“Kidulte” : marketing ou réponse aux attentes des collectionneurs ?

“Kidulte”.

Le mot circule depuis plusieurs années pour décrire un phénomène culturel et une cible marketing pour les industriels du jouet : les adultes qui achètent des jouets pour eux-mêmes. Transcription littérale du Kidult anglophone, il évoquerait à proprement parler des adulescents, des adultes restés kids. Dans le cadre d’une collection ou en one-shot et généralement par nostalgie, les adultes achètent donc des jouets. Ce n’est certes pas un scoop. L’équipe de FulguroPop (et chez ToyzMag avant ça) et plusieurs acteurs de la mouvance des collectionneurs de jouets poussent pour que soit mieux prise en compte cette tendance lourde du marché du jouet.

En effet, le jouet souffre d’un rétrécissement de sa cible originale. “Les enfants jouent moins longtemps aux jouets traditionnels”, entend-on inéluctablement en invoquant la responsabilité pêle-mêle des consoles/tablettes/smartphones. Malgré cela, l’identification de cibles secondaires traine en France et les fabricants autant que les distributeurs expliquent encore  et toujours que leur cible principale c’est les enfants. Aussi le jouet de collection a-t-il du mal à trouver sa place dans les rayons. Et ce en dépit d’une offre presque pléthorique aux Etats-Unis dont on peine à trouver des signes en France. Contrairement aux USA, et d’une manière générale, la grande distribution (Carrefour, Leclerc, U…) ne se laisse pas facilement convaincre par ces produits relativement chers. Qu’il semble loin le temps ou Carrefour récupérait des packs exclu Walmart… Certes on a pu dans le passé, et on peut parfois encore, trouver des figurines orientées collectionneur dans ces enseignes. Mais rien que pour les jouets Star Wars, la déferlante des jouets Episode VII (et ses excès classiques, cf. infra) a laissé des traces dans les rayons et dans les stocks. A part de rares exceptions, il est de notoriété publique que ces jouets ne se trouvent que dans certaines enseignes spécialisées voire des boutiques d’import quand ce n’est pas uniquement sur Internet. Hasbro avait bien, en 2019, tenté d’élargir le champ des distributeurs potentiels avec son assortiment Marvel Legends sur carte et sans BAF, mais en France elles n’ont été vendues que par des enseignes qui distribuaient déjà des Marvel Legends classiques. L’opération a donc fait chou blanc de ce point de vue en France, mais Hasbro nous a récemment confirmé avoir mis un terme à l’expérience qui s’est révélée concluante au Royaume-Uni.

Kidulte, de la difficulté de nommer le phénomène

Dans le lexique des personnes qui essaient de nous vendre des jouets, le mot Kidulte remplace le terme geek. On n’en est pas à se faire traiter de nerds, mais on sent que les fabricants et surtout les distributeurs galèrent à nommer ce phénomène à le quantifier et à lui apporter une réponse en magasin. Chez PicWicToys, l’intitulé des “geek corners” nous fait peut-être lever les yeux au ciel, mais ces rayons nous donnent le sourire grâce à une politique de prix et de disponibilité des produits bienvenues. Bref, censé condenser deux aspects (la nostalgie d’éternels adolescents et le niveau d’exigence de clients adultes), le terme kidulte tend à s’imposer dans les supports marketing.

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Le mot kidulte a, en effet, été retenu comme mot clé par la Journée presse jeux et jouet en septembre 2021. Dès l’entrée de ce salon pro, on découvrait une guirlande de ballons qui donne l’impression qu’une prise de conscience est à l’oeuvre.

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Las. Sous cette banderole un peu triste, on ne trouvait guère de produits en rapport avec le sujet. Malgré un panneau vantant le mot-dièse #kidulte, on cherche en vain les jouets.

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La raison de ce décalage est facile à comprendre : sur un salon dédié aux jouets de Noël, les exposants viennent présenter à la presse des jouets pour un jeune public, pas pour des quadra. Le but est de remplir les journaux d’articles sur les produits phares des listes au Père Noël.  Ainsi, sur le stand de Disney, peu de produits correspondaient à la cible (peut-être les LEGO, ou plus étonnamment ce van A-Team Playmobil). Chez Hasbro, on a  eu droit à des princesses et de la pâte à modeler (on fête les 60 ans de Play-Doh cette année), et comme Mattel ne vient plus sur ce salon…

On a au final du mal à faire le lien avec le concept mis en avant par l’organisation de la journée presse. Pourtant les produits ne manquent pas sur le marché.

