Captain Power : documents conceptuels et analyses (Mattel 1987)

 

Ma passion pour les jouets vintage s’est affinée au fil des années, et je suis passé d’une approche plutôt globalisante – c’est à dire incluant les décennies 80 et 90 –  à une portion temporelle davantage raisonnable qui contient, à peu de choses près, la totalité des licences chères à mon cœur.

Cette fourchette historique se situe précisément entre 1986 et 1989 (période Hexagonale), même si certaines gammes de jouets extérieures à ce périmètre ont également mon affection. Je pense spontanément aux Power Lords que j’ai connu durant mon enfance autour de 1985 ainsi qu’aux Tortues Ninja qui ont marqué mes années 1990 et 1991.

La Horde Sauvage, les Snake Men, les Rock Lords, les Visionaries, les Sectaurs, les G.I.Joe, les Cache Démons, les SilverHawks, voilà des références intrinsèquement reliées à des souvenirs d’enfance et auxquelles je porte un intérêt majeur à travers une vision essentiellement analytique.

Ceux qui me lisent depuis plusieurs années maintenant le savent, je m’intéresse beaucoup à la temporalité conceptuelle des jouets vintage, notamment via le décryptage de documents aux natures plurielles. Concept arts, transparency arts, visual arts, listings d’artistes, interviews, prototypes, maquettes, samples, tout est intéressant à traduire afin d’identifier des influences, des inspirations, des styles ou encore d’éventuelles contraintes en lien avec la production de jouets vintage, toujours à travers un besoin farouche de compréhension.

Aussi, et selon la datation évoquée précédemment, je souhaite aujourd’hui aborder la licence Captain Power et les soldats du futur à travers une épopée, si j’ose dire, conceptuelle. J’utilise sciemment le terme épopée car plusieurs dossiers seront nécessaires. La somme d’informations, parfois confidentielles, que je souhaite partager dans FulguroPop est trop importante pour être centralisée en une seule production.

Il est donc envisageable dans les prochaines semaines que plusieurs suites voient le jour. J’ai opté une nouvelle fois pour un déroulement linéaire des informations. Une structure qui rendra possible quelques excursions et autres périphéries stylistiques. Bonne lecture à tous.

Mon précédent dossier vintage évoquant le Turbo Skate de Playmates Toys avait parfaitement mis en lumière le fait que certaines licences des années 80 avaient bénéficié des compétences de plusieurs artistes afin de donner une forme illustrative et/ou matérielle à des personnages, des véhicules ou encore des environnements.

Plusieurs noms sont désormais célèbres dans l’histoire du design des jouets vintage de la décennie 80 mais certains sont curieusement restés dans l’ombre malgré des participations plus que notables à des œuvres parfois emblématiques.

Captain Power et les soldats du futur officialisera sa licence sur le tard, précisément en 1987. Plusieurs modifications et des contraintes complexes à gérer expliquent le délai très court entre le dépôt légal des droits et le lancement de la série comme des produits dérivés. Landmark Entertainment Group, la société de production cofondée par Gary Goddard et Tony Christopher, avait pour ambition de proposer une série live autant futuriste du point de vue de sa thématique que de son aspect technique. À vrai dire, le projet Captain Power and the soldiers of the future en V.O était tenu à bout de bras par Gary Goddard. Il est le père fondateur de l’œuvre et Tony Christopher sera plutôt attentif à la coordination de la série télévisée.

Captain Power et les soldats du futur constituait un challenge ambitieux pour l’époque, clairement inédit dans le registre de la série live, notamment à travers l’insertion d’images de synthèse. La dernière partie des années 80 sera une période charnière sur le plan des avancées technologiques, notamment dans le domaine du son, de l’image ou encore du jeu vidéo. De ce fait, Gary Goddard a judicieusement opté pour un traitement partiellement synthétique de l’image afin de mettre en scène des personnages robotiques ou encore des lasers intégrateurs.

Le monde futuriste post-apocalyptique de la série Captain Power et les soldats du futur a pris ses racines dans le premier opus de la saga Terminator (1984). Gary Goddard a toujours cité le film dystopique de James Cameron comme faisant partie de ses œuvres fondatrices et l’idée d’en introduire l’A.D.N dans sa série live apparaissait comme une évidence.

D’autres influences ont marqué la création de Captain Power et les soldats du futur : le style sentai mais surtout l’œuvre Star Wars qui n’est que très rarement raccordée à l’univers produit par Landmark Entertainment Group. Pourtant les porosités sont littéralement infinies. Ceci dit, c’est sans compter le terreau fertile qu’a proposé des backgrounds comme celui de Mad Max (1979), La Guerre des mondes (1898) ou encore V (1983). Curieusement, ils ne sont quasiment jamais corrélés à l’univers de Captain Power et les soldats du futur.

 

 

Captain Power et les soldats du futur c’est, de manière concise, une résistance humaine de la dernière chance qui combat des machines dont la seule volonté est d’asservir le monde. Les humains ont littéralement perdu le contrôle de leur propre technologie, laquelle s’est retournée contre eux.

Gary Goddard a entrepris la conceptualisation de sa série live futuriste en 1986, quasi concomitamment avec sa fonction de réalisateur pour le film Les Maîtres de l’Univers sorti dans les salles en 1987. Un portage en chair et en os sur le grand écran d’une licence à la longévité remarquable qui a surtout permis à Gary Goddard d’user de son partenariat avec Mattel afin de proposer à la firme de produire une gamme de jouets estampillée Captain Power et les soldats du futur.

Une première maquette, et j’insiste bien sur la nature de la réalisation, a été proposée au géant du jouet américain par Landmark Entertainment Group, précisément en 1986. Il s’agit du personnage Captain Power qui apparaît dans une tenue futuriste au croisement entre l’armure et la combinaison.

 

 

On relève immédiatement l’utilisation d’un sublime doré chromé sur une large partie de la maquette. Une teinte retenue en finalité par Mattel sur la déclinaison commercialisée du Captain Power avec cependant une superficie d’application qui s’est largement réduite pour deux raisons : d’abord afin de limiter les coûts de production mais également parce que Mattel n’était pas favorable à l’utilisation d’un doré miroitant pour ses action figures destinées à des garçons. Une couleur qui, selon le département conceptuel de la firme, n’était pas assez masculine.

Lou Scheimer avait connu des divergences similaires en 1986 avec Mattel lors de la déclinaison du Marshal BraveStarr en action figure. Le géant américain du jouet s’opposa à l’idée d’un doré hypothétiquement miroitant pour l’intégralité de l’action figure tout en y intégrant du bleu. De ce fait, lorsqu’on examine le cheminement entre la maquette conceptuelle de Landmark Entertainment Group et le Captain Power commercialisé, on a bien une inclusion beaucoup plus significative de la couleur bleue au détriment du doré chromé.

Il est intéressant sur le plan transitionnel d’examiner une autre déclinaison plastique du Captain Power, notamment à travers le catalogue Mattel de 1988. Il s’agit d’un sample, c’est à dire d’un échantillon destiné au circuit promotionnel, qui présente quelques particularités notables, dont des détails davantage soignés ainsi que l’utilisation d’un doré métallisé pour les membres, l’arme et le casque. Il faut également souligner l’absence des rivets aux épaules, une configuration qui revient souvent sur les samples.

 

Ci-dessous, un visuel promotionnel relativement connu et réalisé par le designer/illustrateur Kim Passey qui a travaillé pour Landmark Entertainment Group. Ce visuel à l’aura animée faisait partie d’un book destiné à Mattel afin de présenter le pitch de l’œuvre Captain Power et les soldats du futur. Il est intéressant d’établir un lien entre la maquette conceptuelle de 1986 et la transcription esthétique du Captain Power sur l’artwork.

On retrouve un personnage quasi identique et appartenant à la même temporalité, c’est à dire bien avant que Mattel n’ait posé son véto stylistique. Par ailleurs, le design des autres protagonistes représentés sur l’artwork doit nécessairement interpeller. Il en ressort clairement des licences telles que SilverHawks, Maîtres de l’Univers ou encore G.I.Joe.

 

 

Le designer/illustrateur Kim Passey a œuvré pour Landmark Entertainment Group afin de produire des visuels destinés à Mattel. La création d’un licensing guide a été nécessaire dans l’optique de valider le design des personnages tout en les présentant au géant du jouet américain.

Kim Passey est parti des visuels conceptuels déjà établis par Landmark Entertainment Group afin de réaliser des artworks référentiels appelés aussi characters arts. Son traitement de Lord Dread, le seigneur Biotron en V.F, est très intéressant.

Ci-dessous à gauche, un des premiers concept arts de Landmark Entertainement Group pour le personnage Lord Dread. À droite, sa déclinaison retravaillée par Kim Passey pour Mattel. Au-delà des qualités graphiques concernant ces deux documents, il faut souligner le traitement cybernétique qui apparaît à travers une asymétrie très originale. L’élément le plus remarquable réside dans la représentation d’un rapace de métal qui semble indissociable du leader des Bio-Dreads.

