Relic : angoisse générationnelle et maladies dégénératives

RELIC sort demain mercredi 7 octobre. Un trio d’actrices, trois générations : Grand-mère, mère et fille/petite-fille. Un huis-clos et l’angoisse qui monte… Cette mamie qui s’oublie : est-ce Alzheimer ou bien pire ?

Autant vous le dire tout de suite, retourner au cinéma, dans cette atmosphère covidienne et automnale, pour être plongé(e) dans l’angoisse et l’horreur, nécessite de savoir ce qu’on veut ! Car Relic, malgré un démarrage qu’on peut trouver un peu longuet, fonctionne : oui vous aurez peur ! Entre Esther et l’Exorciste, sachez rester motivé.e.s pour Relic, avant de frissonner plus joyeusement autour d’Halloween.

L’histoire ? Lorsqu’Edna (extraordinaire Robyn Nevin !), la matriarche et veuve de la famille, disparaît, sa fille Kay et sa petite-fille Sam se rendent dans la maison familiale, passablement isolée comme il se doit, pour tenter de la retrouver. Peu après le retour d’Edna, et alors que son comportement devient de plus en plus instable et troublant, les deux femmes commencent à sentir une présence insidieuse dans la maison. Edna refuse de dire où elle était, mais le sait-elle vraiment ?

Si le film commence classiquement, imperceptiblement le spectateur est plongé dans une réflexion sur la vieillesse, ce qu’on appelait autrefois la démence sénile et qu’on requalifie plus pudiquement aujourd’hui du terme politiquement correct d’Alzheimer alors qu’il existe de multiples formes de maladies dégénératives. Subtilement, le film de la réalisatrice Natalie Erika James utilise tous les registres du film d’horreur/épouvante sans jamais abuser des jump scare mais en tirant partie d’un décor à la fois oppressant et fascinant… Car la maison de la vieille dame, finalement celle du trio féminin, est un personnage à part entière… Labyrinthiques, changeants, comme dans un cerveau d’un personnage de Christopher Nolan, les murs se meuvent et interagissent de telle sorte qu’on croit flirter avec le fantastique. Magnifiques lumières et musiques pour accompagner cette descente vertigineuse (très horizontale pourtant) qui fait penser parfois aux cauchemardesques déplacements d’Alice aux Merveilles ou, plus récemment, à certaines scènes de Ghostland. Qui est Edna vraiment ? Sorcière ou vieille dingue ? Et cette maison pleine de… reliques ? Kay trouvera-t-elle la clef (key… hum…). Peur du noir, peur du placard : à chaque génération ses angoisses, phobies et frayeurs qui se répondent et s’entrechoquent.

A moins que ce ne soit déjà trop tard et que, seule Sam soit encore capable de discernement. La réalisatrice, nippo-australienne, a puisé dans l’expérience que ses pays d’origine entretiennent avec la vieillesse pour bâtir en apparence un solide thriller.

Mais l’approche finale, qu’il serait criminel de dévoiler ici,  donne finalement un tout sens à tout ce que subissent à la fois le spectateur et le trio d’actrices. Le film devient métaphore, prend tous son sens au cours d’une série de plans finals absolument terrifiants et très forts, émotionnellement parlant (bravo aux discrets sfx !). La tension se mue en attention,  le scare vire au care… Le film, de femme, est fort, magistral, troublant. Réflexion sur la vie, la mort, le lien intergénérationnel… D’Alzheimer on pense soudain aussi à d’autres pathologies graves, plus dermatologiques dirons-nous… Difficile en sortant de ne pas garder en tête cette fin remarquable, en espérant ne jamais l’oublier, la vivre, la subir…

Relic en salles ce mercredi 7 octobre.

1 comment

Merci Antoine pour cette recension très intéressante.

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