Les Rock Lords de mon enfance m’ont été offerts en une seule fois, pour mes neuf ans, à l’été 1987.
Ces références, les voici : le Rockasaur Spike Stone (alias Rockdon), Sticks’n’Stones (alias Double Rock), Stoneheart (alias Amazon Rock), Bolder (ou Boulder, alias Battle Rock), et Flamestone (alias Ruby Man). A l’ouverture du paquet cadeau, en découvrant le packaging bleuté de ce dernier, j’ai eu le même sentiment qu’à l’ouverture d’une pochette Panini qui comprenait une image miroitante, ces images classiquement moins nombreuses dans un album et qui ont la capacité d’émerveiller grâce à leur rareté et à leur beauté.
Avec le recul, Flamestone n’appartient pas à mes Seigneurs de la Roche favoris, même si j’apprécie toujours autant ses parties rouges translucides. Ma préférence va clairement à Solitaire, pour son visage humanoïde et pour l’absence de partie métallique ostensible (une particularité disgracieuse à mes yeux que partagent à la fois Flamestone et Sunstone, alias Amber Man). L’exemplaire de Solitaire de ma collection, en photo ci-dessus, a été acheté auprès de la boutique Flashback quelques années en arrière .
Cependant, tout amateur du dessin animé La Revanche des Gobots est susceptible d’avoir eu beaucoup de difficulté à assimiler le robot transformable Bandaï avec le personnage qui apparaît sur le petit écran.
Être décontenancé par le traitement accordé à plusieurs personnages relève d’une constance de l’œuvre. Je l’ai précédemment exprimé. Mais avec le Rock Lord féminin Solitaire qui devient ici le personnage masculin Dia Man, un seuil nouveau est franchi.
A cette époque, tant à travers des œuvres d’animation que cinématographiques, j’assimilais le plus souvent la modification de l’identité sexuelle à une forme de travestissement assumé, qui s’inscrit par là-même dans un registre d’humour absurde, de parodie (voire même de mesquinerie sous-jacente), et ce en créant un personnage nouveau complètement loufoque. Bien souvent, il suffit d’ailleurs de modifier légèrement le nom du personnage original pour obtenir cet avatar farfelu.
Morceaux choisis ! Attention, il y a un piège !
L’innocente animatrice Charlotte de nos années Récré A2 devient l’agaçante Marotte sur une chaîne concurrente. L’ange-gardien Finot pourrait être rebaptisée Finotte au moment d’entamer une danse polynésienne (Inspecteur Gadget, épisode La croisière Pirate). Le méchant Troll qui martyrise Anya est remplacée par sa fille deux fois plus sotte, la Trollope, au cours de l’épisode La Promise (Monstres et Merveilles). Le patibulaire commandant de bord Nicko laisse place à sa sœur jumelle hôtesse de l’air, Marie-Chantal Nickotte dans la parodie Y a-t-il un pilote dans l’hélicoptère ?. Le Maréchal des Logis-chef Ludovic Cruchot devient la religieuse Marie-Cruchotte le temps d’une séquence hilarante (Le gendarme et les extraterrestres). Enfin, le bellâtre Rio voit sa popularité déclinée au profit de Riot (prononcer « Riotte ») dans la troisième saison de Jem et les Hologrammes. Etc …
Bravo si vous avez su déjouer le piège : Riot, leader du groupe glam rock Les Stingers, est bien sûr un personnage masculin. Il ne doit sa présence dans cette sélection que pour la rime et pour son aspect androgyne typique du Glam Rock des années 80 …
Mais dans le dessin animé La Revanche des Gobots, aucun humour comparable … Autant l’androgynie est un code récurrent des animés japonais diffusés en France (Les Chevaliers du Zodiaque incluent quelques personnages susceptibles d’avoir fait douter l’équipe de doublage français), autant le personnage de Dia Man qui est résolument sérieux, ne laisse pas place au doute quant à son identité, et ce grâce au nom qu’il porte et à son physique général.