Le design de ce volatile robotique est particulièrement évocateur et ce pour une raison bien précise. Il a été le point de départ concernant la création du personnage Soaron sky sentry ou Sauron foudre des airs pour la V.F.

 

 

Sauron foudre des airs est clairement le modèle que j’affectionne le plus parmi les différentes action figures Captain Power et les soldats du futur. Ceci dit, il est suivi de très près par le Tyrasson terreur terrestre (Blastarr ground guardian aux U.S). Un autre cauchemar de métal, cette fois-ci chenillé, que je trouve fascinant.

Soaron sky sentry en V.O est né du rapace robotique présent sur les concept arts de Lord Dread. Selon l’idée initiale de Landmark Entertainment Group, ce fameux volatile de métal devait être un espion réalisé en images de synthèse et aux ordres de Lord Dread. Une sorte de bras droit capable de rapporter des informations au leader des Bio-Dreads et évoquant clairement Laserbeak de la licence Transformers.

Cette idée d’un rapace robotique conçu en visuels synthétiques et qui devait se poser sur le bras ou l’épaule de Lord Dread générait de lourdes contraintes techniques, précisément en termes de raccordement d’images.

 

 

Le concept ainsi que le design du volatile mécanique ont finalement été modifiés lors de leur développement par Landmark Entertainment Group afin d’introduire un personnage supplémentaire dans la série live tout en allégeant la mise en œuvre technique. Et quel personnage, probablement un des plus représentatifs concernant l’univers de Captain Power et les soldats du futur. Plusieurs concept arts ont été produits afin de donner une forme définitive à ce qu’allait être Sauron, la sentinelle des airs.

D’ailleurs cette déclinaison nominative sky sentry présente sur les cartes U.S Mattel est un vestige du concept de départ suggérant un espion. Il en ressort une notion de guet comme de surveillance, en l’occurrence aérienne. Fait amusant, la version volatile conceptuelle de Sauron a été conservée sur une partie du merchandising estampillé Captain Power et les soldats du futur.

Kim Passey travaillera sur la sentinelle des airs bien entendu, toujours à partir des documents fournis par Landmark Entertainment Group. Parmi ceux-ci, j’ai à disposition des concept arts transitionnels qui illustrent, en partie, comment Sauron foudre des airs passera du volatile de métal au personnage anthropomorphe robotique.

Les croquis ci-dessous proviennent des archives de Landmark Entertainment Group et ont été supervisés par l’illustrateur Neal Adams, lequel a travaillé de près sur la licence Captain Power et les soldats du futur.

 

 

Plusieurs éléments sont remarquables : d’abord le design général, aux accents préhistoriques, laisse entrevoir une créature qui n’est pas nécessairement anthropomorphique. On imagine plutôt une sorte de grand ptéranodon à la façon d’un Swoop. Une véritable dichotomie s’installe entre l’aspect technologique de cette créature métallique conceptuelle et son évocation du Crétacé supérieur.

Ensuite il faut impérativement souligner les ailes qui enveloppent le corps du volatile. Il en ressort une dimension de protection mais on peut également établir un lien avec la fonction d’espion initialement envisagée par Landmark Entertainment Group.

 

 

Sans entrer dans une étude de style trop développée, j’ai toujours pensé que la forme définitive de Sauron foudre des airs avait été puisée dans l’univers Marvel, précisément à travers un personnage créé à la fin des années 60 et sobrement baptisé Soaron. Je l’avais écrit il y a quelques années dans ToyzMag à travers un Instant Vintage.

Aujourd’hui j’ai la certitude que Sauron foudre des airs a été strictement inspiré du Soaron de chez Marvel car ils ont tout simplement le même père créateur. C’est Neal Adams, en collaboration avec l’auteur Roy Thomas, qui a donné naissance au personnage Soaron pour les comics Marvel.

Sur le plan stylistique, Neal Adams a produit plusieurs travaux directement en lien avec la thématique de la préhistoire. Son traitement des environnements naturels est remarquable, tout comme ses interprétations graphiques de Conan et Tarzan. Je vous invite chaudement à parcourir le recueil illustratif et textuel The Art of Neal Adams aux éditions Vanguard Productions.

 

 

Gary Goddard a toujours manifesté, notamment via quelques interviews, une véritable admiration pour le travail de Neal Adams concernant ses créations dans le domaine des comics books. La participation de l’illustrateur au projet Captain Power et les soldats du futur allait entériner un partenariat avec Landmark Entertainment Group qui se renouvèlera en 1994 pour la licence Skeleton Warriors.

En effet, Gary Goddard fera une nouvelle fois appel à Neal Adams afin de designer les personnages squelettiques de la planète Luminaire, notamment pour la partie promotionnelle de l’œuvre. L’artiste couchera sur papier des visuels magnifiques.

Ci-dessous deux superbes artworks par Neal Adams représentant Shriek à gauche et le Prince Lightstar à droite. Ce dernier a été réalisé en partenariat avec l’illustrateur Greg Pro. Un autre artiste qui a également collaboré au projet Captain Power et les soldats du futur.

 

 

Neal Adams a véritablement marqué l’univers du comics, notamment en travaillant pour des firmes indissociables du jouet. Ce fut le cas bien avant les licences Captain Power et Skeleton Warriors,  précisément durant les années 70.

En effet, l’artiste œuvrera pour Mattel en participant à l’illustration de comics basés sur les petites voitures Hot Wheels. Le géant du jouet fera appel de nouveau à Neal Adams durant la seconde partie des années 80 afin de participer à la conceptualisation d’une suite concernant le dessin animé originel des Maîtres de l’Univers.

C’est ainsi que l’illustrateur produira une révision de He-Man baptisée King He-Man et évoquant clairement une continuité du personnage King Randor. Cependant l’idée n’a pas été retenue par Mattel, notamment pour sa déclinaison New Adventures qui se voudra davantage futuriste. C’est dommage, je trouve la création de Neal Adams particulièrement réussie et inspirante sur le plan scénaristique.

Ci-dessous des croquis conceptuels illustrant les étapes qui ont conduit He-Man à devenir King He-Man. Neal Adams a un coup de crayon que j’apprécie particulièrement et son traitement esthétique du prince d’Eternia laisse entrevoir en filigrane des références comme Tarzan ou encore Rahan.

 

 

Selon l’univers des comics books évoqué précédemment, Neal Adams sera en charge des illustrations présentes dans les comics Captain Power et les soldats du futur publiés aux Etats-Unis à partir de 1988. La partie scénaristique était assurée par J. Michael Straczynski, lequel officiait déjà sur la série live.

Ci-dessous à droite, une coupure extraite d’un comics Captain Power et les soldats du futur avec une représentation de Sauron foudre des airs par Neal Adams. À gauche, une illustration conceptuelle de Kim Passey mettant en scène la sentinelle des airs. Le visuel a été notamment repris pour un calendrier ainsi que pour une couverture du magazine Captain Power et les soldats du futur publié à partir de 1988.

 

 

Un autre traitement graphique, et pas des moindres, existe concernant Sauron foudre des airs. Il s’agit d’un cross-sell art présent au dos des blisters Mattel et remanié pour la file card. Ces visuels ont été réalisés par un grand nom de l’illustration, William George.

Cet artiste de génie a également conceptualisé les autres artworks des cartes concernant les jouets Captain Power et les soldats du futur. Un travail remarquable qui renvoie à cette dimension qualitative handmade dont je suis particulièrement friand et que je mets aussi souvent que possible à l’honneur dans mes productions.

 

 

Ci-dessous, un prélèvement effectué sur le cardback U.S du blister de Soaron sky sentry (1987 datation U.S). Ces cross-sell arts s’inscrivent réellement dans une tradition visuelle indissociable de la décennie 80. Je joins également un concept art, toujours réalisé par William George, concernant la création de la carte pour le major Hawk Masterson.

On identifie parfaitement sur le document la délimitation du blister avec le portrait du personnage légèrement excentré. Une configuration typique des cartes Mattel pour la gamme de jouets Captain Power et les soldats du futur.

Par ailleurs, je vous invite à visionner la deuxième VHS d’entraînement Bio Dread Strike Mission afin d’y découvrir le traitement animé de bots assimilables à Sauron foudre des airs. Le style graphique évoque sans conteste des licences comme Gundam (1979) ou encore Macross (1982).

 

 

Pour les initiés, qui dit William George dit Maîtres de l’Univers. L’illustrateur a largement officié chez Mattel afin de promouvoir sa gamme de jouets phare des années 80. Génie des artworks, William George a produit des illustrations devenues mythiques.

