 – Jour 12 : Robo Machines (Bandai 1993) - 12 December 2023
- Calendrier de l’avent 2023 – Jour 10 : Le Rocher de la Peur (1986) - 10 December 2023
Excellentissime cet article.
Félicitations monsieur Nicko !!!
Merci mister Vincent ! <3
Encore une bien belle production. J’ai justement abandonné, pour les cartes SKW, le classeur Vault X parce que pour apprécier l’arrière il fallait toujours sortir les cartes.
Je suis donc repassé sous de la pochette Ultra Pro.
Mais Vault X c’est vraiment le top pour la protection ultime.
Hâte de découvrir tes prochaines productions SKW 😉
Merci Blondin <3
Je ne suis pas fan de la marque Ultra Pro, hormis pour les sleeves individuelles. Toutes mes cartes Skeleton Warriors en sont pourvues, en plus d'être rangées dans le classeur Vault X. Ainsi je peux les manipuler sans risque d'altération. En revanche, les feuillets Ultra Pro à ranger dans un classeur ne me plaisent absolument pas. Lorsqu'on les accumule, le poids total déforme les cartes au fil du temps. Une problématique que j'ai contournée grâce au système de rangement - très bien pensé - du classeur Vault X.
D'autre part, j'ai fini de clôturer hier soir la rédaction d'un nouveau dossier estampillé Skeleton Warriors. Comme pour les licences Rock Lords et SilverHawks, j'ai parfois des périodes - plus ou moins longues - centrées sur un thème. Je pense rédiger encore deux productions sur nos guerriers squelettiques avant de passer à un autre sujet. Ceci dit, il reste encore bien des choses à découvrir ainsi qu'à mettre en lumière concernant la licence des Skeleton Warriors.
Merci encore pour ta lecture et ton intervention 🙂
Encore un superbe article permettant d’en connaître un peu plus, me concernant, sur la licence Skeleton Warriors.
Chacune des cartes proposées représente un morceau de bravoure d’un point de vue artistique (chose à laquelle je suis très sensible), tant de qualité sur une si petite surface ! Indubitablement, elles renvoient aux thèmes prédominants des décennies 80 et 90.
Au sujet des porosités évoquées, je trouve que le Prince Lightstar rappelle He-Ro dans la gamme MOTU.
Merci l’artère <3
Je souscris de manière formelle à ta phrase concernant les cartes Fleer Ultra Skeleton Warriors : "tant de qualité sur une si petite surface !”. Et je dirais même que cette sensibilité provient fatalement de ton amour pour la licence des Maîtres de l’Univers. Les cross-sell arts, les fight scenes ou encore les artworks des packagings estampillés Mattel constituent possiblement l’origine d’un émerveillement vis-à-vis de qualités esthétiques remarquables.
Le Prince Lightstar porte un A.D.N. selon une filiation avec Musclor et ses ancêtres. Je l’ai écrit à maintes reprises, mais des Maîtres de l’Univers aux Skeleton Warriors il n’y a qu’un pas. Et ce pas est infinitésimal au point de retrouver des porosités assez incroyables. Il faut que je m’attèle à finaliser ma production qui évoque justement – dans le détail – ce sujet. Mais celle-ci est déjà bien trop longue et il faudra scinder l’intégralité du contenu en deux, voir même en trois parties, un peu comme pour le dossier abordant la licence Captain Power et les soldats du futur que j’avais rédigé.
Merci encore pour ta lecture 🙂
La version squelettique d’Aracula mon Dieu 😍😍😍
On est bien d’accord Mme Starling !
Encore un excellent article, merci Nicko.
Sur cette illustration, la gueule du Baron Dark me rappelle beaucoup celle du Predator.
Par contre, je ne suis pas vraiment d’accord avec toi concernant Aracula, il a pour moi justement le nombre exact de membres pour un arachnidé : 3 paires de bras et 1 paire de jambe donc un total de 8 “pattes”.
Par contre dommage qu’il n’y ait pas eu un travail particulier sur la forme et le nombre des yeux pour se rapprocher encore plus de la représentation classique des araignées. On peut aussi regretter l’absence de chélicères.