Sa première apparition dans le trente-quatrième épisode titré Baikanfu disappears in space est absolument marquante !
Elle relève d’ailleurs du deux ex machina !
Pour resituer les évènements de début d’épisode, Rom, Blue Jet et Pro Truck Racer prennent place à bord de Big Shuttle qui, comme son nom l’indique, est un Gobot transformable en navette spatiale. Ils se dirigent vers un signal de détresse émis à partir d’un cimetière cosmique. Ils sont alors accueillis par un Grujios spectral, Grujios que l’on croyait définitivement mort, avalé par un trou noir à la fin du dix-huitième épisode intitulé The Demonic Castle – Farewell Grujios.
Quand une pluie de météores s’abat sur Big Shuttle, ses passagers sont contraints de s’éjecter. Dans ce cimetière pour vaisseau spatiaux, Rom revêt alors ses armures robotiques (« Force du Bien » et « Courageux » en version française) pour éliminer ensuite les épaves projetées contre lui. Mais Grujios lui rappelle que dans l’espace, il n’y a pas de gravité. Son art martial, le Tenkuu Chuushin Ken, est inefficace. Rom qui enjoint à ses amis de fuir, est alors frappé par un missile. Pendant ce temps, sur Cronos, la bataille fait rage, la situation semble définitivement compromise …
Grujios annonce à Gades son triomphe. Pour le récompenser, le tyran étudie son souhait de se voir bénéficier d’un nouveau corps quand le secret de l’Hyribead aura été découvert (NB : En fin de série, la volonté de Grujios sera effectivement exaucée, mais pour un résultat différent de celui que l’on aurait imaginé !).
Big Shuttle qui a pu regagner l’étoile Cronos malgré les nombreux dommages subis est remis en état. Leina et la jolie Min Mei rencontrée au troisième épisode intitulé Steal the Metal Master, embarquent pour secourir Rom. Une fois localisé, Leina et Min Mei découvrent que Rom est inconscient,. Il flotte dans le vide avec des blocs d’épaves encore attachés à lui.
C’est à ce moment-là qu’un diamant coruscant surgit dans l’espace ! Le diamant se transforme et laisse place à Dia Man qui se présente comme l’un des Jewel Lords. Grâce à son rayonnement, les épaves collées à l’armure de Rom sont facilement dissipées ! Les yeux de Dia Man projettent ensuite des particules curatives qui ravivent Rom.
A partir de cet évènement, Rom va pouvoir rejoindre Cronos, combattre et vaincre Devil Satan 6 au grand désarroi de Grujios.
Dia Man rejoint la résistance de Cronos à la fin de l’épisode. Mais tout le mystère autour des Jewel Lords attend encore d’être levé !
La première apparition de Dia Man confère à ce dernier un statut quasi divin. Son rayonnement dans l’espace qui exalte la nature précieuse de la roche qui le compose possède quelque chose de fascinant.
Quelque chose que je n’ai véritablement ressenti que lors de mon premier visionnage des Chevaliers du Zodiaque, lorsque le Chevalier du Lion se dresse devant Seiya, pour la première fois revêtu de son armure. Là aussi, l’aura dorée qui se dégage de lui implique un changement de paradigme, l’écart de puissance, mais également de statut, étant beaucoup plus élevé que celui perçu à l’aune des précédents adversaires.
L’animé La Revanche des Gobots ne cherchera pas à développer les Pierres Précieuses comme des entités possédant des pouvoirs destructeurs plus importants que n’importe quel personnage croisé jusqu’ici. Et d’ailleurs à l’exception de Dia Man, aucun des deux autres personnages n’a suscité un intérêt très élevé chez moi.