Il existe beaucoup plus de liens entre les Maîtres de l’Univers et la licence Captain Power qu’il n’y paraît. Le point d’intersection sera l’année 1986, avec le tournage du film Les Maîtres de l’Univers où, comme mentionné précédemment, Gary Goddard officiera aux commandes en tant que réalisateur tout en conceptualisant de manière parallèle la série Captain Power et les soldats du futur.

Une interconnexion d’équipes professionnelles va créer de véritables porosités entre les univers live de Captain Power et de He-Man. On va effectivement retrouver des éléments stylistiques communs, notamment en raison d’artistes qui ont œuvré sur les deux projets.

Parmi ceux-ci, il faut citer le designer Edward Eyth. Cet artiste talentueux a façonné plusieurs costumes et accessoires pour le film Les Maîtres de l’Univers tout comme pour la série live Captain Power et les soldats du futur.

 

 

Je souhaiterais attirer votre attention sur Blade, le mercenaire d’Eternia à la solde de Skeletor dans le film Les Maîtres de l’Univers. Le costume de ce personnage – incarné par le cascadeur et spécialiste en maniement d’armes Anthony De Longis – a été conceptualisé par Edward Eyth.

La perméabilité que j’évoquais précédemment au sujet des œuvres live Captain Power et les soldats du futur ainsi que Les Maîtres de l’Univers est vérifiable en filigrane à travers des éléments stylistiques spécifiques à Blade et Lord Dread.

 

 

La mise en correspondance des deux personnages fait ressortir un traitement esthétique commun selon certaines particularités : l’asymétrie, la configuration oculaire, les doubles extensions latérales aux niveaux des oreilles, l’absence de cheveux ou encore l’implantation de métal sur les visages.

De manière globale, je trouve que cette grille de lecture stylistique, intrinsèquement liée à la patte d’un artiste, est assez stimulante.

 

 

Lorsqu’on évoque le film Les Maîtres de l’Univers de 1987, un autre nom inscrit dans le domaine du design me semble capital à citer, celui de Luc Mayrand. Voilà un génie de l’ombre – spécialisé dans le style industriel – qui a officié sur le portage de He-Man au cinéma, principalement en tant que technicien des armures.

En effet, de nombreux personnages du film présentent des cuirasses de différentes natures avec nécessairement des contraintes occasionnées pour les acteurs qui les portaient, que ce soit en termes de mouvements ou encore de poids. Le travail de designer effectué par Luc Mayrand consistait à associer esthétique, ergonomie et technicité.

Selon l’idée d’interconnectivité professionnelle évoquée précédemment, Luc Mayrand œuvrera également pour la série live Captain Power et les soldats du futur, précisément en tant que directeur artistique chez Landmark Entertainment Group. Une de ses implications les plus remarquables concerne probablement son travail sur la version alternative de Lord Dread qui devait figurer dans la seconde saison de la série live Captain Power et les soldats du futur, laquelle a été malheureusement avortée durant sa conceptualisation.

Un autre rapport étroit au revêtement métallique est présent à travers les productions crayonnées de Luc Mayrand. Ci-dessous à gauche, la seconde version de Lord Dread (Réf 8801) à mettre en perspective avec sa déclinaison visible dans la saison 1 de Captain Power et les soldats du futur. Le concept art suivant illustre un superbe close-up du bras droit cybernétique V.2 (Réf 8801) prévu pour le leader des Bio-Dreads.

 

 

À travers une autre temporalité, Luc Mayrand sera de nouveau sollicité par Gary Goddard, précisément en 1993, afin de participer au développement de ce qui allait devenir officiellement la licence Skeleton Warriors. L’artiste a apporté une vision pré-conceptuelle de l’œuvre.

Ci-dessous un concept art de 1993 signé Luc Mayrand pour la licence Skeleton Warriors. On est clairement sur une période early avec un véhicule dont le design évoque en partie ce que sera le Skeleton Legion Skullcycle ou encore le Skeleton Legion Attack Craft.

Concernant le personnage représenté aux commandes de l’aéronef, on peut imaginer une version pré-conceptuelle du Prince Lightstar, du Prince Joshua (Grimskull) ou peut-être du “human” Baron Dark. Les pistes sont plurielles.

 

 

Revenons au portage filmique des Maîtres de l’Univers. Les convergences entre les traitements des univers live de He-Man et de Captain Power sont insoupçonnées et pourtant les similitudes foisonnent. En ce sens, je souhaiterais évoquer à nouveau le personnage Sauron foudre des airs, précisément à travers l’action figure commercialisée par Mattel.

Une sorte de grand fusil d’assaut au design assez futuriste et intégralement moulé dans un plastique noir était fourni avec le personnage. Ci-dessous un double visuel incluant à gauche la version commercialisée de Sauron foudre des airs et à droite un sample prélevé dans le catalogue Mattel de 1988.

On regrette que la superbe peinture grise métallisée n’ait pas été conservée pour le modèle définitif, très certainement afin de limiter les couts de production. D’autre part, il faut mettre en relief sur le sample de Sauron foudre des airs l’absence de rivets aux épaules et des détails davantage soignés que sur son homologue produit à grande échelle.

 

J’attire votre attention concernant le design du fameux fusil d’assaut futuriste noir. Cette arme était d’une certaine manière suggérée dans le film Les Maîtres de l’Univers de 1987, précisément à travers les Skeletor’s Troopers.

Ces sbires, dont le design évoque clairement l’œuvre Star Wars et faisant office de chair à canon, utilisaient entre autres des fusils d’assaut futuristes à mettre en perspective avec celui de l’action figure Sauron foudre des airs. En pratiquant une observation minutieuse, on identifie de véritables chromosomes communs.

 

 

Mais c’est sans compter une autre symétrie intéressante, cette fois réalisée avec le Dread Trooper et le Dread Commander, deux action figures Captain Power et les soldats du futur commercialisées à partir de 1988 de manière très confidentielle mais tout aussi officielle, notamment en Asie.

Plus globalement, il faut souligner l’implication de l’artiste Claudio Mazzoli pour le film Les Maîtres de l’Univers de 1987. Il a été concept designer officiel de l’œuvre et son travail impactera l’esthétique d’une nouvelle vision des Maîtres de l’Univers : He-Man – The New Adventures (1989).

Claudio Mazzoli travaillera également sur la licence Skeleton Warriors, notamment dans le développement de personnages mais aussi pour la partie visual arts. Ses artworks destinés à soutenir le pitch du support animé sont magistraux.

 

 

Par ailleurs, la licence Captain Power et les soldats du futur est raccordable d’une autre manière au domaine cinématographique. Précisément à travers Tony Christopher qui a travaillé pour le géant de l’animation Disney dès la fin des années 70.

Là encore, le croisement de deux mondes a permis des collaborations pour le moins inattendues durant la période conceptuelle de l’œuvre Captain Power et les soldats du futur. Aussi je souhaiterais citer le designer Eddie Sotto qui a œuvré pour le pôle de recherche et de développement en images de Disney.

Cet artiste a produit pour la licence Captain Power et les soldats du futur des illustrations conceptuelles à propos de certains personnages. Ci-dessous une version du Captain Power selon Eddie Sotto. Plusieurs éléments stylistiques seront visibles dans la série live, dont le fameux bouclier qui se déploie de manière corollaire, attribué notamment au Tyrasson terreur terrestre.

De manière anecdotique, le designer Luc Mayrand évoqué précédemment œuvrera également pour le géant Disney à partir de la décennie 90.

 

 

Toujours selon cette idée d’interconnectivité professionnelle, la proximité de Gary Goddard avec Mattel ne pouvait qu’offrir une collaboration afin de décliner l’univers de Captain Power et les soldats du futur en jouets.

La chose n’a pas été aisée. Comme mentionné au début de cette production, la firme Mattel avait une vision très codifiée des jouets qu’elle souhaitait produire et surtout vendre durant les années 80, notamment en termes de chromatiques.

D’autre part, le géant du jouet américain avait imaginé dès 1986 un système à infrarouges permettant de déclencher des actions à distance. Un gimmick assez novateur pour l’époque et prometteur, au point de l’inclure avec engouement dans la gamme de jouets BraveStarr (1987).

Si Gary Goddard voulait des toys Captain Power et les soldats du futur estampillés Mattel, il fallait accepter d’inclure ce système à infrarouges via une interactivité entre les jouets et la série live. Plusieurs problèmes techniques ont été rencontrés jusqu’à revoir la configuration d’affichage utilisée pour les télévisions cathodiques.

Les zones d’impact affichées à l’écran – notamment sur les Bio-Dreads Troopers – et qui devaient être atteintes avec les faisceaux provenant des jouets Captain Power et les soldats du futur, ont été largement inspirées par la configuration d’une action figure, toujours sous licence Mattel. Il s’agit du Captain Laser (1980) de la gamme Big Jim. Décidément, voilà une autre représentation incluant un capitaine et des lasers.

