A première vue : Al Taliaferro, l’autre père de Donald Duck

Quand on pense aux aventures de la famille Duck, on se tourne invariablement vers des artistes immenses comme Carl Barks ou Don Rosa. Pourtant, il est un dessinateur auquel Donald doit ses premiers pas sur papier journal. Un dessinateur au style inimitable d’une simplicité et d’une naïveté toujours efficaces.

Il s’agit d’Al Taliaferro.

Un artiste Disney

Engagé en 1931 initialement en tant qu’animateur par les Walt Disney Studios, il rejoint le département des comics, c’est-à-dire, à l’époque, les comics Mickey Mouse. Il y travaille comme encreur. En 1932, Disney lance une adaptation en bande-dessinée des dessins-animés Silly Symphony. Les histoires sont publiées sous la forme de strips dans le journal du dimanche. D’abord encreur, Taliaferro devient le dessinateur en titre en 1933. Il met en image les histoires écrites par Ted Osborne. Certaines de ces histoires adaptent littéralement des épisodes de Silly Symphony. Talafierro et Osborne transcrivent admirablement le grand méchant loup et les trois petits cochons dans leurs strips. A tel point qu’ils écrivent et dessinent plusieurs histoires et que les aventures de ce quatuor classique perdurent plusieurs années, même sous la plume d’autres artistes.

Une petite poule avisée

Mais c’est en 1934 qu’un déclic se produit avec l’adaptation de The Wise Little Hen, Une Petite poule avisée en VF, la première histoire de Donald Duck. Le canard y fait montre de certains de ses défauts caractéristiques. En effet, fainéant et égoïste, il est justement puni pour avoir refusé d’aider une veuve et ses poussins à récolter leur maïs.

 

L’adaptation de ce dessin-animé est publiée dans les journaux entre le 16 septembre et le 16 décembre 1934. Taliaferro devient le premier artiste à avoir dessiné Donald Duck en BD.

Entre 1936 et 1937, les gags hebdomadaires de Donald Duck réjouissent les lecteurs des Silly Symphony. A l’automne 1937, Taliaferro et Osborne créent trois nouveaux personnages : les neveux Riri, Fifi et Loulou.

L’idée d’un comic strip consacré uniquement à Donald Duck germe dans l’esprit de Taliaferro, mais Roy Disney n’est pas très chaud et si Walt Disney donne le feu vert, les premiers gags préparés par Taliaferro sont rejetés par l’éditeur King Features (qui propose en syndication à différents journaux les comics Disney) incitant Disney à adjoindre un vrai scénariste au talentueux dessinateur. Après un test non concluant avec Merril De Marris, c’est Homer Brightman qui parvient à faire décoller les comics Donald Duck qui sont publiés pour la première fois en février 1938 en format quotidien. Brightman retourne à ses premières amours cinématographiques et est vite remplacé par le génial Bob Karp.

A la différence des comics Mickey Mouse qui présentaient des aventures de la souris, les strips de Donald conservent leur format de gag quotidien. Ils se distinguent également par l’absence ou presque de dialogue.

 

La famille Duck s’étend rapidement avec le chien Bolivar, puis le cousin Gus et Daisy Duck. Ce personnage est une reprise de celui créé par Carl Barks pour un dessin-animé en 1940. Il faut attendre 1943 pour voir arriver Grand-Mère Duck et plus tard encore pour que des personnages bien établis comme l’oncle Picsou (1951, alors que le personnage avait été créé par Barks en 1947) et Donald Dingue (1961) rejoignent le format court des BD de Taliaferro et Karp.

Parmi les apports essentiels de Taliaferro et Karp on peut citer la voiture de Donald, créée en 1938 et que le personnage conserve encore dans la plupart de ses apparitions en BD. L’odyssée éditoriale de Taliaferro dura jusqu’en 1967 et il mourut en 1969.

La nostalgie puissance 1000

Régulièrement publiées dans le Journal de Mickey pendant des décennies, ces bandes dessinées tranchent avec les intrigues complexes de Carl Barks, des auteurs italiens et finalement de Don Rosa.

Proches dans l’esprit des gags à la Pim Pam Poum, ses strips de Donald ont un côté désuet (même quand nous étions enfants) et un fort pouvoir de suggestion nostalgique.

Malgré les innombrables et incroyables aventures créées par Barks et Rosa, les comic strips d’Al Taliaferro me touchent plus et me replongent instantanément en enfance.

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