Merci Umoteck pour ta lecture et ton message 🙂
C’est amusant car ta remarque concernant les yeux, les bras ainsi que les jambes d’Aracula fait écho à tout un paragraphe que j’ai rédigé pour une prochaine production estampillée Skeleton Warriors, et ce pas plus tard qu’hier soir. Ton raisonnement se tient parfaitement mais pour autant, j’aurais aimé d’un point de vue esthétique une paire de bras supplémentaire. Si tu apprécies particulièrement Aracula, je te donne rendez-vous samedi prochain à 12h00 sur notre webzine.
Merci de nouveau pour ton intervention pertinente 🙂
Si j’avais su ! Au moment d’évoquer les produits dérivés de la licence Skeleton Warriors dans FulguroPop, je me suis dit: “Nicko va centrer son article sur les bouteilles de shampoing”, c’est sûr, c’est même écrit d’avance. Finalement, j’ai tout faux. 😜
Parmi ces produits dérivés, les cartes Fleer Ultra, qui mises bout à bout racontent une histoire (les textes au verso sont soignés), sont effectivement incontournables et tu as très bien souligné leurs qualités. Sur Eternia Antique, l’analogie entre le Roi Lightstar et le Roi Randor avait d’ailleurs été citée. Je m’estime assez fan des Skeleton Warriors, pour autant je ne possède que la première série et un classeur approprié pour pouvoir en profiter.
J’adore l’idée qu’elles représentent des personnages secondaires comme Zara, le Docteur Janov ou le Roi Dodogarn. Même si la gamme de jouets s’était poursuivie, je ne pense pas qu’ils aient bénéficié de leur figurine (encore que pour Zara, c’eût été pertinent car c’est un personnage féminin séduisant et je pense que son retour à l’écran dans une deuxième saison était attendu), mais ce sont précisément tous ces personnages qui enrichissent le lore, et même l’histoire des personnages principaux. Je l’ai d’ailleurs écrit plusieurs fois sur Eternia Antique mais les liens entre le Docteur Janov et Ursak rappellent immédiatement ceux entre Rohad et le Maître d’Armes dans l’animé des Maîtres de l’Univers. Et pour rebondir sur la réponse que tu as apporté à Abdel, au moment de lancer le topic sur Eternia Antique, je l’avais nommé « Skeleton Warriors … La revanche de Golden God Skeletor » véritablement pour insister sur l’imbrication entre ces deux licences qui me sont chères.
Je remercie aussi Abdel pour son commentaire. Il est représentatif de ce qu’il manque sur le forum, c’est-à-dire l’expression de fans de pop culture qui ne sont pas forcément imprégnés de la licence Skeleton Warriors, mais qui sont capables de tisser une passerelle vers d’autres licences plus mainstreams pour en apprécier l’héritage.
Merci Pascal pour ton intervention 🙂
Mon crâne en peau de fesses n’a malheureusement plus le revêtement nécessaire pour que le mot “shampoing” fasse partie de mon quotidien lol Mais je pense que tu dois faire allusion à la bouteille représentant le Baron Dark. Justement, je rebondis sur ton introduction humoristique afin de souligner à quel point la licence Skeleton Warriors a été soutenue sur le plan promotionnel : casquettes, bouteille de shampoing, textiles, lunch box, cartes à collectionner etc. C’est d’autant plus marquant puisque nous savons tous que les guerriers squelettiques ont connu – et plus particulièrement en Europe – un succès véritablement mitigé. C’est une configuration qui est à mettre en perspective avec la licence Sectaurs. Voilà deux gammes de jouets qui ont probablement été victimes de designs aussi réussis que repoussants.