 

De manière raisonnable, je clôture ce premier dossier Captain Power et les soldats du futur ici.  Pourtant il me reste une somme incommensurable d’informations à partager et l’envie comme la frustration se font sentir. Alors il faut considérer cette petite production du jour comme une entrée en matière.

Le déroulement linéaire est une structure que j’apprécie de plus en plus. Comme je l’avais exprimé dans l’épilogue du dossier évoquant le Turbo Skate, il est particulièrement agréable de pratiquer des excursions et autres digressions informatives tout en conservant un connecteur logique, aussi infime soit-il.

Alors en toute honnêteté, je suis allé consulter par curiosité la fiche Wikipédia de la série live Captain Power et les soldats du futur. J’ai cessé de la lire à partir de la troisième ligne où Gary Goddard et Tony Christopher étaient présentés d’égal à égal concernant la paternité de l’œuvre.

Le second dossier vintage dédié à la période conceptuelle de la série live Captain Power et les soldats du futur inclura, entre autres, des symétries en lien avec les licences SilverHawks, G.I.Joe, Maîtres de l’Univers et Skeleton Warriors. J’évoquerai également des artistes comme Drew Struzan, William Stout et Jack Kirby.

Par ailleurs, ce dossier était ma 200ème production dans le magazine FulguroPop. Je souhaite remercier chaleureusement Julien/Blaster pour la confiance qu’il m’accorde ainsi que pour l’opportunité qui m’est offerte de publier mes travaux.

J’espère que cette parenthèse conceptuelle vintage aura été agréable à parcourir. Rendez-vous d’ici peu, je l’espère, afin de partager ensemble une autre vision des jouets de la décennie 80. Merci à tous pour vos lectures. Cette production est spécialement dédiée à MF, KissFan, Tyler, Julortk et Dido, des fines lames passionnées par le jouet vintage des années 80.

32 comments

Dido says:

Un très grand merci Nicko pour ce fantastique article qui prolonge bien pour moi la lecture du livre de Pascal Pinteau consacré à Big Jim. C’est vraiment un excellent travail et j’ai hâte de lire la suite de tes publications sur cette gamme que je connais très bien et qui m’est très chère.
Je te rejoins sur les gammes pour garçons des années 86-89 ( tout ce qui va avant l’ère Tortues Ninja pour moi) et j’en discutais encore cette semaine avec mon fils de 12 ans lorsque nous échangions sur nos jouets fétiches , lui qui collectionne les figurines « Sky Landers » en brocante maintenant .
Je porte encore un double regard sur le « Captain Power et les soldats du futur » :
– Celui du gamin de 12 ans un peu fauché qui avait trouvé dans ces jouets un palliatif aux gammes plus chères : J’étais déjà un afficionado de la série de « la Cinq » et quoi de plus fantastique que ces super soldats qui n’avaient pas besoin de véhicules coûteux (c’était mon avis) pour remplir leurs missions ? Hawk Masterson était un avion vivant, Tank Ellis était … un tank et j’ai plus joué avec le set de base disponible en France ( 6 figurines pour moi) qu’avec la plupart de mes autres persos. Tu évoques Nicko les cartes de ces figurines, j’aimais particulièrement ces dernières, notamment la fiche bio au dos : chaque perso avait un grade (c’était tendance à l’époque), un blason personnel et surtout, des forces et faiblesses mentionnées … Combien de fois me suis-je interrogé sur celle du Major Masterson… l’âge ?? A 12 ans, c’était une notion relative… j’ai sans doute aujourd’hui l’âge de Hawk et mes genoux me trahissent !
– En tant que collectionneur, j’ai eu la chance au début des années 2000 de récupérer un set complet, la chance d’abord de découvrir des figurines inédites ( j’étais émerveillé devant Scout et Stingray) celle ensuite de trouver une gamme vintage extrêmement accessible ( stock et finances) car elle n’avait pas le prestige des Maîtres de l’Univers ou des Joes.
Dernier clin d’œil amusant pour moi, j’ai souvent revu ces figurines en brocante, loose bien sûr, avec le blason effacé … Combien de fois ai-je posé mon pouce sur cet enseigne en invoquant « Basculez » ? Et combien en ont fait autant ? 😉
Tu parles Nicko des interconnections entre gammes chez Mattel et si je n’ai pas été sensible à la récupération de certains personnages dans la gamme « New Adventures He-Man » ( Flipshot, Hydron , Vizar voir Tuskador ressemblent furieusement aux Soldats du Tutur), j’ai été heureux d’en retrouver certains dans la gamme MOTU Classic … Sans chrome bien sûr !

Encore merci pour ce bon moment de lecture et ces documents exclusifs que tu partages !

Nicko says:

Je suis très honoré Dido de lire que tu relies mon travail au livre de Pascal Pinteau et même gêné. Son ouvrage est bien présent dans ma bibliothèque même si je n’ai pas connu durant mon enfance la gamme Big Jim. Le livre Big Jim : un monde d’aventures est l’exemple parfait de l’ouvrage qui va marquer au fer rouge les amateurs de jouets vintage, au même titre que Nos Jouets 70-80 car la forme comme le fond sont réussis. Les qualités graphiques concernant le livre de Pascal Pinteau sont exceptionnelles à travers notamment l’inclusion de dioramas pour mettre en valeur les action figures Big Jim présentées. L’esprit de certains catalogues de jouets est clairement là. On sent bien que la forme a été travaillée et le fond ne peut que s’en trouver sublimé. Cela m’évoque une phrase que répétait en boucle un de mes professeurs de lycée : “La forme entraîne le fond“. Et puis parler de jouets dans un livre, c’est aussi capter un esprit graphique, une esthétique qui va subtilement rappeler la ou les gammes évoquées. C’est littéralement vital. Des éléments visuels, des codes et plus globalement une approche qualitative que Pascal Pinteau a su parfaitement retranscrire.

Je te remercie Dido pour ton message qui suggère beaucoup de thèmes. Sur le plan tarifaire, certaines gammes ont proposé une jouabilité accrue pour un prix modéré. La licence G.I.Joe sous sa déclinaison 3 3/4” est un bon exemple avec ses 35 francs en moyenne pour une action figure vendue individuellement en carte. Je ne suis pas un spécialiste des prix, loin de là, mais je pense qu’un personnage Captain Power et les soldats du futur devait se trouver approximativement dans la même fourchette tarifaire qu’un héros sans frontières malgré des articulations amoindries. En revanche si ma mémoire est bonne, les véhicules Powerjet XT-7 et Phantom Striker avoisinaient les 400 francs en 1988 pour l’Hexagone, un tarif notable malgré le fait qu’une action figure et un Blastpack 1200 étaient fournis dans chaque boite. Sans compter le dispositif à infrarouges.

Ce qui me semble important à souligner c’est le format. Une petite action figure était aisément transportable, souvent peu onéreuse et facilement stockable dans une chambre d’enfant. Des conditions qui engageaient peut-être davantage les parents à franchir le cap du financement. Plus globalement, Hasbro a véritablement marqué l’évolution du format et du packaging concernant l’action figure des années 80 selon un A.D.N imposé par Kenner et Star Wars.

À titre personnel, j’ai eu durant mon enfance Sauron foudre des airs et le Tyrasson terreur terrestre, mes deux modèles de cœur dans la gamme Captain Power et les soldats du futur même si la sentinelle aérienne aura quand même ma préférence. Un personnage dont l’uniformité chromatique est soulignée par quelques touches d’un rouge vif. La froideur robotique est parfaitement retranscrite à travers ce code couleur.

Il existe bien des porosités entre les gammes He-Man – The New Adventures et Captain Power et les soldats du futur. Un thème que je développerai dans les suites de ce premier dossier 😉

Je te remercie infiniment Dido pour ta présence ainsi que pour ton message qui évoque beaucoup de souvenirs 🙂

cédric says:

Un immense merci pour ce dossier ultra complet et très intéressant ! Mon Captain Power (le seul que j’ai eu dans cette gamme) trône toujours fièrement dans une de mes vitrines 🙂

Nicko says:

Merci beaucoup Cédric pour ta lecture et ta présence 🙂

Je pense qu’il faudra encore quelques parties complémentaires à ce dossier, au moins trois, afin d’arriver à un résultat hypothétiquement complet. Et encore, il reste tellement de parallèles à réaliser entre l’œuvre Captain Power et d’autres licences des décennies 70, 80 et 90. C’est d’ailleurs intéressant de constater que trois dizaines temporelles peuvent être corrélées de manière plus ou moins significative à la création de Gary Goddard. Une remarque qui traduit possiblement toute la diversité et la richesse de l’œuvre Captain Power et les soldats du futur, que ce soit sur le plan conceptuel, en termes de staff ou encore de références culturelles.

