Ceux qui me connaissent bien savent à quel point je suis attaché aux jouets Power Lords. Ecrire pour le magazine FulguroPop m’a permis à de nombreuses reprises d’évoquer les guerriers extra-terrestres. Les 10 action figures que compte la gamme ont été conceptualisées par Wayne Barlowe, un artiste de génie.
C’est donc assez naturellement que j’ai entrepris de mieux connaître le “maître” comme j’aime l’appeler en étudiant différents travaux réalisés par ce dernier. Il existe plusieurs ouvrages signés par Wayne Barlowe, le plus célèbre étant probablement le Barlowe’s Guide to Extraterrestrials (1979) que je possède depuis longtemps déjà.
Aujourd’hui j’ai sélectionné dans ma bibliothèque un ouvrage, ou plutôt un recueil, intitulé The Alien Life of Wayne Barlowe. Je vais essayé, à travers les lignes qui vont suivre, de vous transmettre l’essence du livre et pourquoi pas vous donner envie de l’acquérir.
Si vous aimez la science-fiction au sens large du terme, les créatures surnaturelles, horrifiques, ou encore les univers fantastiques, le recueil The Alien Life of Wayne Barlowe devrait sans difficulté vous séduire. Bonne lecture à tous.
Couverture, format, édition et titre
Le livre The Alien Life of Wayne Barlowe présente une couverture souple. Le format assez grand de l’ouvrage, approximativement 30cm X 25cm, est typique des livres dont le contenu est illustratif. Ce sera bien évidement le cas concernant le recueil de Barlowe.
La première de couverture, sobre, illustre un Elytracephalid, une sublime créature à l’anatomie céphalée très tentaculaire. Le code couleur associant le rouge et le noir est particulièrement pertinent : il nous renvoient à une certaine forme d’obscurité, inquiétante, nuancée par un rouge très sanguin.
L’esthétique du titre s’inscrit dans cette idée avec le mot “Alien” marqué d’une teinte différente comme pour souligner une singularité à mettre en perspective avec la vie extra-terrestre. La typographie, originale, souligne cette dimension extérieure à la vie humaine.
Les deuxième et troisième de couverture sont blanches là où la quatrième arbore un superbe triptyque d’illustrations : Wild Seed, une femme africaine ainsi qu’un démon extrait du Guide to Hell. Cette représentation maléfique m’évoque les trafiquants d’organes et autres chasseurs de primes dans le manga Gunnm (1990). Enfin le troisième artwork est un magnifique Styracosaurus.
Par ailleurs The Alien Life of Wayne Barlowe est un ouvrage édité par Morpheus International. C’est une maison d’édition spécialisée dans le surnaturel, le fantastique et le macabre. Plusieurs livres d’H.R. Giger figurent dans la bibliothèque de Morpheus International comme le Necronomicon I et II. D’ailleurs je vous recommande absolument le recueil River of Mirrors – The Fantastic Art of Judson Huss. J’en parlerai bientôt dans le magazine.
La forme et le fond
The Alien Life of Wayne Barlowe est un ouvrage qui est au croisement entre le recueil et la biographie. En effet, au fil des 71 pages, Wayne Barlowe va commenter différents projets et illustrations qu’il a réalisé de la fin des années 70 jusqu’en 1995. C’est une occasion de voir différemment ces œuvres avec une vision/genèse à travers l’œil de l’artiste. Une dimension personnelle se dégage de certaines illustrations dont l’inspiration est parfois intimement liée à la famille du maître ou à des proches.
Inutile de dire que l’illustratif a la part belle avec tout de même des textes en quantité honorable. L’avantage des livres grand format est que certains visuels peuvent être mis en valeur via des proportions notables. L’impact visuel n’est évidemment pas le même que pour des petites dimensions. La plupart des réalisations ne vous laisseront pas indifférents.
Le livre est préfacé par Vincent Di Fate. Les fines lames de l’illustration connaissent bien ce nom. Wayne Barlowe le cite d’ailleurs dans quelques interviews sous forme d’hommage et comme source d’inspiration. Vincent Di Fate est un artiste assez avant-gardiste et spécialisé dans la science-fiction, plus précisément dans tout ce qui touche à l’extra-atmosphérique. Grandiose.
The Alien Life of Wayne Barlowe synthétise parfaitement l’impact de la culture populaire sur les créations de l’auteur. Plusieurs influences sont identifiables comme le cinéma, la mythologie, les sciences naturelles, l’histoire, la religion ou encore la littérature. On ne sort pas indemne lorsqu’on examine certaines représentations du maitre.
L’horrifique, le surnaturel, le fantastique, l’ethnique, le biologique s’entremêlent et provoquent parfois un sentiment de malaise, de rejet, comme si l’auteur avait su à travers les traits de ses illustrations capter les peurs ancestrales humaines. Les légendes et autres formes de vie “extra-humaine” sont sublimement transposées. Le réel est tout de même présent notamment à travers des travaux regroupés sous le nom Dinosaurs.
Parmi les réalisations de Wayne Barlowe que j’affectionne le plus il y a le projet Thype, assez fondateur, qui naît à la fin des années 70 et se développe jusqu’au début des années 80. Ma préférence va certainement à l’œuvre Expédition – Darwin IV – 2358, où le maitre illustre un monde extra-terrestre futuriste et sa faune. Exceptionnel.
Wayne Barlowe interprète également l’Enfer à travers différents croquis très sombres, parfois imprégnés d’une aura malsaine, dérangeante. Ce traitement encore une fois horrifique mêle assez subtilement le théologique et le fantastique. Les références sont nombreuses et, à titre personnel, je prends toujours un immense plaisir à examiner ces représentations dans les moindres détails.
De manière générale et plus conventionnellement, vous trouverez dans The Alien Life of Wayne Barlowe différentes illustrations en lien avec Star Wars, James Bond, le mythe des Sirènes ou d’Icare, Jeanne d’Arc, Alien, les Kaijus, Dune etc…
Epilogue
La partie introductive du livre The Alien Life of Wayne Barlowe commence par cette phrase du maitre : “Artists are sharers of vision”. Il se dégage plusieurs notions de cette formule. De l’humilité, du partage et possiblement l’idée qu’un artiste se met justement “à nu” en offrant une vision. Cette dimension intimiste est génétiquement liée à l’aspect biographique du livre où Wayne Barlowe ne manque pas de rendre hommage à ses parents, eux-mêmes illustrateurs talentueux.
Cette filiation du génie va, pour notre plus grand bonheur, donner naissance à des créatures et des environnements tellement lointains que peu d’hommes auraient pu les imaginer et les retranscrire. Et même si The Alien Life of Wayne Barlowe est rédigé en anglais, j’ai littéralement dévoré les textes qui apportent beaucoup d’informations à la fois techniques et personnelles sur les réalisations illustrées.
Je terminerai en disant que 1996 sera une autre date importante concernant Wayne Barlowe avec la publication de son Barlowe’s Guide to Fantasy. Cet autre guide/recueil, que je vous recommande absolument, fait partie des incontournables du maitre. Merci à tous pour vos lectures.
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