Parmi les centaines d’histoires de la Maison des idées, j’ai assez peu de mal à établir mon top des meilleurs arcs narratifs. En effet, chez Marvel, j’ai quelques moments fétiches, des mini-séries qui forment une histoire particulièrement marquante généralement bien narrée. Je pense bien entendu à la Saga des Eternels de Roy Thomas pour Thor ou Absolute Carnage de Donny Cates pour Venom. Mais, c’est d’un héros Street Level, Daredevil que je veux vous parler. L’homme sans peur connaît en 1986 une aventure mémorable contée par Frank Miller et dessinée par David Mazzucchelli.
Dans Daredevil : Renaissance (Daredevil: Born Again en V.O., un titre que reprend la série annoncée sur Disney+), on assiste à la résurrection de Matt Murdock. Pour se relever, le héros doit tomber. Pour renaître, il doit mourir. Miller et Mazzucchelli dépeignent avec brio la chute de Daredevil dans un New York crasseux qu’on a du mal à se figurer aujourd’hui. C’est d’ailleurs le principal problème des super-héros new-yorkais évoluant dans la période actuelle, l’univers urbain a été radicalement transformé. En effet, la gentrification et la lutte contre le crime ont révolutionné l’environnement dans lesquels évoluaient des héros comme Spider-Man ou Daredevil dans les années 70-80. Avec son image désormais de havre de sécurité, New York City a été un coupe-gorge auquel les dessins de Mazzucchelli autant que les mots de Frank Miller redonnent curieusement vie.
Quoiqu’il en soit, en 1986, face au Caïd tout puissant, Matt Murdock semble épuisé. Le Caïd a découvert sa double identité et l’a fait radier du barreau. Quand son appartement explose, il se retrouve à la rue et sans un sou vaillant. Une descente aux enfers qui prend aux tripes et qui m’avait marqué, jeune collégien lecteur de Strange. L’histoire de Renaissance a été publié en France au printemps 1987. Comme d’habitude avec les éditions Lug, la censure est omniprésente. Les pages trop sanglantes sont modifiées voire supprimées. Pour cette histoire emblématique, Frank Miller a décidé d’aller extrêmement loin dans la violence pour l’époque. C’en était trop pour les censeurs. Strange renonce par conséquent assez vite à publier la suite des aventures de Daredevil. Ainsi, au bout de cinq mois de charcutage des comics originaux, voici le message que les fans on trouvé dans leur courrier des lecteurs.
“[…]la publication de DAREDEVIL […] est suspendue pour l’instant. En effet, les prochains épisodes réalisés par Frank Miller sont beaucoup trop violents et nous avons décidé de ne pas les publier. Nous attendons de voir l’orientation donnée à la série pour la reprendre par la suite. Nous allons recevoir une volée de bois vert, mais tant pis, nous avons l’habitude! Ce sont donc les VENGEURS qui remplacent DAREDEVIL!”
Le courrier des fans de Strange, Strange n°211
Privé de la suite de l’histoire, le collégien que j’étais a dû patienter quelques années pour découvrir la totalité du récit. Il court sur 7 numéros qu’on retrouve de nos jours dans la collection Must-Have de Panini.
Les publications de cette période ont eu un impact très fort sur moi tant pour Daredevil que pour Spider-Man. Elles ont, malgré la censure, façonné ma perception de New York et de l’univers Marvel. Une perception que je tenais à vous faire partager.
Cet article est dédié à l’ami Seb alias Stan.sadventures99.
- Instoygram : Sélection de photos de jouets du 1er décembre 2024 - 1 December 2024
- Operation Monster Force : Review Forgotten King - 30 November 2024
- Operation Monster Force : Review Delta Red (Nocturnal Operations Trooper) - 29 November 2024
Ce duo a aussi signé l’excellent Batman: Year One, je as fini te régaler avec ce titre de Daredevil.
Tu as du te régaler, foutue saisie automatique.
lol
Eh oui, c’est un vrai plaisir que ce tome complet
Je lisais Strange dans les années 80 et c’est vrai que l’éditeur ne faisait pas mystère de la censure à laquelle il s’adonnait, et Daredevil en a été particulièrement la cible (Rom également de mémoire avec son ambiance qui fleurtait avec l’invasion des Profanateurs). L’arrêt de Daredevil avait été frustrant … Mais depuis, l’intégrale du récit de Frank Miller a refait surface, c’est grandement appréciable!