Dans le topic Skeleton Warriors sur Eternia Antique tu soulignes régulièrement les similitudes entre nos chers MOTU et les guerriers squelettiques de Playmates Toys, et de manière effective, jusque dans le titre de la section dédiée du forum. J’évoquais précédemment le succès en demi-teinte de la licence Skeleton Warriors que j’ai toujours expliquée – entre autres – par un fait majeur, et le lien avec les Maîtres de l’Univers fait justement appel à cette justification : les guerriers squelettiques de Playmates Toys sont clairement anachroniques lorsqu’on les place au cœur de la décennie 90. Et je suis fondamentalement convaincu que dix années auparavant, de tels jouets auraient davantage marqué les esprits. Pire, je prends un pari inconsidéré mais je gage que certains enfants, en 1984 – 85, se seraient fait offrir des Skeleton Warriors afin de les opposer à leurs Maîtres de l’Univers. Reste à prendre en compte la dimension horrifique de ces guerriers squelettiques à l’A.D.N. heroic fanatsy. Voilà une autre piste qui explique un certain rejet parental concernant la licence Skeleton Warriors.
Un tel sujet mériterait un dossier dédié qui proposerait tous les cheminements possibles afin de justifier l’échec relatif de la gamme Skeleton Warriors. J’écris sciemment “échec relatif” ou encore “succès en demi-teinte” car au-delà du fait de nuancer, on parle tout de même d’une gamme de jouets qui a connu une tentative de refonte modernisée et qui a été abordée à plusieurs reprises sur un média mainstream comme YouTube, spécifiquement chez nos voisins d’outre-Atlantique.
Je dirais pour conclure que je suis partagé entre deux sentiments : une certaine frustration car je souhaiterais observer un engouement notable pour la licence Skeleton Warriors, laquelle mérite clairement que l’on s’y intéresse. Mais je ressens également un certain soulagement en me disant que les phénomènes de mode abiment bien plus que ce qu’ils valorisent. Aussi – et j’établis à nouveau une passerelle avec la licence des Maîtres de l’Univers – je préférais quand nos MOTU étaient encore “undergrounds”, notamment à l’aube de la décennie 2000. Une période que j’ai pleinement vécue et qui résonne encore en moi comme une effervescence sincère, mais qui est également indissociable d’un plaisir, celui de la redécouverte. Un temps où nous vivions le jouet en retrait, loin des bruits du monde.
Je suis pleinement d’accord avec toi Nicko … à tel point que sur Eternia Antique, je ne me suis même pas attardé sur la version “October toys” 2014 du Baron Dark. Et pourtant on ne peut pas dire que les Skeleton Warriors aient vécu maintes resucées dans leur parcours. Et concernant les dérives des licences populaires, j’en ai expérimenté une pas plus tard que ce matin … Jour de repos pour tous les deux, on effectue quelques courses dans la zone commerciale en périphérie, et après les achats ciblés, on flâne dans une solderie. Là j’observe au sommet d’un bac un blister de “He-Man”… Enfin “He-Man”, génération années 2020. J’ai soupiré. Et j’ai même retourné l’objet pour ne plus voir la fig de face. A l’aube des années 2000, quand j’ai véritablement commencé à collectionner, à aucun moment, je ne me suis dit que le héros phare de mon enfance évoluerait ainsi. A qui est destinée cette figurine ? Un public actuel d’enfants (je le souhaite éventuellement), le public quadragénaire collectionneur auquel je m’identifie, auquel cas, ça me fait peur 🙁 Et là, FulguroPop m’apprend dans un article publié aujourd’hui que de nouvelles figurines Maîtres de l’Univers Origins vont sortir ? Incluant des versions dessin animé Filmation de quelques personnages principaux. Ma main à couper que parmi les futurs acquéreurs, il y en a qui par le passé ont vilipendé l’animé Filmation. C’est une situation surréaliste à laquelle j’ai été confronté avec la gamme Classics.
