Aujourd’hui nous perdons encore une pointure de la culture populaire. L’acteur franco-britannique Michael Lonsdale est parti rejoindre les étoiles en laissant derrière lui une carrière extrêmement riche. S’il fallait évoquer Michael Lonsdale en quelques mots, je choisirais : talent, élégance et charisme.
Cet acteur/metteur en scène avait notamment la capacité de transmettre avec retenu les émotions, que ce soit à l’écran ou sur les planches. Erudit et fine lame de la littérature au sens large du terme, Michael Lonsdale c’est aussi une voix et quelle voix. Encore une fois, l’élégance est de rigueur.
Selon ma culture personnelle, Michael Lonsdale restera à l’écran la parfaite incarnation d’Hugo Drax dans le film Moonraker (1979). Dans un tout autre registre, ce sera aussi le Professeur Loriebat dans Hibernatus (1969) au côté de Louis de Funès. Une perte majeure.
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Une autre disparition d’un grand acteur. Je me souviens de lui dans Ronin.
Moonraker, Le Nom de la rose, Ronin, Des Hommes et des dieux…
Une présence incroyable servie par une diction impeccable.
Une diction effectivement exceptionnelle. A mettre en perspective avec ses origines franco-britanniques. La conjugaison de l’élégance et du flegme.
À tous ces gens de talents d’autrefois décédés depuis le début des années 2000 (et avant ) et jusqu’à présent, je n’arrive pas a trouver leurs relèves dans leurs domaines respectifs avec nos ” talents ” d’aujourd’hui… vieux grincheux ? … pas sûr …
Bon voyage Mr Lonsdale.
Je m’emploie quotidiennement Jérôme à penser contre moi-même. Je me dis que nos parents à l’époque de notre enfance avaient probablement ce ressenti concernant une forme de déclin culturel, de discontinuité des talents. Et nos grands-parents également lorsque nos parents étaient jeunes. Pour autant, et malgré cette sagesse d’appréhension, je ne peux m’empêcher de rejoindre ton constat.
Il y a certainement des choses formidables à notre époque, je n’en doute pas. Mais globalement, aujourd’hui, j’ai du mal à identifier ce qui pourrait être la continuité d’Aznavour, Nougaro, Brel, Gainsbourg, Louis de Funès, Jean Ferrat, Fernand Reynaud, Gabin, Ventura, Yves Montand, Bourvil, Claude Gensac, Jacqueline Maillan, Claude Pieplu, Boris Vian, Frédéric Dard, Jacques Martin, Raymond Devos, Paul Préboist, Michel Constantin, Bernard Blier, Coluche, France Gall, Michel Berger, Balavoine, Pierre Tchernia, Annie Girardot, Jacques François, Jean Lefebvre, Michel Serrault, Jean Carmet, Jacques Villeret, Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Philippe Noiret etc… la liste serait interminable. Le génie culturel à la française est exceptionnel. Alors je ne veux pas paraître décliniste, passéiste, vieux grincheux pour reprendre ton amusante formule. Ce n’est clairement pas mon logiciel, mon tempérament. Mais comme toi Jérôme, actuellement, je ne m’y retrouve simplement pas. A tort ou à raison, je ne sais pas.
Un lien afin d’illustrer ce que pourrait être une forme du génie à la française. Un peu d’improvisation, quelques jeux de mots, des visages inoubliables, de l’autodérision, une interaction surréaliste, du bonheur.
https://www.youtube.com/watch?v=QV1cGh7hmM4
“en principe l’auriculaire ne se rabat pas…” tu as mis le doigt sur ce qui fait du bien… et paradoxalement du mal… Serrault n’est plus là, et c’est un exemple indiscutable que tu nous proposes : il manque, il manque car personne n’a pu relever le défi, ou même égaler son niveau. Je sais que les comparaisons ne sont et ne doivent pas servir de mesures, mais c’est un fait car même après sa mort il reste un exemple… Quels seront les “artistes” d’aujourd’hui qui resteront à jamais dans nos mémoires ?
Mais peut être que tu as raison, ce sentiment de ” dégringolade ” incontrôlée dans le milieu artistique : le cinéma, la variété, la télévision, que je regrette et ce sentiment que tu partages visiblement n’est peut être que la résultante d’une évolution logique, implacable et naturelle. Et si tel était le cas, nous serions alors condamnés à subir, plutôt que d’apprécier… et ça c’est pas drôle par contre.
Bref, oui, moi aussi je suis dans une époque où je ne me retrouve pas, c’est certainement aussi une des raisons qui fait que j’achète de jolies figurines sur nos héros du passé, en plus d’un attachement qui est inutile d’expliquer entre nous …
Il y a beaucoup de sagesse dans ta réponse Jérôme, merci. J’apprécie cette forme d’humilité.
La comparaison est un outil à double-tranchant. Il pourra à la fois générer du constructif, de l’émulation, de l’inspiration, du positif mais également de la frustration, de la désillusion, de la mésestime ou encore de la démotivation. Sans compter que le produit de la comparaison peut être le jugement. En ce sens on m’a proposé à plusieurs reprises d’être jury dans le domaine de la musique. J’ai toujours refusé. Ce n’est pas ma place et je préfère être actif en amont plutôt qu’en finalité. C’est à dire préparer, aider, orienter plutôt que contrôler/comparer. Bref, je cesse de parler de ma petite personne.