Kidulte, des jouets pour les adultes ?

Plusieurs noms du jouets traditionnel développent des produits clairement ciblés pour les adultes. On pense bien entendu à Bandai (avec sa filiale Tamashii Nations), à Hasbro ou à Mattel, mais aussi aux deux grands fabricants européens : LEGO et Playmobil.

En effet, les jouets de briques ont depuis longtemps conquis un public adulte, nostalgique ou non. Qu’il s’agisse de licences phares et durables (Star Wars, Marvel, DC Comics) ou de produits complexes ou design (LEGO Creator et LEGO Architecture), le fabricant danois a bien compris comment s’imposer sur un marché hyper concurrentiel. Quant aux Playmo, entre les véhicules de collection (Volkswagen) et les produits sous licence de films (SOS Fantômes, Retour vers le futur ou cette année l’USS Enterprise de Star Trek et une splendide DB5 de James Bond dans Goldfinger), la cible des collectionneurs/nostalgiques est bien identifiée.

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Persévérance de quelques réseaux de distribution

Certains acteurs de la distribution semblent également avoir pris conscience du potentiel économique que représentent les “kidultes”. PicWicToys multiplie les expériences sur la Toy photography avec des expositions en magasin, en utilisant des clichés d’artistes français dans ses publications sur les réseaux sociaux ou en s’associant au concours organisé récemment par Hasbro France et dont j’ai eu la chance de faire partie du jury. Chez JouéClub, l’événementiel est souvent calibré sur la cible des adulescents avec la participation à la journée Boglins à Paris, l’organisation d’expositions ou de boutiques éphémères (DC Comics, Harry Potter)… Bref, il y a des initiatives.

Olivier Donval, directeur des collections chez JouéClub nous a d’ailleurs confirmé récemment l’arrivée d’un catalogue dédié aux collectionneurs pour Noël 2021. L’idée est de présenter les produits prémium (genre l’USS Enterprise de Star Trek sortie chez Playmobil) ou collector dans un support dédié à partir du 1er décembre. L’idée est bien entendu d’occuper une niche et de fournir à quelques semaines de Noël un guide d’achat pour faire un cadeau à un “kidulte” [punaise, ça va rester cette étiquette].

Il faut dire que la concurrence est déjà rude sur cette niche. PicWicToys et JouéClub rivalisent pour convaincre les collectionneurs de passer chez eux. Dans un article qui date presque d’un an, nous avions salué cette dynamique. La situation a très faiblement évolué dans le secteur. On aperçoit bien quelques rayons “geek” dans certains hypermarchés, mais souvent plus en liaison avec les jeux vidéo qu’avec les jouets. Certes ces rayons croulent sous les Funko Pop! [no comment], mais on y trouve parfois du NECA voire du Mezco selon les magasins et les enseignes. En revanche, d’autres marques ont du mal à traverser l’Atlantique. McFarlane Toys, par exemple, semble particulièrement réticent à vendre directement à des réseaux de distribution et préfère passer par des importateurs qui, en ajoutant leur marge, renchérissent le prix des produits. Cela n’a toutefois pas empêché PicWicToys de proposer des figurines McFarlane de The Witcher. Un choix économique et un pari intéressant.

C’est d’autant plus intéressant qu’autrement tout un pan de la pop culture, en particulier des marques phares comme DC Multiverse, serait réservé aux boutiques spécialisées ou à l’import.