Ruby Man bénéficie d’une introduction qui entache la classe qui devrait sied naturellement à un tel personnage puisqu’on le voit en fort mauvaise posture, bloqué sous des éboulis de la montagne du Démon. Fort heureusement, par la suite, la résonance qui se crée entre lui et l’un des quatre artefacts dont le rassemblement est sensé révéler le secret de l’Hyribead, réhausse soudainement l’intérêt du téléspectateur pour le personnage.
Concernant Amber Man, le problème est plus délicat. Il s’agit en quelque sorte de l’anachorète du groupe, celui qui ne souhaite pas prendre part au conflit qui oppose les habitants de Cronos aux forces de Gades. Mais cette neutralité n’est pas viable. La vérité lui apparaîtra à l’issue du trente-sixième épisode Save Amber Man, Blazer Cannon ! et il soutiendra Rom et ses amis. Ses pouvoirs sont peut-être les plus étonnants, particulièrement celui de contrôler les Rockasaurs … Pour autant, ce trente-sixième épisode tisse difficilement le lien avec le vingt-deuxième titré Rockgiran vs Rockdon dans lequel Rockgiran est scénarisé comme la Bête ultime de Cronos qu’il convient surtout de ne pas réveiller au risque de voir le chaos s’abattre …
Dia Man est donc ma Pierre Précieuse préférée dans ce dessin animé.
Je souligne que selon les équipes d’animation, son visage à l’écran est susceptible d’être plus détaillé, exemple ci-dessous, même si le visage de gauche sur la photo est le plus représentatif de l’animé.
Les séquences qui suivent et qui le mettent en scène confortent mon impression.
En effet, dans ce trente-sixième épisode, à défaut de participer à l’action, il officie dans un rôle de sage, en expliquant à Leina la bonne conduite que Rom doit adopter à l’égard d’Amber Man pour le rallier à sa cause. Le convaincre ne sera pas chose aisée, mais Dia Man souligne le fait qu’Amber Man, qui déteste ce monde empli de conflits, possède d’étonnants pouvoirs mais qu’il ne portera pas préjudice à son prochain s’il ne sent pas agressé. C’est aussi Dia Man qui freine Rod Drill et Blue Jet en leur demandant de faire confiance à Rom et Leina, en leur capacité de convaincre Amber Man retranché dans la cité qu’il a fait jaillir d’un étang.
Dans le trente-huitième épisode titré Raise Your Gun, Heli Transer !, Dia Man grâce aux particules de lumière bienfaisante qu’il peut projeter, dissout sans difficulté la mélasse que le démon Asura, sous les ordres de Gades, a répandu sur plusieurs alliés de Rom. Dia Man suscite à cet égard une certaine forme d’admiration de la part de Min Mei qui voit en lui quelqu’un de très puissant même s’il reste humble. Dans ce même épisode, Dia Man apparaît manifestement comme le seul confident d’un Gobot qui veut simuler sa trahison envers les siens aux profits du clan Gyandlar, tout l’enjeu de l’épisode étant de mettre la main en premier sur l’un des quatre artefacts, en l’occurrence le bouclier du Lion, et dont le rassemblement doit permettre de révéler le secret de l’Hyribead. Mais Dia Man dans ce même épisode participe également à l’action en utilisant ses pouvoirs pour éblouir Asura qui a le dessus dans le combat qui l’oppose à Rom !
Alors que l’animé approche de son dénouement et que les désastres naturels se poursuivent sur Cronos, le quarante-deuxième épisode titré Baikanfu – Cry of Anger ! propose une séquence étonnante autour de Dia Man ! A la base des Gobots, quatre êtres fossilisés, Header, Abarar, Legger et Taildar, ont rejoint la résistance contre le clan Gyandlar. Ils forment le combiner connu dans la gamme Rock Lords de Bandaï sous le nom de Fossilsaurus. Tous les quatre sont les gardiens de l’épée du Loup, une épée distincte de celle de Rom, qui une fois associée aux trois autres artefacts (dont le bouclier du Lion évoqué précédemment) doit donc permettre la révélation de la source de vie.
