FulgurAnime : Hughes dans Fullmetal Alchemist et FMA Brotherhood

Maintenant, vous me connaissez, et vous savez que je suis plutôt un grand sensible et que j’aime quand un Shonen ou un anime de façon générale nous fout la larme à l’œil. Cette rubrique s’attardera donc souvent sur ces moments cultes qui font vibrer la corde sensible. Le sacrifice de Vegeta et la mort de Shiryu entraient clairement dans cette catégorie. Tout dépend des sensibilités de chacun, bien entendu, mais le passage que je vais aborder aujourd’hui met, selon moi, la barre très haut en termes de tristesse et de dramaturgie.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas ces deux animes, il faut que je plante le décor afin d’essayer, du mieux possible, de vous faire ressentir ce que l’on vit dans cet épisode du premier FMA de 2003. La mort de Hughes est également traitée dans la version Brotherhood de 2009 mais elle me semble moins bien amenée. Qui est Maes Hughes ? Hughes est le rigolo de service. C’est lui qui, au-delà du duo Ed et Al, est à l’origine de la plupart des moments comiques. Soit en asticotant le taciturne ténébreux colonel Mustang sur ses relations amoureuses, soit, le plus souvent, en matraquant des anecdotes sur sa fille de trois ans avec force photos à l’appui. Il en devient même assez souvent irritant pour le spectateur et ce n’est que dans cet ultime épisode le mettant en scène qu’on comprend pourquoi les auteurs ont fait ce choix payant. En effet, il est celui qui va un peu s’occuper de Ed et Al et le seul à les traiter comme les enfants qu’ils sont, finalement. Il les accueille souvent chez lui, leur présentant à sa femme et ce sont eux qui assisteront cette dernière lors de l’accouchement de la huitième merveille du monde, sa fille. Alors que nos deux héros sont déracinés en arrivant à Central, c’est lui qui leur apporte un peu d’humanité dans les rangs de cette armée déshumanisée à laquelle ils n’ont ni l’habitude, ni l’envie de se frotter. Trois ans plus tard, après de multiples pérégrinations et recherches en tout genre, le bougre met le doigt sur la machination qui sévit au sein des rangs de l’armée. Afin de protéger les garçons mais aussi son meilleur ami Mustang, il décide de s’occuper tout seul de mettre au jour le le fameux complot. Mais, il s’attaque à trop forte partie pour lui. Les Homonculus (sortes d’humains artificiels aux pouvoirs surnaturels) ne comptent pas le laisser faire et il tombe dans leur piège alors qu’il pense avoir partie gagnée. Le plus vil d’entre eux va se servir de son point faible pour l’abattre froidement. Il va, pour cela, utiliser son pouvoir qui lui permet de prendre l’apparence qu’il souhaite. C’est alors sous les traits de sa femme, que Hughes ne pourra transpercer de ses fameuses lames, qu’Envy va le faire passer de vie à trépas, dans la pire des ironies du sort.

 

On aurait pu en rester là, et on aurait déjà été bien tristes d’imaginer sa femme, sa fille, son ami et nos héros, orphelins de leur phare dans la nuit. Mais, non, il va falloir assister à son enterrement militaire. A l’aspect très froid et strict de ce genre de manifestation, va être opposé tout l’humanisme de sa fille qui demande à sa maman pourquoi on met son papa sous terre et comment il va faire pour aller travailler maintenant alors qu’il avait toujours beaucoup de travail… Quel déchirement aussi de voir le musculeux Major Alex Louis Armstrong, jusqu’ici parangon de cette froide armée, verser une larme en baissant la tête comme un enfant. Mais on atteint le summum de la tristesse, amenée de la façon la plus délicate possible, toute en sobriété et troublante de justesse lors des derniers instants de l’épisode. Resté seul face à la tombe de son ami et frère de sang, Mustang lève les yeux sur un ciel bleu sans nuages et dit à la belle Major Hawkeye, venue le tirer de sa mélancolie : « Il commence à pleuvoir ». C’est alors qu’une larme coule sur sa joue, vu de dos. Hawkeye qui le connaît mieux que personne lui répond sobrement : « on dirait… » Je n’ai jamais autant pleuré en voyant un anime et le fait d’écrire ces quelques mots serre à nouveau ma gorge, c’est vous dire à quel point cet instant tout à la fois hors du temps, grotesque et empli de justesse de ton m’a bouleversé. La version Brotherhood rajoute quelques dialogues après cette phrase magnifique de Mustang et perd un poil en intensité dramatique. Pendant ce temps-là, Ed et Al se dirigent vers leur prochaine aventure, à l’intérieur d’un train, ignorant tout de ce qu’il s’est passé… mais ressentant que quelque chose vient de se produire, Ed croyant même apercevoir Hughes sur le quai de la gare. Poignant.

J’ai mis aussi dans le titre Brotherhood car si la mort de Hugues est infiniment mieux traitée dans la première version, la vengeance de cet assassinat prend une dimension exceptionnelle dans la seconde version. Mustang, toujours sous le choc de la mort de son vieil ami et ivre de vengeance va déverser tout son courroux sur la créature responsable de sa mort. Ici, il ne s’agit plus de Envy mais de Lust, une magnifique jeune femme Homonculus. Voir Mustang, veste ouverte sur un torse recouvert de stigmates d’anciennes batailles, mettre de côté toute humanité, utiliser son pouvoir d’alchimiste de flamme pour la brûler vive et s’acharner sur elle jusqu’à ce mort s’ensuive prend littéralement aux tripes et place le Colonel Mustang au panthéon des personnages les plus charismatiques du Shonen. Si vous n’avez jamais vu ce passage, je vous le laisse ici en même temps que les fameux moment de son assassinat et des funérailles des deux versions pour vous faire votre propre avis. Mais je vous conseille évidemment l’épisode entier retraçant la fin de l’attachant lieutenant colonel Hughes.

Ayorsaint

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *