Dossier Vintage : G.I.Joe – Zandar L’Ennemi (Hasbro 1988)

 

La licence G.I.Joe est indissociable de l’univers militaire. Les années passant, cette dimension initialement traitée de manière traditionnaliste s’est étiolée, laissant place à des créations originales, atypiques. Le format 3 3/4″ des héros sans frontières contient à ce titre quelques perles sur le plan du design.

Zandar s’inscrit parfaitement dans ce processus d’évolution. Je vous propose aujourd’hui de découvrir le conditionnement hexagonal de cet expert en camouflage. Ensuite j’évoquerai l’action figure et ses particularités. Enfin je conclurai par le traditionnel épilogue. Bonne lecture à tous.

 

 

La carte Hasbro France

Zandar est un personnage qui appartient à la série d’action figures G.I.Joe commercialisées en 1986 sur le sol américain. Selon le différé de deux années que j’avais abordé dans le dossier évoquant Langue de Vipère, nous connaîtrons le maître de la furtivité en 1988 (d’où la datation dans le titre de cette production) au sein de nos magasins de jouets et autres supermarchés Hexagonaux.

Première remarque, l’artwork du front card est toujours exceptionnellement bien réalisé. J’ai souvent cité le nom d’Hector Garrido comme artiste ayant travaillé sur la gamme G.I.Joe vintage. Il est très envisageable que ce soit lui qui soit à l’origine de l’illustration représentant Zandar sur la carte.

Quelques mots concernant le format du blister : nous sommes sur un design typique des années 1987 et 1988. C’est à dire une carte “petit format” avec un opercule de type “fermé”. Comme précisé dans le dossier de Techno-Vipère notamment, les personnages commercialisés à partir de 1989 en France auront des blisters plus grands avec des opercules “crochets”. C’est une uniformisation des packagings G.I.Joe pour le marché européen qui est à l’origine de ces modifications.

 

 

La mention “L’Ennemi

Le point le plus intéressant à propos du front card réside dans la présence d’un encart personnalisé mentionnant “Zandar L’ennemi”. Cette formule incluant un nom suivi du terme “L’ennemi” est uniquement présente sur quelques conditionnements G.I.Joe français.

La carte de Destro (1987), celle de Zarana (1988) ou encore la boite de Zartan et son Swamp Skier (Caméléon 1987) constituent autant d’exemples. La mention “The Ennemy” apparaitra aussi aux Etats-Unis dès 1983 avec le blister de Destro.

La désignation “The Ennemy”, ainsi que l’absence de logo Cobra, s’expliquent par le fait suivant : Destro est un personnage qui collabore avec l’organisation terroriste en tant que fournisseur d’armes indépendant, sans en faire intrinsèquement partie. Sa filecard précise d’ailleurs qu’il travaille pour le plus offrant. Destro n’a pas d’attaches particulières, seul le profit compte.

On retrouvera également la mention “The Ennemy” sur les blisters de Zandar et Zarana aux Etats-Unis. Selon la configuration évoquée précédemment, le fratrie des “Z” travaille pour les forces Cobra en tant que mercenaires, sans en faire partie de manière définitive.

Le clan des Dreadnoks auquel Zartan, Zandar et Zarana appartiennent s’inscrit dans cette particularité. Il est par ailleurs précisé sur la carte de Zandar que ce dernier est le frère de Zartan.

 

 

Le cardback

Au dos du blister de Zandar, on retrouve tous les codes indissociables des cartes G.I.Joe vintages. D’abord le panel de miniatures évoquant les personnages commercialisés en 1988 mais également en 1987. Ensuite le traditionnel “point étoile” assure la dimension promotionnelle de manière continue.

Enfin la file card nous donne des indications concernant le profil de Zandar. Au-delà d’une syntaxe encore une fois digne d’un élève de CM2, on découvre les aptitudes du personnage. Ainsi Zandar excelle dans la discrétion et la capacité à se camoufler. Je reviendrai sur ces points précis dans quelques lignes.

Je souhaiterais, en lien direct avec la partie précédente, souligner la présence de l’inscription “L’ennemi” sur la file card de Zandar. La mention Cobra n’est pas précisée, par opposition aux personnages appartenant à cette organisation. Je vous invite à comparer avec le cardback d’Alligator. Par ailleurs, le petit artwork représentant Zandar sur la file card FR est une variante de celui présent sur les toutes premières file cards U.S.

 

 

D’un Z qui veut dire Zandar

L’action figure de Zandar est particulièrement originale. Comme évoqué dans le préambule du dossier, on s’éloigne vraiment des codes militaires conventionnels. Premier point notable, le design général, très coloré, s’inscrit dans une dimension post-apocalyptique évidente.

Zandar semble tout droit sorti d’un épisode de Ken le Survivant ou encore d’un opus de Mad Max. Au-delà de ces thématiques évidentes, notre spécialiste du camouflage suggère aussi la culture amérindienne via notamment les marquages et symboles sur sa peau. Le bandeau cerclant sa tête ainsi que les flèches et le carquois contribuent également à ce ressenti.