Picwictoys - La Défense
PicWicToys – La Défense (octobre 2021)

Malgré tout JouéClub et PicWicToys arrivent donc à proposer des figurines pour collectionneurs de chez NECA (TMNT, Gremlins, BTTF…), Bandai (Saint Seiya), Mattel (Jurassic Park) ou Hasbro (Star Wars, Marvel, Ghostbusters) et ce dans des délais raisonnables de disponibilité par rapport aux Etats-Unis. Des exemples admirables existent aussi dans la grande distribution généraliste. Plusieurs magasins Cora ou Leclerc ont une démarche volontariste en matière de jouets collectors. Tout cela compense un peu la très mauvaise gestion des pré-commandes par les enseignes qui se veulent spécialisées et accumulent les exclusivités et s’illustrent régulièrement par leur incapacité à les distribuer (pré-commandes annulées, prix folkloriques…). Oui, je parle bien d’Amazon et de Micromania. J’ai par exemple eu début août une pré-commande repoussée sans explication (symptôme d’une annulation à venir) chez Amazon pour la figurine Black Series de Wrecker. Heureusement que j’ai pu la trouver chez PicWicToys récemment. Encore plus récemment, j’ai reçu une fin de non recevoir pour une pré-commande Spider-Man Marvel Legends. Il va falloir trouver la figurine ailleurs…

 

Les exemples ne manquent pas, mais c’est peut-être un mal pour un bien car au final toujours on a toujours plaisir à découvrir ces produits en rayon.

kidulte
PicWicToys – Paris La Défense – octobre 2021

Enfin, quand on a la chance de les trouver…

Paris et le désert français

Sans aller jusqu’à calquer les analyses du géographe Jean-François Gravier, j’emprunte avec provocation le titre de son ouvrage de 1947 pour insister que rencontrent les collectionneurs pour trouver les jouets qu’ils recherchent. Déjà à Paris, les périodes sont plus ou moins fastes, mais l’effondrement de plusieurs enseignes spécialisées a transformé l’exercice d’achat en une véritable chasse au trésor qui faute de magasins bien pourvus à proximité conduit bien des acheteurs à passer en ligne. Et là encore, même en ligne, ce n’est pas toujours simple.

D’ailleurs, il semble relativement symptomatique que Hasbro France ne mette plus en avant les préco chez Amazon ou Micromania sur son compte Instagram, mais privilégie une enseigne indépendante et très sympathique, Mania-Toys. Car oui, le Web continue d’être un vecteur important pour ces produits. C’est parfois le seul moyen de trouver ces fameux jouets dans beaucoup de régions. Le maillage territorial limité de PicWicToys et le réseau de franchisés de JouéClub ne permettent pas de proposer partout en France les rares produits collector comme les Marvel Legends, les Star Wars Black Series, les Ghostbusters Plasma Series ou les Power Rangers Lightning Collection… Tiens, que des produits Hasbro. Il faut avouer que les autres géants du jouet semblent avoir lâché l’affaire. Mattel est aux abonnés absents et Bandai est coincé avec sa licence de distribution accordée à Cosmic Group pour les jouets Tamashii Nations. C’est dommage car la firme japonaise a, sur le papier tout du moins, les moyens de distribuer en Europe correctement et directement les S.H.Figuarts et autres Myth Cloth sans devoir rémunérer un intermédiaire. Il est vrai que c’est pas toujours facile pour les distributeurs qui veulent vendre des produits Megahouse ou des Banpresto (directement vendus par Bandai France), mais on ne va pas chipoter.

Quelques autres initiatives font parfois long feu et on peine à voir la stratégie réelle derrière les effets d’annonce. On retrouve ainsi des mentions de jeux/jouets pour adultes dans ce communiqué publié à la mi-octobre pour l’ouverture d’un corner La Grande Récré aux Galeries Lafayette de La Roche-sur-Yon (Vendée).

 

Des enseignes comme la Fnac tentent aussi épisodiquement leur chance avec des mises en avant de produits collector plus ou moins bien identifiés et rangés. La démarche, intéressante, demanderait cependant plus de standardisation. En effet, selon les magasins, les Marvel Legends sont rangées dans ce rayon ou dans celui des jouets.

Mais la quête du collectionneur de jouets français connaît d’autres embûches.