Par ailleurs je profite de ton intervention Cédric pour rappeler ostensiblement que Gary Goddard est fondamentalement le père de la licence Captain Power et les soldats du futur. Lorsqu’on lit plusieurs interviews du réalisateur, son implication créative apparaît très clairement selon des références culturelles qui lui sont propres, que ce soit en termes d’œuvres ou d’artistes. Aussi les interviews, si tant est qu’elles soient parfaitement retranscrites, constituent peut-être un des meilleurs moyens d’en apprendre sur la création d’une œuvre. Une collecte d’informations que je vis comme un réflexe depuis plusieurs années et c’est pour cela que je me méfie des fiches Wikipédia, pas vraiment en termes de datations ou de listings nominatifs, mais plutôt concernant les parties explicatives.

Merci de nouveau Cédric pour ton intervention 🙂

Tyler says:

Je vais me répéter, mais encore une fois merci Nicko pour ces articles de qualité.
Un plaisir à lire, et un plaisir encore plus grand à savoir qu’il va y avoir plusieurs suites.

Captain Power est une gamme que j’apprécie tout particulièrement, avec laquelle j’ai des souvenirs très précis et qui est, pendant longtemps, restée un plaisir personnel, la plupart de mes amis d’époque ne connaissant pas cette série.

Je suis toujours impressionné par la quantité de détails et d’informations dont regorgent tes articles. Je me demande toujours si les images conceptuelles sont tirées de sites ou si ce sont tes archives personnelles (et si c’est le cas, de quelle façon tu as réussi à mettre la main dessus). J’adore voir tous les concepts et autres crayonnés que tu partages.
Outre ces visuels alléchants, ton travail pour recouper les informations est vraiment incroyable, et le fonctionnement linéaire qui te permet les parallèles avec d’autres séries est très appréciable.

Comme bien des séries de l’époque (Dino Riders, Starcom, Visionaries, etc), je déplore l’impossibilité à pouvoir se procurer l’intégrale de la série en français (que le support soit physique ou dématérialisé), surtout qu’il me semble avoir lu quelque part que les VF ont été perdues. De mémoire l’on ne peut trouver que les 3 premiers épisodes français en VHS (et heureusement qu’ils existent).

La licence Captain Power restera pour moi une incompréhension totale dans son échec quand on voit le nombre d’artistes de renoms ayant travaillé pour elle. Avec sa qualité visuelle et ses effets spéciaux, pour l’époque en tout cas. La possibilité d’avoir une interactivité entre les jouets et la TV (malgré le fait que c’était loin de fonctionner correctement). Tant de grands concepts, je ne comprends pas que la recette n’ait pas prise. Peut-être que si elle avait été diffusée au Club Do plutôt que sur la 5, je ne sais pas.
Côté américain, je ne connais pas trop l’accueil que la série a reçue, mais si la seconde saison a été annulée alors que les scripts étaient prêts, j’imagine qu’elle n’a pas eu non plus le succès escompté.

Il me semble que pour le 30e anniversaire, il y avait eu un “gros” revival aux USA, ils avaient parlé soit de faire la saison 2, soit un spin-off appelé Phoenix rising. Enfin a vérifié, là ça fait un peu rumeur de comptoir.

Nicko says:

Merci de nouveau Tyler pour tes remarques particulièrement encourageantes ! 🙂

J’attache beaucoup d’importance au fond. C’est un élément capital dans ma manière de penser le jouet vintage et l’approche souvenirs/nostalgie, très importante également à mes yeux, ne me suffit pas. Je crois que ma sensibilité pour les productions travaillées vient à la fois du parcours scolaire que j’ai eu mais également vis-à-vis d’une initiation dès l’enfance à l’intéressement. La bibliothèque située dans ma chambre contenait beaucoup de livres aux thèmes variés : faune, flore, insectes, reptiles, fossiles et minéraux, félins, préhistoire etc. De plus j’avais la chance d’avoir une marraine qui était professeur de sciences naturelles, comme nous disions auparavant, et elle me rapportait les ouvrages qui n’étaient plus utilisés pour les programmes de l’année scolaire suivante. Je me retrouvais parfois avec des livres de 4ème et de 3ème alors que je n’avais que 8 ans. Je crois farouchement au pouvoir de la lecture et de l’intéressement. Tout peut être source de stimulation intellectuelle et je pense dur comme fer qu’il est possible d’injecter de l’intelligence dans tous les sujets. Je ne dis pas que je suis intelligent, bien loin de là, je dis simplement que lorsque je m’intéresse à un domaine, quel qu’il soit, je m’y plonge avec travail, passion et engouement.

Concernant ma méthodologie pour appréhender les jouets vintage, j’applique plusieurs processus qui me sont chers. D’abord l’archivage, c’est capital. Regrouper des informations de natures diverses et les classer. Aussi depuis 20 ans j’ordonne, je collecte, je prélève, je trie tout ce que je peux trouver, en allant de préférence à la source de l’information dès que cela est possible afin de garantir une certaine fiabilité. C’est très important.

Comme tu l’as souligné très justement Tyler, les documents conceptuels me tiennent particulièrement à cœur depuis toujours. Ils sont véritablement fascinants et ils conduisent fatalement sur des pistes inattendues. La surprise, la découverte ou encore la compréhension constituent une véritable source de motivation à mes yeux, un enjeu qui permet de redécouvrir nos jouets vintage. On sort du référencement ou de l’anecdote accrocheuse qui sont dépersonnalisés pour entrer dans une dimension de décryptage et d’analyse. C’est tellement stimulant.

Alors je ne possède évidemment pas tous les documents conceptuels qui illustrent mes travaux. Ceci dit j’en ai acheté beaucoup depuis 20 ans et j’en ai une quantité importante à la maison. Des originaux bien entendu et parfois des copies acquises sciemment en l’état pour leurs propriétés visuelles, en termes de dimensions comme de résolution. Parfois les versions dématérialisées du net sont trop petites et de mauvaise qualité. Sur le plan de la méthodologie, il est crucial pour moi de posséder physiquement ces documents conceptuels. En effet, cela me permet de les placer côte à côte sur une grande table afin de les confronter. Les détails ressortent, la perception des représentations s’en trouve nettement améliorée. Une configuration symétrique qui a façonné en partie mon approche analytique.

Concernant l’acquisition de ces documents, je suis passé quasi exclusivement par eBay U.S. J’en achète dès que j’en ai la possibilité et les finances. Les prix étaient dérisoires il y a quinze ans et encore aujourd’hui il est possible de trouver des petites pépites pour des sommes raisonnables. C’est véritablement un travail de recherche du quotidien. J’ai, à la louche, trois disques durs remplis et facilement une dizaine de classeurs à la maison.

Pour en revenir à la licence Captain Power et les soldats du futur Tyler, je pense que le succès mitigé de la gamme est multifactoriel. D’abord le système à infrarouges n’était pas d’une fiabilité et d’une performance sans failles. Les tarifs concernant les équipements étaient aussi relativement élevés. Je pense spontanément au Powerjet XT-7 et au Phantom Striker. Ensuite sur le plan des dates, 1988 résonne en France comme l’arrivée des Chevaliers du Zodiaque. La véritable modernité était possiblement là, des armures de métal amovibles.

Aux Etats-Unis, la suite de la série Captain Power et les soldats du futur prévue en 1988 n’a pas aboutie. C’est une année qui correspond en outre-Atlantique à l’arrivée des Tortues Ninja. Je crois que le raz-de-marée d’écailles et de vinyle a tout emporté sur son passage en sacralisant parallèlement un rafraîchissement des styles, des formats et des backgrounds. L’œuvre Captain Power et les soldats du futur était ambitieuse, peut-être trop, et elle a couté certainement très cher à produire. Les jouets, particulièrement les action figures, étaient par ailleurs de facture très moyenne. Je crois que l’on peut parler d’un certain succès populaire mais pas nécessairement économique.

Je te remercie infiniment Tyler pour ta lecture et ta présence hautement appréciée 🙂

Tyler says:

Je te rejoins encore une fois sur la stimulation intellectuelle et je crois avec ferveur que les parents ont un réel devoir d’intéressement de leurs enfants trop souvent délaissés. Que ce soit des livres, ou des documentaires vidéo, il y a largement de quoi faire. Une petite pensée pour les Mystérieuses cités d’or et leurs documentaires en fin d’épisode.

Je comprends ce besoin de compulser toutes ces archives et encore plus (quand cela est possible) de les avoir en physique. Voir un original et l’étudier sous tous les angles ce n’est jamais la même chose que de le voir derrière un écran. Et effectivement, certains documents qui seraient disponibles en copies peuvent suffire, je pense souvent aux différents sheets de DA.
Recouper les auteurs et autres informations doit effectivement être stimulant et avoir son lot de surprises. Je n’aurai jamais cru que Neal Adams avait travaillé sur Captain Power !
Le nombre de disques durs et classeurs donnent le vertige mais procure aussi un sentiment d’envie (dans le sens on aimerait se plonger dedans).

