A première vue est une nouvelle rubrique qui explore les personnages secondaires ou méconnus des films ou de livres, mais qui contribuent à façonner la culture populaire. On inaugure cette rubrique avec un personnage de la trilogie Le Parrain réalisée par Francis Ford Coppola. Al Neri est un gangster de la famille Corleone qui apparaît également dans le roman de Mario Puzo adapté par Coppola au cinéma. Il fait partie des rares personnages à figurer dans les trois films sous les traits du même acteur : Richard Bright.
Un flic dans la mafia
Ancien policier viré pour avoir tué des dealers, Al Neri est devenu un proche de Michael Corleone. Il apparaît assez tardivement dans le premier film, au retour de Michael de son exil sicilien. A partir de ce moment, il devient son garde du corps. Neri parle peu (en tout cas, à l’écran). Son personnage n’a aucune ligne de dialogue dans le premier film et guère plus dans ses suites même si dans Le Parrain III il devient plus loquace.
Neri joue un rôle déterminant dans le plan de vengeance de Michael Corleone. En effet, il est chargé d’exécuter le grand rival de la famille, Don Barzini. Dans la scène culte du baptême, il revêt son ancien uniforme de policier et abat le gangster et son escorte sur les marches d’un tribunal.
A la fin du film, c’est lui qui ferme les portes du bureau du Don quand Michael reçoit les hommages de ses nouveaux caporegimes.
Dans le deuxième film, Neri monte en grade. Le diagramme de l’organisation Corleone présenté lors de l’audition sénatoriale montre qu’il est lui-même devenu caporegime.
Al Neri, un homme de confiance
Homme de confiance de Michael, il lui incombe d’exécuter le propre frère du Don, Fredo Corleone. On voit bien l’importance prise par cet homme de l’ombre qui commet les meurtres les plus lourds de sens pour l’organisation Corleone. De Barzini à l’archevêque Gilday en passant par Fredo ou encore la prostituée qui permettra de compromettre le sénateur Geary, il se trouve au cœur des plus grands secrets de Michael Corleone.
On ne s’étonne donc pas de le voir dans le troisième film, mélange de garde du corps et d’Underboss, fidèle parmi les fidèles, dernier vestige du passé tumultueux de la famille Corleone. Ainsi, on peut supposer que si c’est à Pete Clemenza (et non à Neri) qu’a échu la responsabilité d’éliminer Carlo Rizzi (le mari de Connie Corleone), c’est probablement parce qu’il était le parrain de Sonny que Rizzi avait livré aux hommes de Tataglia et Barzini. Autrement, Neri aurait probablement été à la gachette.
Dans le roman, Al Neri se voit attribuer un autre assassinat. En effet, c’est lui qui est censé avoir tué Moe Greene. Dans le film, compte tenu de l’unité de temps du plan de Michael il est impossible à Neri d’être présent à New York et sur la côte ouest au même moment.
Al Neri est devenu, en trois films et quelques décennies au service de Michael Corleone, le dépositaire des secrets du Don et l’exécuteur de ses basses œuvres y compris celles qui relèvent de ses décisions les plus intimes. Et les plus lourdes de conséquences.
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