Le fléau du peg-warming 

Sans être un phénomène spécifiquement français, les collectionneurs de jouets connaissent tous le peg-warming qui afflige certains produits collectors. Il se reproduit avec une régularité déconcertante pour les jouets Star Wars notamment (les rares dont la distribution a été consistante et régulière dans un grand nombre d’enseignes depuis près de trente ans). Il consiste pour un distributeur à anticiper une forte demande pour certains jouets, d’en commander de grandes quantités et au final de n’en vendre qu’une fraction. Les jouets invendus restent des mois en rayon, bloquant l’arrivée de jouets plus récents, sont parfois soldés (rarement en France où même en période des soldes légaux peu de distributeurs acceptent de vendre à perte) et finissent souvent chez des discounteurs, soldeurs et autres vecteurs d’écoulement des fins de séries.

Cet embouteillage est ainsi constaté fréquemment. On se rappelle des stocks de figurines Star Wars The Vintage Collection pour la ressortie en 3D de La Menace fantôme (2012), puis plus récemment de ceux des Black Series sorties pour les épisodes VII et VIII de Star Wars. Or le concept d’embouteillage est contraire aux principes de succession rapide des waves optés par Hasbro. Depuis quelque temps, on est passé à 4 voire 6 waves par an pour Transformers, Star Wars et Marvel. Si les jouets ne se vendent pas (pour des raisons de prix parfois également dans certaines enseignes), impossible de voir les waves suivantes en rayons.

Retard français

Tout ceci contribue à alimenter un sentiment désagréable chez les collectionneurs de jouets dont certains dépensent des centaines d’euros par an (voire par mois) pour satisfaire leur passion. C’est tout de même dommage de devoir passer par l’import et priver ainsi toute une filière française d’un chiffre d’affaires conséquent, non ? C’est pourtant ce que qui arrive fréquemment, et c’est aussi la responsabilité des fabricants. Prenons l’exemple de deux marques phares des années 80 qui font un retour remarqué aux USA et en Europe : G.I. Joe pour Hasbro et Les Maîtres de l’Univers pour Mattel.

Les jouets MOTU Origins en Allemagne et en Espagne

La France est l’un des rares pays où ces jouets sont absents des rayons. Le nombre de références est pourtant déjà conséquent et on a pu constater que Mattel faisait feu de tout bois en développant des produits sur tous les segments (lire notre article). Aussi, quand l’ami Patrick de Toykitch a tweeté des images de magasins allemands et espagnols, les réactions ont été vives et peu amènes pour Mattel.

On a du mal à comprendre ce qui justifie une telle différence de traitement entre la France d’un côté et l’Allemagne et l’Espagne de l’autre. On a l’habitude d’un décalage avec le Royaume-Uni, mais au niveau de l’Europe continentale on avait l’impression d’être tous logés à la même enseigne. Jusqu’à présent…

Selon plusieurs distributeurs Mattel espère distribuer les MOTU Origins à partir de 2022 soit près de deux après leur sortie mondiale. Il y a fort à parier que la plupart des collectionneurs auront déjà commandé leurs jouets sur Amazon ou en import. C’est donc un pari risqué que prend Mattel France. Un pari d’autant moins compréhensible qu’un début de distribution traditionnelle avait commencé à s’organiser pour certaines références MEGA Construx. On sait cependant comment Mattel France a savamment sabordé la marque MEGA Bloks au point de la voir disparaître des rayons et anéantir les efforts de la petite entreprise québécoise avant son rachat par le géant US. Snif.

Le cas spécifique de G.I.Joe

G.I. Joe bénéficie d’une image ambivalente en France chez les distributeurs de jouets. Le fiasco de la gamme Rise of Cobra en 2009 leur a laissés des stocks énormes sur les bras. Le traumatisme semble encore bien présent et justifie la prudence de Hasbro France avec la marque. Cet argument a été souvent répété ces dix dernières années. Déjà en 2012 Hasbro France expliquait qu’il ne fallait pas s’attendre à voir débarquer des jouets pour le film Retaliation.  L’embrouillamini qui a suivi la sortie du film aux US (report d’un an en décalage avec les jouets puis mélange des waves) avait presque tué la marque là-bas jusqu’à ce que Hasbro la relance au format 6″. L’espoir n’était donc pas complètement nul de voir des figurines G.I. Joe un jour en France. Ainsi l’automne 2020, Hasbro France laissait entendre que la gamme pourrait sortir en 2021, mais aujourd’hui on vise plutôt 2022. Il faut dire que la marque n’a pas pu compter sur une locomotive au cinéma.