Tu as probablement raison concernant le succès de Captain Power, pas la bonne année, il y avait en face quelques mastodontes, mais j’ai toujours pensé que Captain Power ne s’adressait pas forcément à un public aussi jeune que les Tortues Ninja par exemple, et encore une fois le Club Do avait tellement de téléspectateurs que ça aurait surement un peu mieux marché s’il avait été diffusé là.

Pour les jouets, je trouve que la qualité n’était pas si mauvaise, en tout cas pour moi c’était tout aussi bien que G.I.Joe qui était à la même échelle (on a pas attendu les géants du divertissement pour faire des crossover quand on était gosses). En tout cas pour le peu que j’ai eu à l’époque, j’y ai énormément joué et ils ont très bien tenu l’épreuve du temps.

Nicko says:

Ton exemple des Mystérieuses citées d’or est très pertinent Tyler. Il illustre parfaitement cette idée que l’on peut injecter de l’intelligence et de la culture partout, même au sein d’un D.A destiné aux enfants. Dans le cadre du support animé c’est même capital je dirais, car c’est une amorce accrocheuse qui va faire le lien assez naturellement avec des thèmes correspondants comme l’écosystème pour Les Mystérieuses citées d’or. S.O.S Polluards ou Capitaine Planète s’inscrivent également dans cette dimension environnementale. Par ailleurs, le dessin animé des années 80 était aussi un vecteur de messages à caractère préventif et/ou instructif. L’Inspecteur Gadget, M.A.S.K. ou les SilverHawks sont assez représentatifs. Sans compter l’aspect moral qui pouvait en découler avec une héroïsation des forces du bien face à des antagonistes maléfiques systématiquement tournés en dérision.

Ce qui me conduit à une certaine inquiétude concernant notre époque contemporaine où l’oisiveté à pris le pas sur le travail, notamment avec l’avènement des écrans et du support vidéo. Aussi j’espère que les parents trouveront un subtil équilibre pour leurs enfants entre la passivité du spectateur et l’arborescence de la lecture.

En termes d’artistes, je crois qu’Errol McCarthy fait partie de ces designers/illustrateurs, souvent en freelance, ayant travaillé pour un nombre conséquent de licences différentes. Un thème intéressant qui mériterait un traitement spécifique dans un dossier dédié.

Enfin deux remarques vis-à-vis d’idées que tu développes Tyler. Je souscris pleinement à ta piste qui suggère que le support de diffusion concernant la série live Captain Power et les soldats du futur n’a pas contribué à l’avènement de celle-ci. Il est certain que La Cinq n’avait pas l’aura de TF1 et de son Club Dorothée. Enfin, et c’est capital, notre enfance est indissociable d’heures de jeu avec des jouets provenant de gammes diverses. Tu soulignes parfaitement cette possibilité d’interactions et finalement de stimulation sur le plan de l’imaginaire. Là où peut-être de nos jours, la froideur des écrans et du dématérialisé offrent certainement plus de visions mais au détriment d’une connexion au réel qui s’en trouve lourdement impactée.

Tyler says:

Je trouve qu’il est toujours difficile de faire certains choix. Je me souviens parfaitement enfant, m’être insurgé (cela a même été un sujet d’exposé au collège) contre famille de France qui avait fait de la censure à outrance, nous privant de certains DA, au mieux de certaines scènes et au final du Club Do. Je prenais toujours en exemple le fait que j’avais vu Ken le survivant très jeune et que je n’étais pas devenu un psychopathe pour autant. Et cet acharnement sur les DA alors qu’à côté dans le jeu vidéo Lara Croft explosait du tigre (espèce protégée) sans que cela pose un quelconque problème…
Je te parle de ça car je suis tombé la dernière fois sur un épisode des cités d’or à la TV et le documentaire final montrait et parlait de sacrifices humains fait par les incas et aujourd’hui avec mon âge avancé, mon premier réflexe a été, wow c’est un peu violent pour des gosses de 7 ans. M.A.S.K, par exemple je trouvais ça hyper moralisateur aussi.
Je pense que le juste milieu est difficile à trouver, mais il est sûr que c’était un moyen d’apprendre aux enfants tout en se divertissant, et je trouve ça mieux amené que du Dora qui te martèle 100 fois la même phrase ou qu’un Franklin dont l’épisode entier n’est là que pour t’apprendre quelque chose. Dans les années 80, on avait au moins un scénario et ensuite on avait un peu de culture.
Errol McCarthy, dossier, je note XD
Pour la diffusions de Captain Power au Club Do, j’en ai parlé car je suis tombé récemment sur un programme tv des années 90, et j’ai réalisé à quel point Dorothée était présente sur TF1, je n’en voyais pas autant dans mes souvenirs. Elle était là chaque jour avec plusieurs heures d’antenne mais aussi avec des journées presque entières les mercredis et samedis ! Si notre génération est autant accroché à cette émission ce n’est pas pour rien, il était difficile de passer à côté.
Pour les crossover, même si j’essayais de rester dans la même échelle étant enfant (G.I.Joe/Captain Power, Maîtres de l’univers/Blackstar, etc) je mélangeais aussi pas mal de gammes farfelues. Ayant eu une sœur, je peux dire que si Musclor avait son battle cat, son pote avait son petit poney comme monture ! Le ring de la WWE était parfait pour faire s’affronter mes chevaliers et mes Winspector/Giraya !
Et je te rejoins sur l’imaginaire, je me rappelle très bien mon petit cousin être capable de s’amuser avec 2 bouts de bois (le gentil et le méchant) alors qu’aujourd’hui je vois mes neveux et nièces ne pas savoir quoi faire si on leur éteint la tv alors qu’ils ont une chambre remplie de jouets et autres jeux, de livres et de cartes…
Qui vivra verra.

Nicko says:

Merci Tyler pour ce message très inspirant !

Je prenais toujours en exemple le fait que j’avais vu Ken le survivant très jeune et que je n’étais pas devenu un psychopathe pour autant”. C’est amusant que tu abordes ce thème dans ton intervention car l’œuvre Hokuto no Ken est ma favorite dans la catégorie des mangas comme des animés de la période 80. J’ai toujours pensé qu’on avait cloué au pilori le dessin animé mettant en scène les aventures de Kenshiro, spécifiquement en France, avec disons-le une volonté moralisatrice tout en crachant allègrement dans la soupe qui a nourrie notre enfance et que nous avons tant apprécié. Je trouve toujours regrettable ce genre de dénigrement simpliste et cette récupération, notamment politique, consistant à désigner le mal pour n’être finalement que le bien. Il aurait été davantage préférable que certain(e)s député(e)s et/ou ministres, précisément dans les années 90, se soient occupés de l’Education Nationale et des conditions d’apprentissage plutôt que des dessins animés du Club Dorothée.

À titre personnel, je ne manquais aucun épisode de Ken le survivant durant mon enfance. J’avais 8 ans quand le DA est arrivé en France. Quelques remarques concises. D’abord je pense que des portages animés d’œuvres littéraires comme Remi sans famille ou Princesse Sarah sont beaucoup plus violents pour des enfants en bas âge, notamment à travers la capacité de projection que ces œuvres proposent. Les personnages principaux sont des enfants auxquels il est facile de s’identifier lorsqu’on on est très jeune et qui évoluent à travers des scénarii emprunts de drames familiaux dans un contexte de vie aux environnements contemporains.

Là où le DA Ken le survivant n’est qu’excès et démesures au point de rapidement comprendre, même à un jeune âge, qu’un tel univers ne peut être que fictif et caricatural. Je pense que c’est sous-estimer l’intelligence d’un enfant que d’imaginer qu’une telle œuvre animée puisse représenter un danger en termes de troubles psychologiques. Ce n’est qu’un point de vue et on pourra toujours évoquer le fait qu’au Japon l’animé Ken le survivant était diffusé le soir afin de ”préserver” la jeunesse. C’est vrai, mais je crois que c’est davantage une pratique qui doit être corrélée à des particularités culturelles plutôt qu’à une volonté stricte d’isolement. Ce n’est qu’un avis bien entendu.

Et puis reste la problématique qui consiste à définir un âge en termes d’accessibilité concernant une programmation. C’est une question complexe qui demande de la réflexion et une certaine humilité afin d’éviter l’écueil de la condamnation moralisatrice ou de l’ostracisation injustifiée.

Tu l’auras compris Tyler, j’avais envie de défendre l’œuvre Ken le survivant, notamment en ce qui concerne son dénigrement apostériori typiquement français 🙂

Tyler says:

Je ne sais pas pourquoi je ne peux pas répondre à ton dernier message, je suis obligé de le faire sur un autre. J’espère qu’il ira se placer au bon endroit.