Dans le cadre de notre échange Jérôme, ce qui me semble crucial, c’est le contexte. Je pense même qu’il est déterminant dans notre construction de la comparaison. On parle parfois “d’idéalisation” lorsqu’on remet en perspective notre enfance/jeunesse avec l’âge adulte (j’entends dans des conditions d’enfance raisonnables, sans souffrances/traumatismes gravissimes). Alors je me dis que possiblement, au-delà du talent bien réel des artistes cités précédemment, la temporalité à laquelle nous les avons découvert a forcément eu une incidence sur notre perception.
Et aujourd’hui, notre maturité, notre visibilité sur l’actualité, la manière de l’appréhender avec notre logiciel préétabli fait que, possiblement, notre vision, nos appréciations, sont biaisées et pas nécessairement le reflet d’une certaine objectivité. C’est en ce sens Jérôme que je m’emploie à penser contre moi-même mais je sais très bien que tu avais compris mon idée.
Je voudrais citer Chateaubriand : “La vieillesse est un naufrage”. Cette formule, tellement cruelle de réalisme, est un peu la synthèse de ton idée selon laquelle nous serions inexorablement voués à “subir” le temps passant. Je n’ai pas de réponse absolue et définitive concernant ce sentiment de déliquescence, de repères qui se dissolvent, d’absence de continuité. Une chose est certaine, c’est que nos ressentis sont identiques et que nous devenons les spectateurs d’un monde auquel nous appartenons de moins en moins. Est-ce ceci vieillir ? Je ne sais pas.
Une dernière remarque totalement subjective mais assumée. Sans blesser qui que ce soit, je trouve que les succès musicaux d’aujourd’hui sont parfois inquiétants. Certains jeunes élèves me demandent de jouer des morceaux bien précis. Lorsque je les écoute afin d’effectuer un relevé rythmique, je suis très souvent interpellé par la pauvreté des textes, l’absence de fond ainsi que les arrangements musicaux simplistes. Et parfois même on frôle la caricature, l’indigence. Je ne veux surtout pas réduire la musique actuelle à ceci, non. Mais il me semble qu’une tendance se dégage. Je deviens probablement un vieux con 😀
Il faut se battre contre soi-même dis tu, cela ressemble à une prise de recul … seul moyen pour s’auto évaluer d’une manière plus ou moins exacte. Nous sommes bien dans une forme de prise de conscience assumée qui peut à terme aboutir à une certaine sagesse. Je vais te citer une phrase que ma grand-mère de 95 ans (qui a toute sa tête et fait ses comptes toutes seule) me dit souvent : “je ne sais pas si le monde d’aujourd’hui est plus ” con ” que celui d’hier, mais ce qui est certain c’est que nous avons perdu les valeurs élémentaires” …
Nous sommes quand même bel et bien tirés vers le bas aujourd’hui, humble ou pas, c’est un fait. Subir il va nous falloir Nicko !
Oui, penser contre soi-même est un “concept” que j’ai découvert grâce à Alain Finkielkraut. Il en parle dans différents ouvrages. D’abord félicitation à ta grand-mère pour cet exemple de longévité ! J’ai un profond respect pour les anciens. Ils sont des guides, des témoins, des mines d’expériences. Et très souvent des sages. Concernant la perte de valeurs, je ne peux que souscrire pour de multiples raisons que je ne vais pas développer.
Si nous sommes tirés vers le bas Jérôme, saches qu’à mon microscopique niveau je m’emploierai toujours à faire vivre la culture du mieux possible, et à l’écrit j’insiste, afin de privilégier notre magnifique langue française. Je parlerai de musique, de jouets vintages, de cinéma, d’animés (avec bien moins de talent qu’Aurélien/Ayorsaint) toujours avec passion, dévouement et intégrité. Je resterai un bastion, une citadelle imprenable qui ne cèdera pas au culte de la technologie, à la dictature des compteurs à vues ou autres abonnements.
Cobra083, Nicko…Votre discussion est à la fois réconfortante car je me retrouve en vous sur bien des aspects ( le syndrome “vieux cons sages grincheux” ) et en même temps fort inquiétante quant au triste mais bien réel constat posé sur la société actuelle et les valeurs qu’elle véhicule…. Merci énormément à vous deux pour cet échange… C’est ça aussi, FulguroPop!!
P.S : les paroles de ta grand-mère, Cobra083, sont d’une telle clairvoyance!!!
Merci Deathmask pour ta lecture et ta présence très appréciée ! 😀
FulguroPop c’est effectivement de la Pop Culture au sens large du terme mais c’est aussi des échanges, des visions qui convergent ou bien divergent, toujours dans le respect, l’écoute et la bienveillance. Aussi toutes les sensibilités sont les bienvenues. Plus le temps passe et plus je me rends compte que nous avons de la chance vis-à-vis de la qualité des commentaires et des intervenants. Finalement ça rejoint mon ressenti concernant FulguroPop : un lieu assez préservé des tendances mainstream qui génèrent bien souvent et malheureusement des interactions pas toujours bienveillantes/intéressantes.