La sortie du film a été reportée sine die en France et Paramount n’avait même pas pris la peine de reprendre la marque G.I.Joe sur ses affiches. La bonne nouvelle selon nos informations en provenance de chez Hasbro, c’est que les figurines Classified seront disponibles en 2022 et qu’il s’agira de nouvelles waves sans trop de décalage avec les USA.

 

La question de la disponibilité des produits

Si les initiatives de Hasbro et de deux distributeurs cités sont louables, elles ne calment pas toujours la frustration des fans qui peinent à trouver les produits qu’ils cherchent en France. En effet, les quantités sont trop souvent limitées entrainant des ruptures de stocks très rapides. On peut citer l’exemple des Black Series The Mandalorian en 2019 et fin 2020 ou plus récemment les deux waves Disney+ Marvel Legends. Ces références ont fait de brèves apparition dans les rayons des magasins flagships de JouéClub, les fameux Village JouéClub. Toutefois les quantités ultra limitées ont vite été épuisées en quelques jours et il faut parfois des semaines avant de les voir revenir chez JouéClub ou chez d’autres distributeurs. Les consommateurs sont de plus en plus sensibles à la frustration et recourent avec d’autant plus de facilité à l’achat en ligne souvent à l’étranger. Et voilà, on revient encore au phénomène qui érode le potentiel commercial des “kidultes”.

On comprend naturellement que le marché français pour ce type de produits ne soit encore bien identifié et qu’il soit difficile pour des acheteurs non avertis (cf. supra) de mesurer les quantités que leur réseau est en mesure d’écouler, mais à FulguroPop nous nous tenons à la disposition des acteurs du jouet qui souhaiteraient mieux exploiter ce gisement de croissance. Ce serait dommage de laisser perdre toute cette énergie et cet argent, non ?

Blaster
A suivre

6 comments

Bonjour à tous,
Personnellement, je pense qu’un collectionneur cherche plus qu’un achat de jouets. Un collectionneur souhaite échanger, partager sa passion, c’est de la nostalgie, du sentimental.
Dans les grandes enseignes il n’y a rien de tout cela. Chez Natoys, petit E-commerce spécialisé en jouet vintage et rétro, nous avons axé notre stratégie sur l’humain, nous communiquons avec les clients via les réseaux sociaux. Lors de salons, nous échangeons énormément. Nous sommes des passionnés, rien à voir avec ces commerçants de jouets.
Notre survie passe par les collectionneurs qui nous font confiance, ce n’est pas toujours une question de prix mais de services, de relations chaleureuses.
Merci de m’avoir lu.
Frédéric de chez Natoys.

Je plussoie et bon courage à ceux qui me liront jusqu’au bout xD
Le gros problème du marché français de mon point de vue est qu’il est enlisé dans des pratiques devenues la norme depuis trop longtemps.
Bien sûr comme dans tout, il n’y a pas de solution miraculeuse et immédiate. C’est bien là tout le problème car il faut des résultats immédiats et quand je dis résultat c’est de l’argent qui rentre de suite en ayant pris zéro risque ou alors qui n’ont coûté que très peu, car le nerf de la guerre reste les marges, fric=pognon comme le dirait un vieux monsieur. Faudrait pas que les actionnaires et comité de direction touchent moins d’argent que l’année précédente (mais entre les marges, l’exploitation et limitation du personnel faut encore engranger plus).
Rien de neuf là-dedans et de propre à la France, c’est le modèle capitaliste/consommation mondiale. Chaque pays a sa culture, ses codes et donc ne peut être transposé bêtement pour espérer que çà fonctionne, mais nous payons des années de choix stupides qui ne cessent de s’accumuler et ne font que renforcer la non prise de risque (effective chez tout le monde).