Pour Ken le survivant, je pense qu’il y a énormément à dire, mais la première chose qui me frappe c’est qu’au Japon il y a une vraie distinction entre les différents styles de manga (shonen/shojo/seinen) et avec les animés qui les suivent. Il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges. En France, et peut-être plus généralement en Europe dans les années 80, un dessin-animé c’était pour les gosses, comme les BD c’était soit enfant soit porno, il n’y avait que peu de demi-mesure, et acheter des animés au kilo sans les regarder et balancer au Club Do, ce n’était pas forcément la chose la plus maline à faire.
Cependant, je te rejoins totalement concernant Rémi sans famille, Princesse Sarah et tant d’autres, je pense notamment à la plupart des animés dit “pour filles”, les Candy et Georgy, on y parle inceste et viol à tout va… Je trouve ça plus choquant qu’une tête qui grossie et explose.
Et oui l’éducation nationale mériterait une refonte, mais ça fait bien longtemps que j’ai perdu espoir de ce côté là.
Pour l’âge d’accessibilité à une œuvre quelle qu’elle soit c’est très difficile à décider je trouve, mais on peut quand même avoir des idées, quand je vois des jeux vidéo interdits aux moins de 18 ans et que les gosses de 8 ans y jouent ou bien que les grands-frères/sœurs et/ou parents jouent devant leur gamin de 4 ans, un peu de réflexion serait la bienvenue.

Nicko says:

Ton message est au bon endroit Tyler 🙂

Je souscris à l’intégralité de tes remarques et effectivement il faut savoir être critique avec le Club Dorothée tout en étant extrêmement reconnaissant. De manière globale, c’est en partie parce que le Club Dorothée a existé que nous nous retrouvons tous ici, qu’Animeland et Dixième Planète se sont en partie vendus, que la culture japonaise nous séduit tant en France ou qu’une passion pour les jouets vintage a pu naître.

Je crois qu’il ne faut jamais l’oublier tout en soulignant le fait que possiblement des animés étaient achetés ”au kilo” afin de remplir des cases de programmation. Je dis possiblement car je ne connais pas les modalités de l’époque concernant l’acquisition de ces œuvres.

Merci de nouveau Tyler pour tes interventions nourrissantes ! 🙂

Tyler says:

Tu as raison, je suis plus que reconnaissant envers le Club Do pour tout ce qu’il a pu nous offrir et qui a, pour ma part, contribué à faire ce que je suis aujourd’hui.
Si la France est deuxième consommatrice de manga, derrière le Japon, c’est grâce au Club Do à n’en point douter.

A l’époque tout était différent, si tu parles avec des doubleurs vf des années 80/90, il y a de quoi se demander comment de telles choses ont-elles pu arriver !
Et, à ma connaissance, oui le Club Do achetait des séries “au kilo”, en gros il donnait un prix pour x séries sans même savoir ce que c’était et ça passait.
Cela a d’ailleurs contribué à une certaine méfiance aujourd’hui dans les relations franco-japonaises lorsqu’il y a discussion sur les droits d’une œuvre.
A l’époque, tout ces dessins-animés ont été achetés une bouchée de pain, les japonais n’ayant pas pressenti une telle explosion en France, ils n’ont quasi rien touché sur les diffusions françaises, et encore moins sur les rediffusions. Ce qui les a conduit lorsque Glénat est venu négocier les droits du manga papier Dragon Ball pour la France à aborder les choses d’une toute autre façon.

Nicko says:

Merci Tyler pour toutes ces précisions très intéressantes. J’ai souvent lu que les comédiens de doublage VF à l’époque avaient volontairement édulcoré une partie des textes afin de distiller de l’humour dans la violence ou la sexualisation que certaines œuvres animées pouvaient contenir. Une méthode visant à dédramatiser un fond possiblement heurtant.

Lors d’un échange à caractère privé avec un comédien de doublage dont je ne peux diffuser publiquement le nom, celui-ci m’avait précisé, de mémoire, que certaines dérives volontaires concernant les interprétations en VF visaient à montrer l’importance du doublage en vue d’obtenir davantage de considération et de rémunération pour une activité professionnelle sous-estimée. Une information qui n’engage que son auteur et que j’espère avoir restituée avec précision.

Dido says:

Merci à tous pour vos éclairages que je trouve très intéressants.
Je rebondis sur la comparaison des packagings Hasbro, je trouve que ceux du Captain Power, avec un crayonné centré sur le visage du personnage renvoie à d’autres productions de figurines 4 pouces Mattel, “Galactica” en 1978 et “Clash of the Titans” au début des 80’s… deux échecs commerciaux pour la compagnie du jouet, hélas.
Pour en revenir aux figurines Captain Power et à la mise en compétition avec les G.I.Joe sur le marché, on peut aussi se demander si la stratégie de mise en avant ludique de Biotron et de ses commandants contre les héros de la série était la bonne : Les soldats de Biotron, omniprésents dans la série ont probablement été commercialisés trop tardivement et seulement en Asie pour des quantités confidentielles, cela n’a pas incité le “troops building ” qu’ont pu connaître les amateurs de Cobra.
Dès le début en 82, Hasbro a misé sur une ré-exploitation des moules et peu d’antagonistes (avec des décors en carton parfois) mais sur le papier, ils étaient légions… Cela pouvait encourager les enfants à acheter plusieurs exemplaires d’un même modèle d’où une meilleure rentabilité et une gamme qui s’est donné le temps de grandir progressivement. En cela Nicko, tu as raison, le plan marketing de Mattel était sans doute centré sur les jouets infrarouges coûteux qui dépendaient de l’arbitrage des parents.
Mais peut-être aussi que je me trompe et que la collection de troupiers identiques n’est arrivée que plus tard chez les collectionneurs…

Nicko says:

Merci pour tes idées aussi développées qu’intéressantes Dido 🙂

À titre personnel, je n’ai jamais pratiqué l’army building, que ce soit durant mon enfance ou bien dans mon parcours de collectionneur. Par ailleurs, je pense que même si les action figures Dread Trooper et Dread Commander avaient été mises en vente bien plus tôt, c’est à dire dès 1987 et de manière multi-territoriale, la donne n’aurait pas changé. Je crois vraiment qu’un contexte d’exposition concurrentiel et des ambitions très hautes ont eu raison de la licence Captain Power et les soldats du futur. Ce n’est qu’un avis bien entendu.

Pourtant comme cela a été mentionné précédemment, l’univers post-apocalyptique de Gary Goddard avait tout pour séduire. Il reste cependant une question subsidiaire : est-ce que le double traitement scénaristique et graphique de l’œuvre Captain Power et les soldats du futur convenait à la cible visée, en l’occurrence des enfants ? Une problématique plus délicate à appréhender qu’il n’y paraît en évitant l’écueil du simplisme.

Merci beaucoup Dido pour tes interventions qui suscitent la réflexion 🙂

Wow, quelle foule de détails, de précisions et quelle intensité des informations ! C’est tout bonnement incroyable comme dossier, Nicko !
Ton article m’évoque tout un tas de sentiments, de souvenirs et de réflexions. Par où commencer ?

Tout jeune que j’étais à l’époque de la sortie de Captain Power en France, j’ai tout de suite fait le lien avec les soldats de John Connor dans Terminator. Les scènes du film de Cameron se passant dans le futur m’avaient captivé et je trouvais incroyable le design de ces armures en plastique face à des machines inarrêtables.
Malheureusement, à 12-13 ans, quand les jouets sont sortis je n’en ai jamais achetés. Je finissais ma période G.I.Joe et j’allais entamer une courte pause (de quatre ans jusqu’à mes 17 ans) question toys. Je trouvais la série un brin kitsch, mais les jouets infrarouges, ça c’était cool, on trouvait aussi des pistolets et des cibles utilisant cette technologie à prix correct à l’époque.

Pour ce qui est des influences et du travail des différents artistes, je rejoins totalement ton analyse. Il faudrait qu’on creuse un jour le recyclage des concepts d’une gamme à l’autre. C’est assez intéressant chez Mattel notamment.

En tout cas j’ai hâte de lire la suite de tes travaux !

Nicko says:

Merci beaucoup Ju et je tiens absolument à te remercier de nouveau pour la tribune qui m’est offerte. Concernant l’idée de recyclage des concepts, j’ai déjà des travaux que j’avais réalisé il y a longtemps et mettant en lumière des liens entre Galoob/LJN/Kenner ainsi que Mattel/Hasbro, notamment en termes d’action features. J’avais abordé très sommairement le sujet dans le papier évoquant Fulminor de la licence BraveStarr. Si le temps me le permet, je mettrais mes notes en forme pour le magazine.

Excellent article Nicko !
Une série que j’affectionne beaucoup ainsi que la gamme de jouets qui n’ont malheureusement pas eu le succès qu’ils méritaient, bien trop en avance pour leur temps et surtout une série bien trop couteuse pour l’époque.
Encore bravo pour tes articles !