Toujours sur le plan du design, les pièces moulées imitant des protections cuirassées au niveau des épaules sont exactement les mêmes que celles utilisées pour Zartan et Zarana.

Zandar a été commercialisé avec deux accessoires : d’abord un carquois et ses flèches moulées à l’intérieur, que j’ai évoqué précédemment, ainsi qu’un fusil permettant de tirer celles-ci (système non fonctionnel). Ces éléments, plutôt silencieux lors de leurs utilisations, rejoignent les compétences de discrétion ainsi que de furtivité relatives à Zandar. Le couteau dans son étui moulé sur la cuisse droite est également dans la même mouvance. On regrettera cependant la présence d’une arme dans son holster au niveau du torse, en opposition totale avec les points évoqués précédemment.

Au-delà des articulations nombreuses, la jouabilité est également assurée par une action feature originale. En effet, le buste et les bras de Zandar peuvent changer de teinte via une exposition solaire ou bien une augmentation de la température. Ils deviennent bleutés. Un plastique aux propriétés thermiques a été utilisé.

Cette action feature, faisant écho à la notion de camouflage mentionnée dans la file card, est également présente sur les déclinaisons plastique de Zartan et Zarana. En dernière instance, si vous souhaitez changer les élastiques internes de ces trois personnages, il vous faudra un scalpel afin de séparer les deux parties de chaque torse. Celles-ci ont été collées en plus d’être vissées. Probablement pour des raisons liées à la thermo-sensibilité.

Epilogue

Aborder un personnage comme Zandar c’est appréhender des notions comme l’exotisme et l’atypisme. La fratrie des “Z” experte en camouflage ne manque pas de peps. La gémellité qui unie Zandar et Zarana est colorée, dans un esprit punk trash que j’apprécie particulièrement. Le Chopper Prédateur est d’ailleurs à mettre en perspective directe avec ces deux personnages.

Un quatrième “Z” fait également partie des Dreadnoks : Zanzibar. Il n’a cependant aucune filiation fraternelle avec Zartan, Zandar et Zarana. N’oublions pas aussi Zanya, la fille de Zartan. La première déclinaison plastique de cette redoutable demoiselle sera commercialisée en 2011.

Ainsi s’achève notre dossier du samedi. J’espère que vous avez pris plaisir à le parcourir. Les G.I.Joe constituent une source d’intéressement sans limites. Je vous donne rendez-vous très bientôt afin de découvrir ensemble un nouveau jouet vintage. Merci à tous pour vos lectures. Cette production est spécialement dédiée à Nico alias Dokho88 ainsi qu’à tous les amoureux des héros sans frontières.

7 comments

Top encore une fois ce dossier, Nicko. J’ai toujours aimé les Dreadnoks et la famille Z est particulièrement cool avec sa sensibilité thermique du plastique.
Je ne savais pas pour la mention L’Ennemi, sais-tu ce qu’il en est pour les Dreadnoks ?

Nicko says:

Merci Ju ! 😀

Les “Z” appartiennent aux Dreadnoks mais ils ont connu un traitement à part en termes de logos sur leurs conditionnements. Tout comme Destro, les personnages Zandar et Zarana ont une carte avec la mention “L’Ennemi” pour la France et “The Ennemy” pour les U.S. Tu retrouves un logo typique “Dreadnoks The Ennemy” aux Etats-Unis pour Ripper et Machette. Là, la faction des Dreadnoks est bien précisée.

Ces deux personnages ont eu un traitement spécial pour la France : il y a deux éditions. Un tout premier tirage de 1987 avec la mention unique “L’Ennemi” dans le même encart jaune que Destro. Puis une seconde édition, très probablement de 1988, avec le fameux logo Matamores que nous connaissons tous, devenu par ailleurs “Prédateurs” à partir de 1989 (Zanzibar ou encore Bruto par exemple).

Zartan est encore un cas à part. Commercialisé avec son véhicule Swamp Skier, la boite U.S. ne mentionne pas sur le front box les termes “Dreadnoks” ou encore “The Ennemy”. L’encart jaune a été utilisé pour annoncer l’action feature du changement de couleur. En revanche les tirages belges et Fr comportent bien la mention “L’Ennemi”, tout comme la boite anglaise Action Force d’ailleurs, avec “The Ennemy”.

Il doit y avoir des variantes encore. Un sujet technique qui souligne bien la dimension à part des Dreadnoks ou encore de Destro. Un sujet passionnant comme je les aime.