La non distribution aux bonnes dates, l’intégralité des waves et leur contenu entier, les prix souvent voir quasi supérieurs à ce que coûte le fait d’importer (Europe ou en dehors taxes comprises). Le choix du flux tendu, car un stock coûte de l’argent, pas de retours fournisseurs en cas d’invendus et surtout des promos difficiles à faire.
Aparté :
Car même lors des soldes il faut garder des marges (cela est commun à tout système commerçant pas seulement le jouet). Faire venir des produits spécialement pour des soldes à des tarifs préférentiels pour les vendre à prix bas (pour l’œil du client et qu’ils croient que c’était des produits soldés) mais l’enseigne fait toujours de la marge dessus.
Coucou BlagueFriday, aux US ils sabrent, chez nous ce ne sont que là encore du camouflage (produits choisi exprès et prix montés 2à3 semaines avant pour donner l’impression d’une baisse) Qu’on me dise pas que je vois le mal partout (bon certes oui) mais pour avoir bosser dans ce milieu “d’enfulé” je connais, j’ai pratiqué assez longtemps l’enfilade client.
/aparté
Les magasins qui ne savent pas ce qu’ils vont recevoir en terme de référence et quantité, des cartons ne contenant que 2 à 3 modèles en quantités et peu ou pas des autres…
Les sites et magasins en décalage total et qui n’ont toujours pas compris le virage d’il y a plus de 10ans sur les ventes internet, continuent de venir pleurer Mamazon tout çà les vilains (attention ils ne sont pas tous beaux tous gentils, mais à un moment il faut arrêter de cibler toujours les mêmes, ce ne sont pas les seuls, les enseignes elles mêmes sont aussi responsables des problèmes). Le monde et ces problèmes sont gris (partagés).
Selon les enseignes on ne peut pas commander depuis le magasin un produit du net, il faut le faire soi même de chez soit et pas sûr qu’on est le droit de faire un retrait dans ce magasin. Les stocks retraits 1 à 2h en magasins erronés et quand on demande à un vendeur si le produit qui n’est pas en rayon ne serait pas en réserve, la réponse direct sans cherche à savoir si oui ou non est forcément “c’est une erreur du site”. Même pas une tentative d’aide comme, commander et demander le retrait non rien. La chaîne entière du bas jusqu’en en haut est pourrie.

Le circuit de distribution “imbittable” (y’a pas d’autre nom). La marque vend à une centrale/importateur les produits, revend à la centrale de l’enseigne, qui revend au magasin du coin (oui son propre magasin de son enseigne à elle). On ajoute les frais personnels (maigres vu l’exploitation heures/conditions/salaires), les meubles et tout les frais du bâtiment. Au final tout le monde a pris sa marge et le CONsommateur paye son produit plusieurs fois. Le système est ainsi et non propre au jouet mais bancale et n’aide pas à faire que l’importation reste très souvent bien plus intéressante.
Cas d’école pour revenir sur Bandai empêtré avec CosmicGroup, qui n’en sont pas à leur premier mauvais/stupide choix (à vous de choisir). Il y a quelques années Bandai France pour vendre des Myth Cloth Saint Seiya achetait auprès de Bandai Japon ce qui a permis d’avoir des MC à 30/40 voir même 50€ dans des JouéClub par ex (2003). Cela dura quelques années puis Bandai Japon interdit cela.
Pour continuer à obtenir des produits, Bandai France dû passer par TamashiiNations pour obtenir les MC (intermédiaires et délai supplémentaires) résultats disponibilité, délais tout se dégrada (et adieu l’achat physique).

Autre problème, Paris centre de la France que dis-je du monde, de l’univers et de tout les autres Multivers même. Là encore ce n’est pas propre aux jouets.
Il faut arrêter de mettre en avant l’idéalisme des choix que propose 1 ou 2 magasins phares de l’enseigne. Ce sont des magasins vitrines. La réalité du terrain comprendre à quelques kilomètres (sans parler de la “campagne”, la vraie à 250/300km et pas la périphérie parisienne) est catastrophique voir au mieux désertique. Alors oui l’espace à disposition pour exposer ainsi que les moyens ne sont pas les mêmes (ainsi que le nombres de personnes pétillements acheteuses) mais toutes actions mis en œuvre ne sont QUE sur/pour eux.

Les analyses du secteur des jouets ne parlent que de CA, marge, volume de vente et cible mais à AUCUN moment de la distribution. Quantité, régularité, disponibilité (magasin ou site).