Nicko says:

Merci beaucoup mon Pat ! 🙂

Comme je l’ai mentionné précédemment – et je suis d’accord avec toi – je pense que la série live Captain Power et les soldats du futur a dû être extrêmement coûteuse à produire. Une certaine modernité était là, notamment à travers l’inclusion d’images synthétiques. Si on se place exclusivement dans le format de la série live, il y avait effectivement une aura avant-gardiste. Mais sur le plan de la thématique, on est finalement sur un traitement du futur déjà largement implanté au sein de la décennie 80.

Oui absolument la thématique est très ancrée dans son époque ça c’est sûr. Je parlais plutôt sur le plan de la réalisation, avec une série de SF a gros budget destinée à des enfants/ados. C’était je pense une des premières (de mémoire on était à l’équivalent d’un million de dollars l’épisode ce qui était énorme pour l’époque ! Alors que maintenant les séries TV ont plus de budget que certains films ciné ^^)

Nicko says:

Merci pour tes précisions mon Pat !

C’est surprenant, comme les articles bien fichus ne sont jamais assez longs… Car c’est toujours un plaisir de partir en voyage avec toi, a fortiori pour retrouver He-Man affrontant Lord Dread ! Et ce Soaron qui méritait l’achat, même quand la série n’attirait pas, n’aurait-il pas connu une variante, d’après tes sources ? Car je sais que les figurines ont été vendues sous boîte par Bandai, mais je ne crois pas qu’elles aient été modifiées à l’occasion…

Nicko says:

Merci infiniment Nicolas pour ta lecture et ton appréciation favorable 🙂

Si un jour j’ai la chance de collaborer avec toi, que ce soit pour une coécriture d’un livre ou bien la création d’un magazine papier, c’est ce genre de travaux que je souhaiterais mettre en avant. Et j’ai quelques productions d’avance.

Les boites Bandai Captain Power étaient propres à la distribution japonaise. À ma connaissance, les jouets sont les mêmes que ceux présents dans les conditionnements Euro et U.S. En revanche, il existe bien des variantes pour le format carte de ces derniers, notamment concernant le logo Captain Power avec deux éditions. Une première illustrant un contour argenté et une seconde avec un délimitation blanche du lettrage. Il faut également citer des bulles différentes selon les tirages. Une particularité qui sera développée dans le second dossier à venir.

KissFan says:

C’est appréciable de prendre connaissance de tous ces dessins, maquettes et autres samples … des étapes préparatoires qui par essence ne sont pas destinées au grand public … Mais avec les années, beaucoup de choses ressortent. Les passerelles évoquées sont pertinentes. Biotron avec son rapace métallisé posé sur l’épaule ou sur le bras aurait pu être le pendant négatif du Commandant Stargazer et de son Sly-bird ! Cette période mettait en images beaucoup de cyborgs comme Lazarus Slade … Mais je n’aurais pas pensé à faire une corrélation avec Blade, le bretteur du film des Maîtres de l’Univers.
Les croquis permettent vraiment de voir comment les concepteurs travaillaient… Je ne sais pas s’ils pouvaient ressentir de la frustration en travaillant sur tel ou tel concept pour le voir ensuite abandonné (King He-Man par exemple) ou s’ils raisonnaient en travail de commande, point.
Bien content en tout cas que la première tenue disco de Captain Power n’ait pas été retenue !! J’hallucine en découvrant la forme primitive de Sauron, seule la tête dépasse d’un corps qui semble hyper furtif ! On dirait qu’il s’est « ratiné » comme l’aigle allemand à la fin du clip d’animation Goodbye blue-sky de The Wall. Au final, la gamme Captain Power a bénéficié d’illustrations plus soignées que les jouets eux-mêmes qui font partie des gammes les plus cheap de Mattel comme les Guerres Secrètes précédemment.
C’est bien de la pérenniser de cette façon ! Merci Nicko pour le partage de telles informations. Elles ne représentent certainement pas la figure de proue de bien des collectionneurs, mais pour une fraction moins mainstream, c’est assurément très intéressant d’avoir accès à de tels documents conceptuels.

Nicko says:

Merci beaucoup Pascal pour ton retour favorable 🙂

Oui, j’ai bien conscience qu’une telle approche des jouets ne fera pas l’unanimité. C’est très bien ainsi et ça rejoint finalement la notion de confidentialité évoquée dans un précédent message, à l’image d’un filtre protecteur. Dans mon cas, c’est précisément la qualité des intervenants qui est garantie par une approche, je l’espère, travaillée. Lorsque je lis les remarques des lecteurs de FulguroPop, que ce soit concernant mes productions à caractère vintage où bien sous les papiers des copains, je me dis que nous avons beaucoup de chance.

Ce premier dossier Captain Power et les soldats du futur abordait des périodes conceptuelles et même pré-conceptuelles. Le second sera davantage axé sur l’étude de style, toujours selon une grille de lecture nourrie de symétries. Des noms d’artistes/illustrateurs seront bien sûr évoqués.

Je te rejoins Pascal concernant l’aspect peu qualitatif des action figures Captain Power et les soldats du futur, peut-être moins à propos des personnages articulés Marvel Guerres Secrètes. En tous cas selon le souvenir que j’en ai car c’est une gamme à laquelle je me suis peu intéressé.

Le programme vintage des prochaines semaines dans FulguroPop, si je parviens à me tenir au calendrier, sera le suivant : publication de la seconde partie du dossier Captain Power et les soldats du futur avec auparavant la diffusion d’une production évoquant les SilverHawks.

Merci de nouveau Pascal pour l’intérêt que tu portes à mes modestes travaux 🙂

Fabrice says:

Un vrai grand travail que tu as encore réalisé Nicko, bravo pour cet excellent article ! Je reste une fois de plus admiratif concernant la rédaction de ton papier et la qualité de son contenu.
En faisant un bon dans le passé, j’ai souvenir d’avoir pu jouer avec Sauron lorsque j’étais enfant. Je profitais de l’absence de mon petit frère pour le lui « emprunter » et me lancer dans des scénarios fantastiques qui me permettaient de jouer tout un après midi, quel souvenir !
Je lorgne de temps à autre sur un blister depuis nos bons vieux sites d’achat en ligne internationaux.
Peut-être un jour ☺️

Nicko says:

Merci beaucoup Fabrice pour ta lecture ainsi que ton commentaire 🙂

J’accorde beaucoup d’importance à la forme comme au fond. Aussi j’essaye de faire en sorte que les informations soient lisibles, organisées et mises en valeur par des visuels présentables. Ce n’est pas toujours facile d’obtenir un équilibre qui soit qualitatif comme quantitatif entre les textes et les illustrations. Sans compter le travail iconographique pour insérer les petits logos. Je fais du mieux que je peux en espérant procurer un tant soit peu de plaisir lors des lectures.

J’ai quelques souvenirs d’enfance liés à Sauron également. Je me rappelle avoir joué des heures avec ce personnage que j’ai eu, si ma mémoire est bonne, deux fois durant mon enfance. Une marque d’affection certaine. Par ailleurs, les blisters Mattel Captain Power et les soldats du futur restent encore très abordables aujourd’hui sur le plan tarifaire malgré une hausse des prix. Je les ai connu au milieu des années 2000 à 10/15 euros l’unité. Selon une sensibilité personnelle, une carte Captain Power et les soldats du futur est presque aussi importante à mes yeux que l’action figure qu’elle contient tant son esthétique est réussie.

Merci de nouveau Fabrice pour ta présence que j’apprécie beaucoup 🙂

KissFan says:

On a le droit de lire des passages d’un article sur une chaîne YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=zn8lOLipK3s ? 🤔 La source est bien indiquée, mais ça me laisse perplexe. La démarche est similaire pour les Rock Lords de Bandaï.

Je prends seulement connaissance de ton message avec le lien. Je suis allé voir et effectivement la source est citée – ostensiblement je le souligne – ce qui est extrêmement rare de nos jours. L’auteur ne s’est approprié ni une vision, ni une méthodologie, ni des informations. Je le remercie chaleureusement pour son honnêteté intellectuelle. En revanche, j’ai du mal à saisir véritablement la vocation de sa vidéo. Il semblerait que l’auteur (re)découvre en même temps que le spectateur la licence Captain Power et les Soldats du Futur. De ce fait, il y a peu de pertinence dans les remarques et il en ressort une méconnaissance tout de même flagrante de l’œuvre. C’est dommage, mon modeste papier compte plusieurs références conceptuelles ainsi que des ponts culturels. Avec une lecture minutieuse en amont, l’auteur aurait pu potentiellement apporter des éléments complémentaires ou contradictoires.

Je pense que le mec a trouvé intéressant ton approche et qu’il s’est dit qu’il pourrait produire du contenu à moindre frais pour sa cible aussi novice que lui.

Probablement oui. Tant que la source est ostensiblement mentionnée, et c’est bien le cas, cela ne me pose aucun souci. D’ailleurs j’ai pris le temps d’aller le remercier à travers un message.

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