Afin de rebondir sur ton message Pascal, je voudrais partager une expérience très personnelle. A la fin des années 90, lorsque je me suis “réintéressé” à nos jouets d’enfance, je pensais véritablement être un extra-terrestre. C’est-à-dire que – et nous sommes plusieurs collectionneurs de jouets de notre génération à avoir eu ce sentiment – je pensais être le seul “fou” à vivre cette expérience. Je me souviens, à l’aube des années 2000 – précisément en 2001 – avoir tout de même partagé cet engouement pour nos jouets d’enfance auprès de copains proches que j’avais rencontrés au collège ainsi qu’au lycée. Oh ils n’étaient pas très nombreux, trois de mémoire. Sans être réfractaires à ce mode opératoire qui consistait à retrouver des jouets d’enfance, je voyais bien qu’ils n’étaient pas “habités” je dirais par la même énergie, par la même passion, par le même enthousiasme que moi. Il faut le dire, je ressentais tout de même à cette période non pas une honte, le terme serait très excessif, mais possiblement une certaine gêne à évoquer publiquement mon attrait pour les jouets des années 80. Ceci dit, je me souviens que dans mon entourage, personne ne m’a jamais blâmé ou moqué. On me regardait davantage comme quelqu’un qui vivait une expérience singulière sans pour autant être coupé d’une réalité.
C’est réellement la découverte du magazine Dixième Planète puis des premiers blogs et autres forums qui m’a fait comprendre que nous étions plusieurs à être de la “même espèce”. Il s’est créé alors un véritable microcosme avec des noms, lesquels revenaient perpétuellement, d’un support à l’autre. Tout ceci pour dire que les choses se sont installées dans un temps long, qu’elles ont germé, lentement, et que ce temps de développement a été un terreau fertile, celui d’une expérience à la fois passionnante mais aussi à échelle humaine.
Si je place ce processus en correspondance avec notre temporalité contemporaine, je me rends compte que ce qui entre immédiatement en conflit, c’est justement ce rapport au temps. Aujourd’hui tout va très vite, on achète des jouets, on les aligne avec des LED, on les accumule, on les remplace aussi vite, les choses évoluent à une vitesse vertigineuse à travers une frénésie de la consommation qui ne semble plus avoir de limite. En ce sens, le système de vente qui consiste à avoir quelques secondes pour se connecter sur un site afin d’obtenir un jouet est un symptôme moderne majeur de ce rapport au temps qui me semble être déraisonné. Et selon cette machinerie vorace au dernier degrés, on multiplie de manière exponentielle les versions de Seiyar ou de Musclor, et ce jusqu’à l’indigestion.
Les Maîtres de l’Univers, je m’y suis intéressé assidument, avec humilité, sur le plan conceptuel essentiellement, sans pour autant être un afficionado du support Filmation. Ma posture a toujours été claire à ce sujet, et je dirais qu’elle est complémentaire de celle des amoureux du DA originel. Cela fait plusieurs années, depuis Matty Collector précisément, que j’ai “mal à mes MOTU”. Cet univers richissime – qui demande des années d’intéressement afin d’en saisir toutes les subtilités – est devenu mainstream, à la mode. Voilà une maladie des temps modernes qui ne laissera aucune chance à nos chers hommes en slips car ils seront mangés à toutes les sauces : nouveaux supports animés discutables, vidéos explicatives plus folkloriques les unes que les autres, action figures aux designs farfelus, Mega Construx, figurines POP etc… Alors comme dans toutes choses, il y a du bon aussi, il faut savoir nuancer. Mais je ne suis pas certain que le ratio positif/négatif l’emporte en faveur du bon côté.
Pour en revenir à ma remarque introductive, nous avons gagné aujourd’hui la démocratisation/acceptation d’un phénomène, celui d’être des adultes aimant des jouets. Ce comportement devenu sociétal fait de nous des gens “cool” qui n’ont plus à ressentir une certaine gêne, possiblement une certaine honte. Au premier abord c’est plutôt une bonne chose, mais à quel prix ? Celui de voir certaines de nos licences de cœur passées à la moulinette régulièrement, à la fois par les fabricants de jouets mais aussi par les producteurs de dessins animés. Je regrette le temps où nous pouvions majoritairement lire sur les forums des interventions aussi stimulantes que pertinentes, le temps où nous (re)découvrions des dessins animés plus incroyables les uns que les autres, et bien entendu le temps où les magasins de jouets et autres rayonnages proposaient des jouets irremplaçables. Nos anciens disaient : “Pour vivre heureux, vivons cachés”. En ce sens, et je le répète, je préférais quand nos Maîtres de l’Univers étaient “undergrounds”.