Vouloir classer toute chose et tout le monde pour ainsi cibler et créer une appartenance … Kidulte ou comment vouloir surfer sur une hype marketing de quelque chose qu’eux même ne connaissent/comprennent pas et ne maîtrise pas. La non prise de risque (comme déjà dit), proposer des crasses Pop parce que çà se vend (certaines sont mimi je l’avoue) mais si cela marche c’est avant tout parce que les prix sont “relativement” bas, accessible. De très (trop) nombreuses licences pour toucher le plus de personnes, des déclinaisons à outrance de la gamme Pop (et çà fonctionne, Funko à tout compris et surexploite tant que çà fonctionne ils ont bien raison)… le tout pour une qualité de correct/potable proche d’un produit qui aurait été copié (KO).
En payant confortablement pour assurer les mises en avant et les mètres de linéaires venant ainsi cannibaliser tout autres produits mêmes ceux en face desquels ils ne seraient pas en concurrence, il faut que çà se voit et être partout.

Malgré mon aversion pour les produits Funko, ils ont compris comment le marché adulte/collectionneur/collectionneur occasionnel ou ponctuel voir potentiel fonctionne.
Playmobil et Lego malgré de grandes difficultés tiennent encore bon car restent dans l’esprit des gens de part leur longévité et propose des produits même dans les magasins perdus (supermarché de cambrousse). A noël ou évènements de l’année dans les hypers ont trouvent des displays et des linéaires entiers de produits.
Eux aussi payent pour cela, pas de miracle. Mais contrairement à de nombreuses marques ils ont la volonté de faire quelque chose et s’en donne les moyens (du moins tente).
Reste aussi que dans l’esprit des gens, Playmobil ou Lego “ce n’est pas sale” mais je reviendrais sur ce point.
Quand des Hasbro, Mattel et autres diront qu’ils n’ont pas l’argent pour (tant bien même, mais refuser de distribuer un produit ou même de proposer une solution internet avec retrait en enseigne pour au moins minimiser les coûts par ex ET le faire savoir, çà c’est pour vous EspaceCulturelLeclerc avec les Motu Origins), il ne faut pas chercher plus loin leurs problèmes.

Parlons d’Hasbro qui est un bon exemple de nivellement vers le bas (Funko aussi tousse tousse), depuis l’apparition en 1984 des Transformers leurs produits ont connu des fluctuations (économique avec les coûts de fabrication, hype, indifférence, absences de support DA/JV selon les pays…) alors qu’ils disposent d’une licence forte (GiJoe est dans le même cas mais en plus compliqué) relancée par les films (de M.BayKaBoumToutExploseRegardeLeGrosPlanSurLeCulDeLaBimbo…) puis d’animé, jeux vidéo… proposent des gammes jouets plus ou moins avancés/détaillés et même pure collectionneur, ne cessent de réduire les coûts (les matières premières montent) robots plus petit, un Leader auparavant de 30cm n’en fait plus que 20 et est donc devenu de la taille d’un Voyager ancien sans parler de la simplification des articulations (et ainsi de suite). Les robots laissent apparaître des espaces creux visibles et non dissimulés donnant ainsi un aspect incomplet/non fini. De ce point de vue cela fait le bonheur de sociétés tierces qui vendent des kits additionnels et de panneaux pour boucher ces trous (le tout sans entraver la transformation ou mobilité). Le prix a t-il baissé ou resté stable pour autant ? Non forcément, il faut garder des marges et même les augmenter.

La mentalité du jouet en France est aussi source de problème, plus que dans le reste de l’Europe.
Le monde anglo-saxon voit les jouets comme normal et les collectionneurs (ado/adulte…) presque aussi. Il restera toujours des stéréotypes comme dans tout.
Une fois sorti du bas âge le jouet en France est mal vu. Dans les années 90s c’était à cause du jv, maintenant les téléphones, tablettes… certes çà participent mais n’est pas la seule problématique que les enfants délaissent les jouets. Arrivé à 10/12ans ont leur dit qu’il faudrait qu’ils arrêtent d’avoir des jouets ce ne sont plus des bébés, il faut grandir. Ado c’est encore pire et que dire d’adulte … le terme Kidulte résume parfaitement, un attardé déficient mental, on cherche à infantiliser …
A croire que nos marketeux appliquent à la lettre (un peu trop) le sketch des Inconnus “il ne faut pas prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu’ils le sont”.
Certes il y a des produits de part leurs complexités, fragilité, manipulations, design, licences, autres pour ado/adulte (comprendre figurines de collection qui sont destinés aux display ou manipulations minutieuses/réfléchies) et les jouets. Mais ces derniers peuvent très bien correspondre à toutes les tranches d’âges 1à77ans (ou plus xD) comme on dit.
Plutôt que d’essayer de catégoriser, on ne pourrait pas plutôt revenir au problème de fond ? Je sais c’est compliqué et çà demande réflexion.

