Icone de la pop culture hérité d’une histoire millénaire, la licorne a connu un come back étonnant depuis 15 ans. Une exposition lui est dédiée au Musée national du Moyen âge situé dans l’ancien hôtel des abbés de Cluny à Paris.

Alors que les expositions de Cluny sortent généralement peu du contexte scientifique et historique pur, celle consacrée aux Magiques licornes (et que nous vous avions recommandé l’été dernier) s’offre une immersion dans le monde actuel avec une remarquable présentation de l’évolution de la créature, de sa portée symbolique et de son appropriation populaire.

Cette exposition semble partir d’un des chefs d’œuvre conservés au musée du Moyen âge : l’ensemble de six tapisseries formant ce qu’on appelle La Dame à la licorne.

“Le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe et la vue… Ces six tapisseries, tissées autour de 1500, représentent les cinq sens sur un fond rouge habité d’une nature foisonnante.

Reste le sixième sens, commenté par l’inscription « À mon seul désir », qui a inspiré de nombreuses hypothèses. Sans exclure une signification dans le registre de l’amour courtois, il pourrait désigner le libre-arbitre : la femme à la coiffe apprêtée et aux vêtements recherchés renonce aux plaisirs temporels.

Ces tapisseries « millefleurs » se caractérisent par une flore abondante: fleurs, orangers, pins, houx ou chênes et sont peuplées d’un bestiaire paisible (singe, chiens, lapins, héron). Dans cette nature paradisiaque qui invite à la contemplation, la licorne est tantôt actrice et tantôt simple spectatrice. Accompagnée d’un lion, elle porte sur chaque scène les armoiries de la famille Le Viste.

La tenture de la Dame à la licorne a été acquise en 1882. Elle est aujourd’hui considérée comme l’un des grands chefs d’œuvre de l’art occidental.”

La visite relativement courte s’articule en deux temps autour des représentations médiévales et de l’étonnante résurgence actuelle du thème.

Les représentations médiévales sont pour le coup tardives alors même que les descriptions de licornes peuvent, en Asie, remonter à plusieurs millénaires avant notre ère. En effet, il s’agit ici d’œuvres créées autour de 1500. Les cartels de l’expo nous apprennent que l’engouement pour la licorne se développe, en France, mais aussi dans le monde germanique et en Italie, à cette époque. La licorne revêt plusieurs interprétations au niveau symbolique dans le monde chrétien de l’époque : elle figure souvent le Christ, mais elle est également associée à des vertus comme la tempérance. Ses qualités (rapidité, caractère exceptionnel) l’ont également conduite sur des armoiries…

 

Outre de magnifiques ouvrages, l’exposition présente également une défense de narval. Ce sont les restes de ce mammifère marin qui ont alimenté la légende médiévale. La taille de la dent d’un narval pouvant avoisiner les deux mètres de long, on a cependant du mal à imaginer quelle taille devrait avoir la licorne qui le porterait au milieu du front.

Informations pratiques

Musée de Cluny, Musée national du Moyen Âge
Entrée du musée par le 28 rue du Sommerard, 75005 Paris
Plein tarif : 5 € / tarif réduit : 3 €
En période d’exposition temporaire : + 4 €
Gratuit pour les moins de 18 ans, les moins de 26 ans (membres de l’UE). Gratuit pour tous les premiers dimanches du mois.