Lupo says:

Thanks pour la review.
C’est bien que tu aies rappelé cette notion “d’ennemis”, on a tendance à l’oublier. Comme tu le précises les Matamores et Destro sont plus des mercenaires, que des membres affiliés directement à Cobra. Même si on pourrait supposer une plus grande loyauté de la part de Destro de par sa proximité avec la Baroness.
Zandar est typiquement le genre de perso qui me fait préfèrer Cobra, comme on en parlait hier. Leur design plus exotique, notamment de par leurs couleurs variées. Pour les GI Joe, aussi bien personnages que véhicules, on retombait souvent dans des teintes trop militaires, vert, noir ou camo, un peu fades et trop classiques finalement. Alors que les Cobra étaient beaucoup moins tristes, on avait du bleu, du rouge, du violet, ça a un certain charme. Il est génial ce Zandar, un rouquin, avec du bleu et du rose :p
Sinon j’pensais à un truc, j’vois que tu utilises les termes VO, comme Dreadnoks, moi j’ai encore cette habitude d’utiliser les noms traduits du dessin animé, mais entre les deux, t’as les noms Québécois… Faudrait que t’en parles un jour, c’est souvent traduit un peu trop littéralement :p (ils font ça aussi avec les titres de film), et ça peut donner des noms assez marrants, ou même le parallèle avec les traductions françaises peut être intéressant.

Salut Lupo. Je plussoie à ta suggestion et je me dis que ce serait sympa aussi pour d’autres sujets, mais les Joe vintages ce serait déjà bien.

Nicko says:

Merci Lupo pour ton message ! 🙂

Oui, les forces Cobra offrent des créations originales avec une accentuation du processus au fil des années durant la période 80. Je n’évoque pas les moutures à partir de 90 en France. Hormis quelques perles, cela devient un peu trop excessif pour moi.

Dans les années 80, la mécanique manichéenne qui consistait à produire globalement des “héros” plutôt esthétique et des “antagonistes maléfiques” mutilés ou effrayants, donc avec du relief, se transposait dans de nombreux autres domaines : cinématographique, dessin animés, comics etc… Ca a toujours été plus ou moins le cas d’ailleurs mais de grandes nuances se sont ajoutées au fil des décennies, avec de nombreux contre-exemples fort heureusement. C’est un autre sujet.

Je dirais que ce réflexe avec des esthétiques bien codifiées fait référence à l’histoire de l’humanité. La théologie est un ancrage fort, avec le serpent qui incarne le mal, la tentation. Plusieurs représentations de forces maléfiques effrayantes sont d’ailleurs existantes, notamment chez les musulmans, avec les fameux djinns. Ensuite il faut évoquer un autre point de départ : la mythologie. Les créatures hybrides sont légions et c’est une source historique cruciale (Egypte, Rome etc…). Un vaste sujet que je résume volontairement à ces deux grandes lignes.

Je gage Lupo que tu étais un lecteur assidu de ToyzMag. J’avais déjà évoqué le cas des traductions canadiennes, notamment à travers la gamme des Maîtres de l’Univers et Hordak. Les translations concernant les personnages de la Horde Sauvage sont savoureuses. Greg ayant ouvert les archives au public, je t’invite à aller lire le dossier Hordak/Clanek. Il me semble, de mémoire et pour en revenir aux G.I.Joe, que Bruto avait été renommé “Salopard” pour le Canada. A confirmer.

Mais oui les traductions canadiennes est un sujet possible, parmi tout ceux existants. J’y viendrai certainement mais pas dans une volonté de synthèse référentielle, comme ça à la volée. Il faut qu’il y ait un ou plusieurs jouets illustrés avec des analyses les concernant. Je garde ta proposition sous le coude 🙂

Merci encore à toi ! 😀

Benjamin says:

Encore un très bel article, riche en détails, joliment illustré et très plaisant à lire.
Bravo monsieur Nicko.

J’ai bien aimé ce passage : “Au-delà d’une syntaxe encore une fois digne d’un élève de CM2”
héhé 🙂

Quant au fait que la teinte du buste et des bras pouvait changer, je ne savais pas du tout. Et c’est ce genre de détail qui est vraiment sympa de nous faire partager.

Dernier point :
Dans le 1er paragraphe, petite faute : s’est étiolée (au lieu de c’est étiolée)

Encore une fois un grand bravo pour cet article !

Nicko says:

Merci Benjamin, c’est un plaisir de te lire enfin dans le magazine ! 😀

Oui, Hasbro France a recruté ses traducteurs dans les années 80 directement au sein d’une école primaire lol Et encore, CM2 c’est peut être viser un peu haut et insultant pour les élèves de cours moyens cycle 2.

Selon ma petite marque de fabrique, j’évoque toujours les particularités fondamentales d’un jouet ainsi que les spécificités des packagings que j’aborde. Puis il y a la partie analytique, avec des symétries et des ponts culturels. Il y a toujours quelque chose à appréhender. Je ne dis pas à “découvrir” car ce serait très prétentieux. J’ai tout à faire et tout à apprendre. C’est très bien ainsi.

Merci pour la faute ! C’est rectifié. Je suis décidément un très mauvais élève sur le plan orthographique :s

Merci encore pour ta lecture et ton retour très encourageant ! 😀

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