Ce peuple de pierre aimerait apporter son aide à Rom qui lutte à l’intérieur du vaisseau de Gades, mais l’épée du Loup est enfermée à l’intérieur du corps de Header. Dia Man propose d’apporter son aide : Il rend sa main immatérielle et la plonge dans le corps du gardien de pierre comme s’il s’agissait d’un être liquide, puis retire l’épée. Kendō Robo, l’un des leader de la résistance (et chef d’Emerald City, une cité particulièrement mise en avant dans le vingt-cinquième épisode intitulé Attack ! Land Commander 5 !), s’exclame « Quel incroyable pouvoir !». Il n’a assurément pas tort. La séquence m’a rappelé le superbe film d’animation Space Adventure Cobra produit en 1982 et son antagoniste principal, l’effrayant Lord Nekron qui a la possibilité de rendre son enveloppe hyaline perméable au passage de ses mains, et ce pour se saisir de l’une de ses côtes et s’en servir comme d’une arme !
La gamme de jouets composée des Gobots et des Rock Lords est vaste. Le nombre élevé de personnages ne permet pas de leur apporter un traitement scénaristique équilibré, certains personnages sont privilégiés, d’autres ne sont pratiquement que des figurants. Pour autant, le monde imaginaire de Cronos a été développé avec un indéniable talent par l’équipe qui a œuvré sur La Revanche des Gobots. Pour l’époque, l’animation est fluide, et plus l’animé avance, et plus le téléspectateur souhaite assister à la débâcle du puissant empire Gyandlar.
Je renouvelle mes remerciements à Julien pour avoir accepter de publier ces quelques lignes … trente-six ans après la première diffusion de La Revanche des Gobots en France.
Je conclue en scannant l’une des (nombreuses) pages de catalogues appartenant à Nathalie NhtPirate dans laquelle les Rock Lords apparaissent. Celle-ci appartient au catalogue Continent (L’achat gagnant!) de Noël 1987 !
Grâce à FulguroPop, la mémoire de ces robots de pierre est plus vivante que jamais.
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Un immense merci Pascal pour cette nouvelle participation à FulguroPop. Ton triptyque rédactionnel m’a permis de remettre des noms sur quelques protagonistes appartenant au DA La Revanche des Gobots. Je gardais en mémoire de véritables bribes de cette œuvre mais rien de bien significatif. Seule la présence des Rock Lords, notamment dans le générique, avait marqué ma mémoire. Il faut dire que les seigneurs de la roche m’obsèdent depuis plusieurs années !
J’ai eu également le plaisir de découvrir mon alter ego féminin hôtesse de l’air, Marie-Chantal Nickotte ! Je suis particulièrement friand de ce genre d’humour et l’auto-dérision fait partie de mes préceptes de vie. Plus sérieusement, je découvre une tarification possible pour Aile de Pierre (dont le nom américanisé est mal orthographié sur la publicité) : 181 Francs ! C’est extrêmement élevé mais lorsqu’on a le jouet entre les mains, on est immédiatement surpris par son poids. Il est très lourd et qualitatif.
Ceci dit, mes PLV Rock Lords ne sont pas des “planches vermoulues” ! (enfin pas encore).
Un immense merci Pascal !
Pardon pour ma réponse tardive Nicko, je n’avais pas vu ton message plus tôt. Je passai vérifier justement s’il y avait un commentaire suite à ma participation à FulguroPop. Je te confirme que les Rock Lords sont très présents à partir de la seconde moitié de l’animé. Pour toi qui est fan de ces personnages, je ne sais pas s’il y a moyen de se procurer des celluloids de La Revanche des Gobots les mettant en scène. Par contre, il y a sûrement des art books autour de ce dessin animé. Les Rock Lords doivent sûrement être illustrés à l’intérieur. Mais je n’ai jamais eu de tels ouvrages en main. Peut-être en boutique spécialisée japanim. 🙂