Un point de vue sur le traitement du jouet par ex avec cet article :
Le musée du jouet de Londres en 2016, ToyzMag https://www.toyzmag.com/2016/06/23/vswv-childhood-museum-a-londres-musee-du-jouet-ideal/

Bref, on pourrait continuer longtemps, les choses sont compliquées mais se voiler la face avec les mêmes excuses indéfiniment ne fera pas changer les choses.

Note : Je garde tout de même mon point de vue de client lambda.
Il ne faut pas rester avec ces œillères car le mal est bien plus profond et touche tout le monde.
Etre parent et ne pas trouer en magasin ou via le site un jouet/produit en particulier est plus qu’agaçant et énervant quant en allant sur le net on trouve facilement ailleurs (et la question du prix fait mal aussi).
Alors dans un marché de niche et mal connu pour adultes (comme d’habitudes plusieurs mondes s’entrechoquent, les acheteurs nostalgiques, ponctuels ou réguliers) les marketeux à la demande du conseil de direction/actionnaires tentent de racoler large par tout les moyens et donc au détriment de certains pans.

Complexe à tous les niveaux.

Seb Ulba says:

Merci Blaster et FurySanctuary pour cet article passionnant.
Certaines enseignes comme PicWicToys ont fait de réels efforts ces derniers mois mais, le vrai problème, c’est qu’on n’y trouve rarement les figurines/toys que l’on cherche. Mais alors…QUE FAIRE ???

Perso, je pense aussi que le problème vient de la multitude de références : si les fabricants produisaient moins de “wave” il serait plus aisé de les trouver. Dans les années 80/90, il y avait une ou deux wave par an. Aujourd’hui ça déborde de partout. Ultime détail : le portefeuille du kidulte n’est pas extensible 😉

Cédric says:

Un grand merci pour cet article qui touche LE problème de beaucoup de collectionneurs français.

Je pense qu’il y a un énorme problème en France avec la représentation du dessin animé et, par extension, des produits dérivés. Nous en sommes toujours au point DA = enfant. Je lisais l’autre jour un commentaire sur le web disant que Netflix faisait un dessin animé gay pour les enfants… Or, il s’avère que ce DA, Queer Force, est destiné au 16+, pas aux enfants. Beaucoup en sont restés là : si c’est un DA, seuls les enfants sont concernés. Il n’est donc pas très étonnant que les vendeurs “classiques” soient fébriles à l’idée de vendre des produits chers, car ils s’imaginent que les parents ne paieront pas de telles sommes pour une figurine. Ils n’ont pas encore compris que la cible n’était pas celle qui colle à cette étiquette.

Comme le dit Seb Ulba, Picwiktoys fait des efforts sur ce sujet, mais cela ne se concentre – comme dans beaucoup d’enseignes – que sur certaines licences : Star Wars, DBZ, Marvel. Pour le reste, circulez, il n’y a rien à voir. Heureusement qu’il nous reste les boutiques d’import et le web.
Personnellement, j’avais commencé les GI Joe classified, mais j’ai abandonné au bout de 6 figurines. De même pour les Masters of the universe Revelation, trouvables sur le web, mais extrêmement rares et donc vite hors de prix. Les fabricants créent volontairement la pénurie, les distributeurs français sont aux abonnés absents… Bref, notre porte-monnaie n’a pas fini de morfler 🙂 🙂
Personnellement, j’ai fait le choix d’accepter d’interrompre une collection si elle ressemble plus à une prise de tête qu’à autre chose. Ça m’ennuie, ça me frustre, mais une figurine 100 % plastique à plus de 100 euros, je dis non. Je refuse de participer à ce qui ressemble de plus en plus à un racket organisé 🙂

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