Ils sont chouettes ces classeurs à fermeture éclair. Pour mes cartes, j’utilise des sleeves rangées dans un classeur à fond noir de chez Ultra Pro avec une lanière élastique. Plus des chemises un peu comme les tiennes mais sans la fermeture éclair. J’avais hésité avec ceux-là qui sont ultra qualitatifs.
Superbe article, je suis très nostalgique des tradings cards de cette époque. On a eu les mêmes avec Star Wars, des séries avec des screens du film mais aussi pas mal d’illustrations inédites avec des artistes bossant pour Dark Horse.
Et à cette période on était pas encore passé au tout numérique, l’aspect de l’aérographe mélangé à de l’application au pinceau pour les détails ça replonge tout de suite dans le bain de l’époque.
Dommage, j’ai pas l’impression que tu aies un booster bleu. Ca fait un truc de plus à trouver 🙂
Merci mon ExarKouilles02 pour ta lecture 🙂
Je te rejoins concernant cet affect pour la trading card au sens large du terme. J’ai le même, et de manière assez inattendue, c’est par le biais du Basketball – un sport auquel je n’accorde que très peu d’intérêt – que j’ai découvert la carte à collectionner. En effet, les Upper Deck m’avaient plu vis-à-vis d’une esthétique que je trouvais très réussie.
Effectivement, je n’ai pas de booster bleu. Il me manque d’ailleurs quelques cartes Skeleton Warriors afin de compléter la collection. Rien de bien difficile à dénicher mais il faut que je m’y attèle.
Merci pour la dédicace !
Je ne pensais pas qu’on pouvait en dire autant sur ces cartes, mon esprit a tendance à s’arrêter à la première vision et ne pas chercher plus loin !
Régulièrement, je tourne les pages de mon classeur pour apprécier les visuels de chaque carte et maintenant grâce à ton analyse je les redécouvre d’une autre façon !
Toujours cool de faire vivre cette licence pas assez connue et appréciée à sa juste valeur !
Pour ceux qui ne connaissent pas les cartes, les photos ne leurs rendent pas honneur, en vrai elles sont encore beaucoup plus belles ! (beaucoup d’effets de brillance !)
C’est moi qui te remercie pour ton message ! 🙂
On peut dire tellement de choses concernant la licence Skeleton Warriors. L’univers est richissime et c’est pour cela que l’on peut établir autant de ponts avec les Maîtres de l’Univers. Dis-toi bien que ma modeste production n’est qu’une synthèse de ce que l’on aurait pu dire des cartes que j’ai sélectionnées. Encore une fois, le background de la licence Skeleton Warriors fourmille littéralement de références en tout genre. Aussi, et comme tu le soulignes très justement, il est toujours appréciable d’évoquer les guerriers squelettiques – peu importe le prisme – afin de les mettre à l’honneur. Ils le méritent clairement.
La photographie est un domaine où mes compétences sont quasi inexistantes. Je te rejoins à nouveau, mes clichés ne rendent absolument pas honneur aux visuels des cartes Fleer Ultra Skeleton Warriors, notamment en termes de brillance, d’éclat. Un scan des documents aurait été davantage adapté je pense. Dans tous les cas, je suis très heureux – et même comblé – de savoir que tu redécouvres tes cartes Skeleton Warriors. C’est finalement l’objectif ultime, insuffler un nouvel intérêt dans des choses déjà connues.
Merci de nouveau pour ta lecture et ta présence 🙂
Encore un excellent article ! J’ai appris plein de choses sur une gamme que j’ai connue mais pourtant pas eu à l’époque !
Merci Nicko, toujours un plaisir de te lire !
C’est moi qui te remercie pour ton message très encourageant ! 🙂
Si tu le souhaites, tu pourrais nous expliquer pourquoi tu es passé à côté de la gamme de jouets Skeleton Warriors durant sa temporalité de commercialisation ? Tous les témoignages concernant cette licence sont les bienvenus.
D’autre part, si tu apprécies la licence Skeleton Warriors, je te donne rendez-vous sur FulguroPop durant les trois samedis qui vont suivre, précisément à partir de 12h00. J’engage au sein du webzine une épopée squelettique !
Merci encore pour ta lecture 🙂